Vous me l'avez donné ce complément de vie, Mon Dieu ! ma soif d'aimer est enfin assouvie. Du jour où cet enfant sous ma grotte est venu, Tout ce que je rêvais jadis, je l'ai connu. Pour la première fois, moi, dont l'âme isolée A d'autres jusqu'ici ne s'était pas mêlée, Moi qui trouvais toujours dans ce qui m'approchait Quelque chose de moins que mon cœur ne cherchait ; Au visage, au regard, au son de voix, au geste, A l'émanation de ce rayon céleste, Aux premières douceurs du premier entretien, Au cœur de cet enfant j'ai reconnu le mien. Mon âme, que rongeait sa vague solitude, A répandu sur lui toute sa plénitude, Et mon cœur abusé, ne comptant plus les jours, Croit en l'aimant d'hier l'avoir aimé toujours.