Si tu ne m'aimais pas, dis-moi, fille insensée, Que balbutiais-tu dans ces fatales nuits ? Exerçais-tu ta langue à railler ta pensée ? Que voulaient donc ces pleurs, cette gorge oppressée, Ces sanglots et ces cris ?
Ah ! si le plaisir seul t'arrachait ces tendresses, Si ce n'était que lui qu'en triste moment Sur mes lèvres en feu tu couvrais de caresses Comme un unique amant ;
Si l'esprit et les sens, les baisers et les larmes, Se tiennent par la main de ta bouche à ton cœur, Et s'il te faut ainsi, pour y trouver des charmes, Sur l'autel du plaisir profaner le bonheur :
Ah ! Laurette ! ah ! Laurette, idole de ma vie, Si le sombre démon de tes nuits d'insomnie Sans ce masque de feu ne saurait faire un pas, Pourquoi l'évoquais-tu, si tu ne m'aimais pas ?