Le voisinage d'un clocher Est un assez sot voisinage. Soit dit sans le leur reprocher, Les cloches ont certain langage Dont on se fatigue aisément : Langage à vous rompre la tête, Langage à tout événement, Langage en vogue également, Un jour de deuil, un jour de fête, De baptême ou d'enterrement. Ainsi maints hommes de génie Que le bon Dieu fit tout exprès Pour ennuyer leur compagnie, À tout propos, sur tous sujets, À pérorer sont toujours prêts. Mais ces gens-là n'ont pas l'excuse Que la cloche peut opposer À tout mécontent qui l'accuse De rarement se reposer.
« Par trop si je me fais entendre, Ami, dans sa mauvaise humeur, Est-ce à moi que l'on doit s'en prendre Qu'on s'en prenne au carillonneur ! »
Exposés au même reproche, Que de médisants, aujourd'hui, Ne sont pourtant, comme la cloche, Qu'un instrument mû par autrui !