Il fait grand vent, le ciel roule de grosses voix, Des géants de vapeur y semblent se poursuivre, Les feuilles mortes fuient avec un bruit de cuivre, On ne sait quel troupeau hurle à travers les bois
Et je ferme les yeux et j'écoute. Or je crois Ouïr l'âpre combat qui nuit et jour, se livre : Cris de ceux qu'on enchaîne et de ceux qu'on délivre, Rumeur de liberté, son du bronze des rois...
Mais je laisse aujourd'hui le grand vent de l'histoire Secouer l'écheveau confus de ma mémoire Sans qu'il éveille en moi des regrets ni des vœux,
Comme je laisse errer cette vaine tempête Qui passe furieuse en flagellant ma tête Et ne peut, rien sur moi qu'agiter mes cheveux.