Ô noirs événements, vous fuyez dans la nuit ! L'empereur mort tomba sur l'empire détruit. Napoléon alla s'endormir sous le saule. Et les peuples alors, de l'un à l'autre pôle, Oubliant le tyran, s'éprirent du héros. Les poètes, marquant au front les rois bourreaux, Consolèrent, pensifs, cette gloire abattue. À la colonne veuve on rendit sa statue. Quand on levait les yeux, on le voyait debout Au-dessus de Paris, serein, dominant tout, Seul, le jour dans l'azur et la nuit dans les astres. Panthéons, on grava son nom sur vos pilastres ! On ne regarda plus qu'un seul côté des temps, On ne se souvint plus que des jours éclatants Cet homme étrange avait comme enivré l'histoire La justice à l'œil froid disparut sous sa gloire ; On ne vit plus qu'Eylau, Ulm, Arcole, Austerlitz ; Comme dans les tombeaux des romains abolis, On se mit à fouiller dans ces grandes années Et vous applaudissiez, nations inclinées, Chaque fois qu'on tirait de ce sol souverain Ou le consul de marbre ou l'empereur d'airain !