Le soldat frappé tombe en poussant de grands cris ; On l'emporte ; le baume assainit la blessure, Elle se ferme un jour ; il marche, il se rassure, Et, par un beau soleil, il croit ses maux guéris.
Mais, au premier retour d'un ciel humide et gris, De l'ancienne douleur il ressent la morsure ; Alors la guérison ne lui paraît pas sûre, Le souvenir du fer gît dans ses flancs meurtris.
Ainsi, selon le temps qu'il fait dans ma pensée, À la place où mon âme autrefois fut blessée Il est un renouveau d'angoisses que je crains ;
Une larme, un chant triste, un seul mot dans un livre, Nuage au ciel limpide où je me plais à vivre, Me fait sentir au cœur la dent des vieux chagrins.