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Ken Pepiton Feb 14
Gardyloo! Ai, ai, ai,
the splash below,

look out, look up, a way
with words come a tumbling down,

in to the ditch the
crapulous drunk lay dying in,
brabbling on about this
expurgefactor so sudden of a morn.

Perfect words we never heard,
wake me in their future, crying
"Redeem me, make me plain"

trumpery (n.)
mid-15c., "deceit, trickery,"
from Old French tromperie (14c.),
from tromper "to deceive,"
of uncertain origin
(see trump (v.2),
which has influenced the spelling in English).
Meaning "showy but worthless finery"
is first recorded c. 1600.

trump (v.2)

"fabricate, devise," 1690s,
from trump "deceive, cheat" (1510s),
from Middle English trumpen (late 14c.),
from Old French tromper "to deceive,"
of uncertain origin.
Apparently from se tromper de "to mock,"
from Old French tromper "to blow a trumpet."
Brachet explains this as
"to play the horn,
alluding to quacks and mountebanks,
who attracted the public
by blowing a horn, {their own, you may assume}
and then cheated them
into buying ...."
The Hindley Old French dictionary has baillier la trompe
"blow the trumpet" as "act the fool,"
and Donkin connects it rather t
o trombe "waterspout,"
on the notion of turning (someone) around.
Connection with triumph also has been proposed.
Related: *******; trumping.
******* up "false, concocted" first recorded 1728.

https://www.lifehack.org/articles/communication/24-old-english-terms-you-should-start-using-again.html
And all came awake with a ***** from a certain pointed pin with angels demanding manifold attention to the complexity of nexting for better or worse. Meanings are all made up to be deemed meaningful for warning.
Gardyloo is what you yelled before dumping the night's waste. btw.
Timmy Shanti Dec 2012
Un livre à lire.
Des gens rencontrés.
Une femme à aimer.
La vie plus belle qu'la notre…

Une mort à tromper.
Un chemin à courir.
Un amour à livrer…
Tous les sens à traduire.

Toutes les lettres à brouiller.
Tous les anges à connaître.
Toutes les âmes à sauver.
Et après – disparaître…

21-10-2010
Paul d'Aubin Oct 2013
Le cri d'Alep ; ce principe   d’égalité dénié entre les Humains qui nous interpelle  

Combien sont-ils réfugiés dans les caves
À tromper provisoirement la mort
en se promettant une vie meilleure, où leur voix soit entendue
ou en songeant au paradis promis aux martyrs ?

Et ce cinéaste kurde qui vivait à Paris et voulait voler des images à l’anonymat de la grande faucheuse.
Il est parti là-bas muni de l'espoir fou que parfois les images savent atteindre le cœur des hommes.
Certains les appellent des «Djihadistes» et tremblent pour leur propre liberté d’opinion, pour les femmes qui sont traitées comme moins que rien par une masculinité égarée et pour leur rêve d’un nouveau «Califat» qui relève plus d’une blessure historique que d’un projet concret et réalisable.

D’autres défendent tout simplement un même « droit des gens» pour tous les êtres sur la Planète
Pourquoi être né Arabe, Juif, Kurde ou noir ou même apatride, devrait-il à jamais vous rendre la vie plus précaire et vous priver du Droit de choisir vos gouvernants ?
Il fut un temps où des évêques catholiques bénissaient les armes des troupes de Franco et appelaient à libérer l’Espagne des «rouges».
Il fut un temps où l’on enfermait dans le camp du Vernet les courageux combattants des «brigades internationales» ; ceux venus de tous les lieux du Monde qui ne croyaient pas en Allah mais avaient bien une forme de foi terrestre.
Durant ce temps Orwell, Hemingway, Malraux, ceux de la brigade Lincoln, les poètes de vingt ans assassinés tels, Sam Levinger, mort à Belchite, et Joseph Seligman, lors de la bataille du Jarama. Ils avaient vingt ans. Et bien d’autres quittèrent leur quiétude pour défendre l’Humanisme et l’Humanité aux prises avec les cris du «Viva la Muerte» des fascistes.

