Sur des livres où rien n'était écrit encore, Quatre hommes méditaient quand mourut l'homme-Dieu ; Tournés au nord, au sud, au couchant, à l'aurore, Ces hommes se nommaient Luc, Jean, Marc et Matthieu. Pendant que sur leur noir registre Tombait l'ombre du mont sinistre, Et qu'ils rêvaient, battus des vents, On vit, sur la croix qui nous navre ; Les clous de l'immense cadavre Grandir et devenir vivants.
Le premier clou devint un aigle à forme étrange, Le second fut un boeuf, le troisième un lion, Le quatrième prit la figure d'un ange Ayant l'éclair pour aile et pour oeil le rayon ; Puis, s'envolant du haut calvaire, Ils quittèrent l'arbre sévère, Ils quittèrent l'affreux chevet, Et chacun, dans l'ombre où nous sommes, À l'oreille de ces quatre hommes Vint raconter ce qu'il savait.