Tandis que sa main droite achevait un tableau, Certain professeur en peinture Gourmandait sa main gauche, et disait : « La nature T'a fait là, pauvre peintre ! un assez sot cadeau. Jamais une esquisse, une ébauche, Un simple trait peut-il sortir de ta main gauche ? Sait-elle tenir un pinceau ? Non, pas même un crayon ! Cependant, maladroite, N'as-tu pas cinq doigts bien comptés ? Pour faire en tout mes volontés, Qu'as-tu de moins que ma main droite ? - Beaucoup, monsieur, » répond pour le membre accusé L'un des cinq doigts ; le petit doigt, sans doute ; Doigt très instruit, doigt très rusé, Doigt qui sait ce qu'il dit comme tel qui l'écoute. « La main gauche à la droite est semblable en tous points, Dans l'état de nature ou l'état d'ignorance, Car c'est tout un ; mais quelle différence Entre ces sœurs bientôt s'établit par vos soins, Vers la droite en tout temps portés de préférence ! La main droite est toujours en opération ; La main gauche en repos : voilà toute l'affaire. On ne peut devenir habile, à ne rien faire. Au seul défaut d'instruction Attribuez, monsieur, l'impuissance où nous sommes. Croyez-vous l'éducation Moins nécessaire aux mains qu'aux hommes ? »