Que l’on m’explique, aujourd’hui pourquoi, la circonstance de naître dans le croissant fertile devrait vous valoir la servitude à vie et supporter un dirigeant criminel qui va qu’à user du gaz «sarin» contre une partie de sa propre Peuple qui le ***** ?
Et de vivre perpétuellement et sans espoir que cela ne change dans le servage de régimes militaires et de tyrans corrompus ?
La question de la Religion et des «communautés» ne masque-t-elle pas une comptabilité inégalitaire et sordide faite entre les hommes qui vivent sur une même planète ?
Là, en terre d’Islam, vous seriez condamnés à courber le dos entre le bâton et les balles du policier ou la vision et les sermons réducteurs des théocrates et de ceux qui osent se nommer : «Le parti de Dieu» ?
Qui ose ainsi trancher dans l’Humain et réduire le besoin et le souffle des Libertés à certains Peuples ; blancs et riches, de préférence ?

Allons mes ami(e)s, n’oublions pas le message universel des Hume, Paine, Voltaire, Hugo, d’Hemingway qui permit à nos anciens de prendre les Bastilles.
Le Droit à la vie et à la liberté n’est pas d’un continent, ni d’une couleur de peau, ni d’une religion ; il est Universel comme le sourire du jeune enfant à sa mère.
Assez de discriminations et d’hypocrisies ; dénonçons l’imposture des tyrans et les veules par trop intéressés qui nous voudraient taisant et tranquilles.
Il est un «Monde nouveau» qui ne demande qu’à grandir et à vivre si bien sûr, on ne le tue pas avant ou si on ne lui met pas le bâillon.
Ami(e)s ne te fait pas dicter ta conduite par ceux qui sont payés pour écrire que l’ordre immuable doit toujours se perpétuer.
Ose ouvrir les yeux même aux spectacles les plus insoutenables et entendre ce long chœur de gémissements qui est l'Humanité souffrante dont tu fais intrinsèquement partie toi-même, avec les mêmes droits et devoirs.
C’est l’Humanité souffrante qui frappe, devant l’écran de ton téléviseur quand ta journée de travail finie tu t’assoupis et il est trop facile et fallacieux de te dire que des spécialistes vont régler les problèmes à ta place.
Hélas si tous raisonnent ainsi ; rien ne bougera et les Tyrans succéderont aux Tyrans comme les malédictions de Job.
Peut-être ta faible voix comme celle du rouge-gorge doit se mêler à la symphonie du Monde pour qu'enfin puissent tomber les préjugés entre les êtres et les murailles de Jéricho ?

Paul d’Aubin (Paul Arrighi (Historien, Homme de Lettres et Poète) - Toulouse, Toulouse (France) le mardi  1er  octobre  2013.

Paul Arrighi, à Toulouse, (Historien, Homme de Lettres et Poète)
Mary Balcom Jan 2016
Here
Is a timely
Noun to consider
From the Merriam-Webster page.

"Trumpery."

Note (at bottom) the list of near-antonyms;
what is the opposite of trumpery?

[Popularity: Bottom 40% of words]

trumpery
noun trum·pery \ˈtrəm-p(ə-)rē\

Definition of trumpery

1
a : worthless nonsense b : trivial or useless articles : junk <a wagon loaded with household trumpery — Washington Irving>

2
archaic : ****** finery

Origin of trumpery

Middle English (Scots) trompery deceit, from Middle French, from tromper to deceive

First Known Use: 15th century

Examples of trumpery

<claims for weight-loss products that are based much more on Madison-Avenue trumpery than on bariatric science>

