Ô poète ! pourquoi tes stances favorites Marchent-elles toujours cueillant des marguerites, Toujours des liserons et toujours des bleuets, Et vont-elles s'asseoir au fond des bois muets Laissant sur leurs pieds nus, lavés par les eaux pures, Ruisseler les cressons comme des chevelures ? Pourquoi toujours les champs et jamais les jardins ? D'où te viennent, rêveur, ces étranges dédains ? **** des buis rehaussant le sable des allées, **** du riant parterre aux touffes étoilées, Bordé d'oeillets en foule empressés à s'ouvrir, Pourquoi fuir, et pourquoi ne pas faire fleurir Dans tes vers, où sourit l'heureux printemps qui t'aime, Le blanc camélia, le jaune chrysanthème ?
Et le poète dit : « Nous y viendrons un jour. Versez dans vos jardins plus de joie et d'amour. La rêverie a peur des portes et des grilles. La Liberté, parmi les socs et les faucilles, Chante dans les prés-verts et rit sous le ciel bleu. L'homme fait le jardin, les champs sont faits par Dieu. »