Ce n'était, l'an passé, qu'une enfant blanche et blonde Dont l'œil bleu, transparent et calme comme l'onde Du lac qui réfléchit le ciel riant d'été, N'exprimait que bonheur et naïve gaîté.
Que j'aimais dans le parc la voir sur la pelouse Parmi ses jeunes sœurs courir, voler, jalouse D'arriver la première ! Avec grâce les vents Berçaient de ses cheveux les longs anneaux mouvants ; Son écharpe d'azur se jouait autour d'elle Par la course agitée, et, souvent infidèle, Trahissait une épaule au contour gracieux, Un sein déjà gonflé, trésor mystérieux, Un col éblouissant de fraîcheur, dont l'albâtre Sous la peau laisse voir une veine bleuâtre. - Dans son petit jardin que j'aimais à la voir À grand'peine portant un léger arrosoir, Distribuer en pluie, à ses fleurs desséchées Par la chaleur du jour, et vers le sol penchées, Une eau douce et limpide ; à ses oiseaux ravis, Des tiges de plantain, des grains de chènevis !...
C'est une jeune fille à présent blanche et blonde, La même ; mais l'œil bleu, jadis pur comme l'onde Du lac qui réfléchit le ciel riant d'été, N'exprime plus bonheur et naïve gaîté.