Related to trumpery

Synonyms
applesauce [slang], balderdash, baloney (also boloney), beans, bilge, blah (also blah-blah), blarney, blather, blatherskite, blither, bosh, bull [slang], bunk, bunkum (or *******), claptrap, codswallop [British], crapola [slang], crock, drivel, drool, fiddle, fiddle-faddle, fiddlesticks, flannel [British], flapdoodle, folderol (also falderal), folly, foolishness, fudge, garbage, guff, hogwash, hokeypokey, hokum, hoodoo, hooey, horsefeathers [slang], humbug, humbuggery, jazz, malarkey (also malarky), moonshine, muck, nerts [slang], nuts, piffle, poppycock, punk, rot, *******, senselessness, silliness, slush, stupidity, taradiddle (or tarradiddle), tommyrot, tosh, trash, nonsense, twaddle

Related Words
absurdity, asininity, fatuity, foolery, idiocy, imbecility, inaneness, inanity, insanity, kookiness, lunacy; absurdness, craziness, madness, senselessness, witlessness; hoity-toity, monkey business, monkeyshine(s), shenanigan(s), tomfoolery; gas, hot air, rigmarole (also rigamarole); double-talk, greek, hocus-pocus

Near Antonyms
levelheadedness, rationality, reasonability, reasonableness, sensibleness; common sense, horse sense, sense; discernment, judgment (or judgement), wisdom
By: Robinson Bolkum
Amelie Aug 2016
Toutes les histoires sont comme un miroir,
Deux faces, deux versions, deux reflets.
Pourtant le notre ne me montre que ce que je veux voir,
Au secours, j'ai besoin d'aide, notre miroir est brisé.

Cette nuit j'ai dessiné ton visage sur mes rêves, à la craie
Ce matin ta peau était encore collée à ma joue
J'ai essayé de t'arracher, mais tu étais enfoncée comme un clou,
Au secours, j'ai besoin d'aide, je n'arrive pas à t'effacer.

Tu restes là sans être présente,
Ta voix me répète encore que "j'ai dû me tromper"
J'avoue avoir eu tort de penser que tu m'avais laissée
Au secours, j'ai besoin d'aide, ton fantôme me hante.

Mon étoile brille encore moins que tes émeraudes
Nos erreurs m'agressent, comme nos insultes en écho
Ce n'était pas prévu que tout se termine dans un tel chaos
Au secours, j'ai besoin d'aide pour réparer ce désordre.

J'ai lutté de toutes mes forces pour te chasser de mon esprit,
Mais tu reviens à la charge, le soir juste avant de dormir
Toute seule avec ta voix qui me guide pour écrire,
Au secours, j'ai besoin d'aide, tu me fais sombrer dans la folie.

Aujourd'hui j'ai tellement peur que tu ne veuilles plus que je revienne,
Et je ne suis même pas sûre de le vouloir moi-même
Je me fais encore du mal, mais on récolte ce que l'on sème
Au secours, j'ai besoin d'aide, je voulais juste que tu me retiennes.

Ton ombre me suit partout en chantant Clementine,
Mais il n'y a plus d'éveil aux émeraudes depuis longtemps
Le silence me rend muette, je ne respire plus comme avant
J'ai dérivé ; au secours, j'ai besoin d'Aide..line.
25.08.16
À Maxime Du Camp.

I

Pour l'enfant, amoureux de cartes et d'estampes,
L'univers est égal à son vaste appétit.
Ah ! que le monde est grand à la clarté des lampes !
Aux yeux du souvenir que le monde est petit !

Un matin nous partons, le cerveau plein de flamme,
Le coeur gros de rancune et de désirs amers,
Et nous allons, suivant le rythme de la lame,
Berçant notre infini sur le fini des mers :

Les uns, joyeux de fuir une patrie infâme ;
D'autres, l'horreur de leurs berceaux, et quelques-uns,
Astrologues noyés dans les yeux d'une femme,
La Circé tyrannique aux dangereux parfums.

Pour n'être pas changés en bêtes, ils s'enivrent
D'espace et de lumière et de cieux embrasés ;
La glace qui les mord, les soleils qui les cuivrent,
Effacent lentement la marque des baisers.

