Ne vous croyez ni grand, ni petit ! Contemplez. Asseyez-vous le soir sous les cieux étoilés, Sur le penchant d'un mont, près de la mer profonde. Voyez s'évanouir les écumes sur l'onde ;
Voyez sortir des flots les constellations ; Regardez trembler l'algue et fuir les alcyons ; Écoutez les bruits sourds qu'on entend dans cette ombre ; De vos ans écoulés rappelez-vous le nombre ;
Laissez votre âme, en deuil de la fuite des jours, Se fondre au souvenir de vos jeunes amours ; Pleurez, tandis que l'eau murmure sur la grève ; Et puis, songez à Dieu, qui regarde et qui rêve,
Toujours clément, toujours penché, toujours veillant, À Dieu qui du même oeil égal et bienveillant Voit la comète ouvrant sa flamboyante queue, Et l'humble oiseau perdu dans l'immensité bleue.