Toutes les femmes sont des fêtes,
Toutes les femmes sont parfaites,
Et dignes d'adoration,
Sous les fichus ou sous les mantes
Toutes les femmes sont charmantes,
Oui, toutes, sans exception ;
Toutes les femmes sont des Belles
Sous les chapeaux ou les ombrelles
Et sous le petit bonnet blanc ;
Toutes les femmes sont savantes,
Les princesses et les servantes,
Les ignorantes... font semblant ;
Toutes les femmes sont des reines :
Impératrices souveraines
Et grisettes de magasin,
Et premières communiantes,
Avant comme après si liantes
Avec les lèvres du cousin ;
Toutes les femmes sont honnêtes,
Le cœur loyal et les mains nettes,
En sabots, ou sur les patins ;
Adorables prostituées,
Nous mériterions vos huées :
C'est nous qui sommes les... pantins.
Toutes les femmes sont des saintes,
Surtout celles qui sont enceintes
Tous les neuf mois sans perdre un jour,
Et qui de janvier à décembre
Se pâment la nuit dans leur chambre
Par la volonté de l'Amour.
Toutes, toutes, sont bienheureuses
D'élargir leurs grottes ombreuses
D'où l'amour a fichu la peur
Par la fenêtre... déchirée.
« Et la fille déshonorée ? »
Rit dans sa barbe... de sa peur.
Plus fines que nous et meilleures,
Elles nous sont supérieures...
Chaque français, dans tous les cas,
S'il les aborde se découvre
Et c'est le plus grand, dans le Louvre,
Qui sait saluer... le plus bas.
Belle, parfaite, reine, sainte,
Honnête si ce n'est enceinte,
Tout cela s'applique fort bien
À la femme que tu veux être...
Mais... si l'on pouvait Vous connaître,
Ah !... quant à moi... je ne sais rien...
Devant Vous je songe, immobile,
Tel, droit, sur son cheval Kabyle,
Bonaparte, au regard de lynx,
Sans suite, seul, un grand quart d'heure,
Au soleil des sables, demeure
Fixe et rêveur, devant le Sphinx !