Mais les vrais voyageurs sont ceux-là seuls qui partent
Pour partir, coeurs légers, semblables aux ballons,
De leur fatalité jamais ils ne s'écartent,
Et, sans savoir pourquoi, disent toujours : Allons !

Ceux-là dont les désirs ont la forme des nues,
Et qui rêvent, ainsi qu'un conscrit le canon,
De vastes voluptés, changeantes, inconnues,
Et dont l'esprit humain n'a jamais su le nom !

II

Nous imitons, horreur ! la toupie et la boule
Dans leur valse et leurs bonds ; même dans nos sommeils
La Curiosité nous tourmente et nous roule,
Comme un Ange cruel qui fouette des soleils.

Singulière fortune où le but se déplace,
Et, n'étant nulle part, peut être n'importe où !
Où l'homme, dont jamais l'espérance n'est lasse,
Pour trouver le repos court toujours comme un fou !

Notre âme est un trois-mâts cherchant son Icarie ;
Une voix retentit sur le pont : " Ouvre l'oeil ! "
Une voix de la hune, ardente et folle, crie .
" Amour... gloire... bonheur ! " Enfer ! c'est un écueil !

Chaque îlot signalé par l'homme de vigie
Est un Eldorado promis par le Destin ;
L'Imagination qui dresse son orgie
Ne trouve qu'un récif aux clartés du matin.

Ô le Pauvre amoureux des pays chimériques !
Faut-il le mettre aux fers, le jeter à la mer,
Ce matelot ivrogne, inventeur d'Amériques
Dont le mirage rend le gouffre plus amer ?

Tel le vieux vagabond, piétinant dans la boue,
Rêve, le nez en l'air, de brillants paradis ;
Son oeil ensorcelé découvre une Capoue
Partout où la chandelle illumine un taudis.

III

Etonnants voyageurs ! quelles nobles histoires
Nous lisons dans vos yeux profonds comme les mers !
Montrez-nous les écrins de vos riches mémoires,
Ces bijoux merveilleux, faits d'astres et d'éthers.

Nous voulons voyager sans vapeur et sans voile !
Faites, pour égayer l'ennui de nos prisons,
Passer sur nos esprits, tendus comme une toile,
Vos souvenirs avec leurs cadres d'horizons.

Dites, qu'avez-vous vu ?

IV

" Nous avons vu des astres
Et des flots ; nous avons vu des sables aussi ;
Et, malgré bien des chocs et d'imprévus désastres,
Nous nous sommes souvent ennuyés, comme ici.

La gloire du soleil sur la mer violette,
La gloire des cités dans le soleil couchant,
Allumaient dans nos coeurs une ardeur inquiète
De plonger dans un ciel au reflet alléchant.

Les plus riches cités, les plus grands paysages,
Jamais ne contenaient l'attrait mystérieux
De ceux que le hasard fait avec les nuages.
Et toujours le désir nous rendait soucieux !

- La jouissance ajoute au désir de la force.  
Désir, vieil arbre à qui le plaisir sert d'engrais,
Cependant que grossit et durcit ton écorce,
Tes branches veulent voir le soleil de plus près !

Grandiras-tu toujours, grand arbre plus vivace
Que le cyprès ? - Pourtant nous avons, avec soin,
Cueilli quelques croquis pour votre album vorace,
Frères qui trouvez beau tout ce qui vient de **** !

Nous avons salué des idoles à trompe ;
Des trônes constellés de joyaux lumineux ;
Des palais ouvragés dont la féerique pompe
Serait pour vos banquiers un rêve ruineux ;

" Des costumes qui sont pour les yeux une ivresse ;
Des femmes dont les dents et les ongles sont teints,
Et des jongleurs savants que le serpent caresse. "

V

Et puis, et puis encore ?

