Tant que vous marcherez sous le soleil des plaines, Par les mauvais chemins poussant les lourds canons, Ô frères, dont les rois ne savent pas les noms, Et qui ne savez rien de leurs subtiles haines ;
Tant qu'au hasard frappés par les armes lointaines Ou parmi la mêlée aveugle et sans pardons, Vous mourrez dans l'horreur de tous les abandons, Altérés et rêvant aux natales fontaines ;
Nous lutterons aussi, nous qui sommes restés ; Nous n'achèterons plus de lâches voluptés, Ô fils des paysans vainement économes !
Mais nous travaillerons, tourmentés du remords D'avoir payé le sang des autres jeunes hommes, Et peut-être aurons-nous nos blessés et nos morts.