Connaissez-vous la blanche tombe Où flotte avec un son plaintif L'ombre d'un if ? Sur l'if, une pâle colombe, Triste et seule, au soleil couchant, Chante son chant.
Un air maladivement tendre, A la fois charmant et fatal, Qui vous fait mal, Et qu'on voudrait toujours entendre, Un air, comme en soupire aux cieux L'ange amoureux.
On dirait que l'âme éveillée Pleure sous terre à l'unisson De la chanson, Et du malheur d'être oubliée Se plaint dans un roucoulement Bien doucement.
Sur les ailes de la musique On sent lentement revenir Un souvenir ; Une ombre de forme angélique Passe dans un rayon tremblant, En voile blanc.
Les belles-de-nuit, demi-closes, Jettent leur parfum faible et doux Autour de vous, Et le fantôme aux molles poses Murmure en vous tendant les bras : Tu reviendras ?
Oh ! jamais plus, près de la tombe Je n'irai, quand descend le soir Au manteau noir, Ecouter la pâle colombe Chanter sur la branche de l'if Son chant plaintif !