VI

" Ô cerveaux enfantins !
Pour ne pas oublier la chose capitale,
Nous avons vu partout, et sans l'avoir cherché,
Du haut jusques en bas de l'échelle fatale,
Le spectacle ennuyeux de l'immortel péché

La femme, esclave vile, orgueilleuse et stupide,
Sans rire s'adorant et s'aimant sans dégoût ;
L'homme, tyran goulu, paillard, dur et cupide,
Esclave de l'esclave et ruisseau dans l'égout ;

Le bourreau qui jouit, le martyr qui sanglote ;
La fête qu'assaisonne et parfume le sang ;
Le poison du pouvoir énervant le despote,
Et le peuple amoureux du fouet abrutissant ;

Plusieurs religions semblables à la nôtre,
Toutes escaladant le ciel ; la Sainteté,
Comme en un lit de plume un délicat se vautre,
Dans les clous et le crin cherchant la volupté ;

L'Humanité bavarde, ivre de son génie,
Et, folle maintenant comme elle était jadis,
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :
" Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudis ! "

Et les moins sots, hardis amants de la Démence,
Fuyant le grand troupeau parqué par le Destin,
Et se réfugiant dans l'***** immense !
- Tel est du globe entier l'éternel bulletin. "

VII

Amer savoir, celui qu'on tire du voyage !
Le monde, monotone et petit, aujourd'hui,
Hier, demain, toujours, nous fait voir notre image
Une oasis d'horreur dans un désert d'ennui !

Faut-il partir ? rester ? Si tu peux rester, reste ;
Pars, s'il le faut. L'un court, et l'autre se tapit
Pour tromper l'ennemi vigilant et funeste,
Le Temps ! Il est, hélas ! des coureurs sans répit,

Comme le Juif errant et comme les apôtres,
A qui rien ne suffit, ni wagon ni vaisseau,
Pour fuir ce rétiaire infâme : il en est d'autres
Qui savent le tuer sans quitter leur berceau.

Lorsque enfin il mettra le pied sur notre échine,
Nous pourrons espérer et crier : En avant !
De même qu'autrefois nous partions pour la Chine,
Les yeux fixés au large et les cheveux au vent,

Nous nous embarquerons sur la mer des Ténèbres
Avec le coeur joyeux d'un jeune passager.
Entendez-vous ces voix, charmantes et funèbres,
Qui chantent : " Par ici ! vous qui voulez manger

Le Lotus parfumé ! c'est ici qu'on vendange
Les fruits miraculeux dont votre coeur a faim ;
Venez vous enivrer de la douceur étrange
De cette après-midi qui n'a jamais de fin ? "

A l'accent familier nous devinons le spectre ;
Nos Pylades là-bas tendent leurs bras vers nous.
" Pour rafraîchir ton coeur nage vers ton Electre ! "
Dit celle dont jadis nous baisions les genoux.

VIII

Ô Mort, vieux capitaine, il est temps ! levons l'ancre !
Ce pays nous ennuie, ô Mort ! Appareillons !
Si le ciel et la mer sont noirs comme de l'encre,
Nos coeurs que tu connais sont remplis de rayons !

Verse-nous ton poison pour qu'il nous réconforte !
Nous voulons, tant ce feu nous brûle le cerveau,
Plonger au fond du gouffre, Enfer ou Ciel, qu'importe ?
Au fond de l'Inconnu pour trouver du nouveau !
À une dame châtelaine.
(Pour la construction d'une serre.)


Pauvre fleur, qu'un rayon du soleil fit éclore,
Pauvre fleur, dont les jours n'ont qu'une courte aurore,
Il me faut, au printemps, le soleil du bon Dieu,
Et quand l'hiver arrive, un asile et du feu.
On m'a dit - j'en frémis ! - qu'au foyer de la serre
Je n'aurai plus ma place, et mourrai sur la terre
Au jour où l'hirondelle, en fuyant les frimas,
Vole vers les pays où l'hiver ne vient pas.
Et moi, qui de l'oiseau n'ai pas l'aile légère,
Sur toi, contre le froid, j'avais compté, ma mère !
Pourquoi m'abandonner ? Pauvre petite fleur,
Ne t'ai-je pas offert l'éclat de ma couleur,
Mon suave parfum, jusqu'aux jours de l'automne ?
Ne t'ai-je pas donné ce que le ciel me donne ?

