J'ai mon sérail comme un prince d'Asie, Riche en beautés pour un immense amour ; Je leur souris selon ma fantaisie : J'aime éternellement la dernière choisie, Et je les choisis tour à tour.
Ce ne sont pas ces esclaves traîtresses Que l'Orient berce dans la langueur ; Ce ne sont pas de vénales maîtresses : C'est un vierge harem d'amantes sans caresses, Car mon harem est dans mon cœur.
N'y cherchez point les boîtes parfumées, Ni la guitare aux soupirs frémissants ; Chants et parfums ne sont qu'air et fumées : C'est ma jeunesse même, ô douces bien-aimées, Que je vous brûle pour encens !
Les gardiens noirs que le soupçon dévore Selon mes vœux ne vous cacheraient pas ; Ma jalousie est plus farouche encore : Elle est toute en mon âme, et le vent même ignore Les noms que je lui dis tout bas.