Du temps où tu m'aimais, Lydie, De ses bras nul autre que moi N'entourait ta gorge arrondie ; J'ai vécu plus heureux qu'un roi.
Lydie.
Du temps où j'étais ta maîtresse, Tu me préférais à Chloé ; Je m'endormais à ton côté Plus heureuse qu'une déesse
Horace.
Chloé me gouverne à présent, Savante au luth, habile au chant ; La douceur de sa voix m'enivre. Je suis prêt à cesser de vivre S'il fallait lui donner mon sang.
Lydie.
Je me consume maintenant Pour Calaïs, mon jeune amant, Qui dans mon cœur a pris ta place, Je mourrais deux fois, cher Horace, S'il fallait lui donner mon sang.
Horace.
Eh quoi ! si dans notre pensée L'ancien amour se ranimait Si ma blonde était délaissée ? Si demain Vénus offensée A ta porte me ramenait ?
Lydie.
Calaïs est jeune et fidèle, Et toi, poète, ton désir Est plus léger que l'hirondelle, Plus inconstant que le zéphyr ; Pourtant, s'il t'en prenait envie, Avec toi j'aimerais la vie ; Avec toi je voudrais mourir.