Si tu savais, ma mère, il est dans ce vallon,
Non **** de ton domaine, un jeune papillon
Qui versera des pleurs, et mourra de sa peine,
En ne me voyant plus à la saison prochaine.
Des sucs des autres fleurs ne voulant se nourrir,
Fidèle à son amie, il lui faudra mourir !...
Puis une abeille aussi, sur mon destin, s'alarme :
Sur ses ailes j'ai vu briller plus d'une larme ;
Elle m'aime, et m'a dit que jamais, sous le ciel,
Jeune fleur dans son sein n'avait eu plus doux miel.
Souvent une fourmi, contre le vent d'orage,
Vient chercher vers le soir l'abri de mon feuillage.
Te parlerai-je aussi de l'insecte filant,
Qui, sur mes verts rameaux s'avançant d'un pas lent,
De son réseau léger appuyé sur ma tige,
À tout ce qui dans l'air ou bourdonne ou voltige,
Tend un piège adroit, laborieux labeur
Que ta main va détruire en détruisant ma fleur ?
Et puis, quand vient la nuit, un petit ver qui brille
Me choisit chaque soir, et son feu qui scintille,
Lorsque mes sœurs n'ont plus pour elles que l'odeur,
Me permet de montrer l'éclat de ma couleur.

Tu vois, je suis aimée ! et cette heureuse vie,
Me serait, à l'hiver, par tes ordres ravie ?...
C'est ton or qui m'a fait quitter mon beau pays,
Où, des froids ouragans je n'avais nuls soucis ;
Aussi je pleurais bien au moment du voyage...
- L'exil est un malheur qu'on comprend à tout âge !
Mais une vieille fleur, estimée en tous lieux,
M'a dit qu'auprès de toi mon sort serait heureux ;
Qu'elle avait souvenir, jusques en sa vieillesse,
D'avoir fleuri pour toi du temps de sa jeunesse ;
Qu'aussitôt qu'on te voit, t'aimer est un devoir,
Qu'aimer paraît bien doux quand on vient de te voir ;
Que tu n'as pas un cœur qui trompe l'espérance,
Que les amis te sont plus chers dans la souffrance,
Et que petite fleur, flétrie et sans odeur,
Trouverait à l'hiver pitié pour son malheur ;
Que tout ce qui gémit, s'incline, souffre et pleure,
Cherche, sans se tromper, secours dans ta demeure ;
Que, tes soins maternels éloignant les autans,
Auprès de toi toujours on se croit au printemps !

Allons, construis pour nous une heureuse retraite,
Et Dieu te bénira... car c'est lui qui m'a faite,
Et simple fleur des champs, quoique bien **** des cieux,
Comme le chêne altier, trouve place à ses yeux.
À Madame L. sur son album.

Amitié, doux repos de l'âme,
Crépuscule charmant des cœurs,
Pourquoi dans les yeux d'une femme
As-tu de plus tendres langueurs ?

Ta nature est pourtant la même !
Dans le cœur dont elle a fait don
Ce n'est plus la femme qu'on aime,
Et l'amour a perdu son nom.

Mais comme en une pure glace
Le crayon se colore mieux,
Le sentiment qui le remplace
Est plus visible en deux beaux yeux.

Dans un timbre argentin de femme
Il a de plus tendres accents :
La chaste volupté de l'âme
Devient presque un plaisir des sens.

De l'homme la mâle tendresse
Est le soutien d'un bras nerveux,
Mais la vôtre est une caresse
Qui frissonne dans les cheveux.

Oh ! laissez-moi, vous que j'adore
Des noms les plus doux tour à tour,
O femmes, me tromper encore
Aux ressemblances de l'amour !

