Un jour au mont Atlas les collines jalouses Dirent : Vois nos prés verts, vois nos fraîches pelouses Où vient la jeune fille, errante en liberté, Chanter, rire, et rêver après qu'elle a chanté ; Nos pieds que l'océan baise en grondant à peine, Le sauvage océan ! notre tête sereine, A qui l'été de flamme et la rosée en pleurs Font tant épanouir de couronnes de fleurs !
Mais toi, géant ! d'où vient que sur ta tête chauve Planent incessamment des aigles à l'oeil fauve ? Qui donc, comme une branche où l'oiseau fait son nid, Courbe ta large épaule et ton dos de granit ? Pourquoi dans tes flancs noirs tant d'abîmes pleins d'ombre ? Quel orage éternel te bat d'un éclair sombre ? Qui t'a mis tant de neige et de rides au front ? Et ce front, où jamais printemps ne souriront, Qui donc le courbe ainsi ? quelle sueur l'inonde ?
Atlas leur répondit : C'est que je porte un monde.