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Imitation de Pétrarque.

Si ce n'est pas l'amour, quel feu bride en mes veines ?
Ou quel est cet amour dont je me sens saisir ?
Si c'est un bien, pourquoi cause-t-il tant de peines ?
Si c'est un mal, pourquoi fait-il tant de plaisir ?

Librement dans mon cœur si j'en nourris la flamme,
Pourquoi gémir toujours et toujours soupirer ?
Mais, plus puissant que moi s'il asservit mon âme,
Hélas ! que me sert de pleurer ?

Ô mort pleine de vie ! ô mal plein de délices !
Auriez-vous, malgré moi, sur moi tant de pouvoir ?
Ou, si c'est de mon gré, puis-je en mon désespoir
Vous accuser sans injustice ?

Sans gouvernail sur les flots mutinés,
Chargé d'erreur, léger d'expérience,
Dans un fragile esquif j'affronte l'inclémence
Des Aquilons contre moi déchaînés.

Naufrage ! en vain tu me menaces :
Sais-je ce que je crains ? sais-je ce que je veux ?
L'été me voit trembler au milieu de ses feux ;
L'hiver me voit brûler au milieu de ses glaces.

Écrit en 1785.
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