Douce ou grave, tendre ou sévère,
L'amitié fut mon premier bien :
Quelque soit la main qui me serre,
C'est un cœur qui répond au mien.

Non, jamais ma main ne repousse
Ce symbole d'un sentiment ;
Mais lorsque la main est plus douce,
Je la serre plus tendrement.
Malheureux comme les pierres
triste au possible
l'homme maigre
le pupitre à musique aurait voulu périr
Quel froid Le vent me perce à l'endroit
des feuilles
des oreilles mortes
Seul comment battre la semelle
Sur quel pied danser toute la semaine
Le silence à n'en plus finir
Pour tromper l'hiver jamais un mot tendre
L'ombre de l'âme de l'ami L'écriture
Rien que l'adresse
Mon sang ne ferait qu'un tour
Les sons se perdent dans l'espace.
comme des doigts gelés
Plus rien
qu'un patin abandonné sur la glace
Le quidam
On voit le jour au travers.
I


« Minuit ! ma mère dort : je me suis relevée :

Je craignais de laisser ma lettre inachevée ;

J'ai voulu me hâter, car peut-être ma main

Ne sera-t-elle plus assez forte demain !

Tu connais mon malheur ; je t'ai dit que mon père

A voulu me dicter un choix, et qu'il espère

Sans doute me trouver trop faible pour oser

Refuser cet époux qu'il prétend m'imposer.

O toi qui m'appartiens ! ô toi qui me fis naître

Au bonheur, à l'amour que tu m'as fait connaître ;

Toi qui sus le premier deviner le secret

Et trouver le chemin d'un cœur qui s'ignorait,

Crois-tu qu'à d'autres lois ton amante enchaînée

Méconnaisse jamais la foi qu'elle a donnée ;

Qu'elle puisse oublier ces rapides momens

Où nos voix ont ensemble échangé leurs sermens,

Où sa tremblante main a frémi dans la tienne,

Et qu'à d'autre qu'à toi jamais elle appartienne ?

Tu veux fuir, m'as-tu dit : fuis ; mais n'espère pas

M'empêcher de te suivre attachée à tes pas !

Qu'importe où nous soyons si nous sommes ensemble ;

Est-il donc un désert si triste, qui ne semble

Plus riant qu'un palais, quand il est animé

Par l'aspect du bonheur et de l'objet aimé ?

Et que me font à moi tous ces biens qui m'attendent ?

Lorsqu'on s'est dit : je t'aime ! et que les cœurs s'entendent,

Que sont tous les trésors, qu'est l'univers pour eux.

Et que demandent-ils de plus pour être heureux ?

Mais comment fuir ? comment tromper la vigilance

D'un père soupçonneux qui m'épie en silence ?

Je m'abusais ! Eh bien, écoute le serment

Que te jure ma bouche en cet affreux moment :

Puisqu'on l'a résolu, puisqu'on me sacrifie.

Puisqu'on veut mon malheur, eh bien ! je les défie :

Ils ne m'auront que morte, et je n'aurai laissé

Pour traîner à l'autel qu'un cadavre glacé ! »


II


Lorsque je l'ai *****, elle était mariée

Depuis cinq ans passés : « Ah ! s'est-elle écriée,

C'est vous ! bien vous a pris d'être venu nous voir :

Mais où donc étiez-vous ? Et ne peut-on savoir

Pourquoi, depuis un siècle, éloigné de la France,

Vous nous avez ainsi laissés dans l'ignorance ?

Quant à nous, tout va bien : le sort nous a souri.

- J'ai parlé bien souvent de vous à mon mari ;

C'est un homme d'honneur, que j'aime et je révère,

Sage négociant, de probité sévère,

Qui par son zèle actif chaque jour agrandit

L'essor de son commerce, et double son crédit :

Et puisque le hasard à la fin nous rassemble ;

Je vous présenterai, vous causerez ensemble ;

Il vous recevra bien, empressé de saisir

Pareille occasion de me faire plaisir.

