Si ce n'est pas l'amour, quel feu bride en mes veines ? Ou quel est cet amour dont je me sens saisir ? Si c'est un bien, pourquoi cause-t-il tant de peines ? Si c'est un mal, pourquoi fait-il tant de plaisir ?
Librement dans mon cœur si j'en nourris la flamme, Pourquoi gémir toujours et toujours soupirer ? Mais, plus puissant que moi s'il asservit mon âme, Hélas ! que me sert de pleurer ?
Ô mort pleine de vie ! ô mal plein de délices ! Auriez-vous, malgré moi, sur moi tant de pouvoir ? Ou, si c'est de mon gré, puis-je en mon désespoir Vous accuser sans injustice ?
Sans gouvernail sur les flots mutinés, Chargé d'erreur, léger d'expérience, Dans un fragile esquif j'affronte l'inclémence Des Aquilons contre moi déchaînés.
Naufrage ! en vain tu me menaces : Sais-je ce que je crains ? sais-je ce que je veux ? L'été me voit trembler au milieu de ses feux ; L'hiver me voit brûler au milieu de ses glaces.