Que t'importe, mon cœur, ces naissances des rois, Ces victoires, qui font éclater à la fois Cloches et canons en volées, Et louer le Seigneur en pompeux appareil, Et la nuit, dans le ciel des villes en éveil, Monter des gerbes étoilées ?
Porte ailleurs ton regard sur Dieu seul arrêté ! Rien ici-bas qui n'ait en soi sa vanité : La gloire fuit à tire-d'aile ; Couronnes, mitres d'or, brillent, mais durent peu ; Elles ne valent pas le brin d'herbe que Dieu Fait pour le nid de l'hirondelle !
Hélas ! plus de grandeur contient plus de néant ! La bombe atteint plutôt l'obélisque géant Que la tourelle des colombes. C'est toujours par la mort que Dieu s'unit aux rois ; Leur couronne dorée a pour faîte sa croix, Son temple est pavé de leurs tombes.
Quoi ! hauteur de nos tours, splendeur de nos palais, Napoléon, César, Mahomet, Périclès, Rien qui ne tombe et ne s'efface ! Mystérieux abîme où l'esprit se confond ! A quelques pieds sous terre un silence profond, Et tant de bruit à la surface !