Vous verrez mes enfans : j'en ai trois. Mon aînée

Est chez mes belles-sœurs, qui me l'ont emmenée ;

Je l'attends samedi matin : vous la verrez.

Oh, c'est qu'elle est charmante ! ensuite, vous saurez

Qu'elle lit couramment, écrit même, et commence

A jouer la sonate et chanter la romance.

Et mon fils ! il aura ses trois ans et demi

Le vingt du mois prochain ; du reste, mon ami,

Vous verrez comme il est grand et fort pour son âge ;

C'est le plus bel enfant de tout le voisinage.

Et puis, j'ai mon petit. - Je ne l'ai pas nourri :

Mes couches ont été pénibles ; mon mari,

Qui craignait pour mon lait, a voulu que je prisse

Sur moi de le laisser aux mains d'une nourrice.

Mais de cet embarras je vais me délivrer,

Et le docteur a dit qu'on pouvait le sevrer.

- Ainsi dans mes enfans, dans un époux qui m'aime,

J'ai trouvé le bonheur domestique ; et vous même,

Vous dépendez de vous, j'imagine, et partant

Qui peut vous empêcher d'en faire un jour autant ?

Je sais qu'en pareil cas le choix est difficile.

Que vous avez parfois une humeur indocile ;

Mais on peut réussir, et vous réussirez :

Vous prendrez une femme, et nous l'amènerez,

Elle viendra passer l'été dans notre terre :

Jusque-là toutefois, libre et célibataire,

Pensez à vos amis, et venez en garçon

Nous demander dimanche à dîner sans façon. »
Enfin le roi lion venait d'avoir un fils ;
Partout dans ses états on se livrait en proie
Aux transports éclatants d'une bruyante joie :
Les rois heureux ont tant d'amis !
Sire lion, monarque sage,
Songeait à confier son enfant bien aimé
Aux soins d'un gouverneur vertueux, estimé,
Sous qui le lionceau fît son apprentissage.
Vous jugez qu'un choix pareil
Est d'assez grande importance
Pour que longtemps on y pense.
Le monarque indécis assemble son conseil :
En peu de mots il expose
Le point dont il s'agit, et supplie instamment
Chacun des conseillers de nommer franchement
Celui qu'en conscience il croit propre à la chose.
Le tigre se leva : sire, dit-il, les rois
N'ont de grandeur que par la guerre ;
Il faut que votre fils soit l'effroi de la terre :
Faites donc tomber votre choix
Sur le guerrier le plus terrible,
Le plus craint après vous des hôtes de ces bois.
Votre fils saura tout s'il sait être invincible.
L'ours fut de cet avis : il ajouta pourtant
Qu'il fallait un guerrier prudent,
Un animal de poids, de qui l'expérience
Du jeune lionceau sût régler la vaillance
Et mettre à profit ses exploits.
Après l'ours, le renard s'explique,
Et soutient que la politique
Est le premier talent des rois ;
Qu'il faut donc un mentor d'une finesse extrême
Pour instruire le prince et pour le bien former.
Ainsi chacun, sans se nommer,
Clairement s'indiqua soi-même :
De semblables conseils sont communs à la cour.
Enfin le chien parle à son tour :
Sire, dit-il, je sais qu'il faut faire la guerre,
Mais je crois qu'un bon roi ne la fait qu'à regret ;
L'art de tromper ne me plaît guère :
Je connais un plus beau secret
Pour rendre heureux l'état, pour en être le père,
Pour tenir ses sujets, sans trop les alarmer,
Dans une dépendance entière ;
Ce secret, c'est de les aimer.
Voilà pour bien régner la science suprême ;
Et, si vous désirez la voir dans votre fils,
Sire, montrez-la lui vous-même.
Tout le conseil resta muet à cet avis.
Le lion court au chien : ami, je te confie
Le bonheur de l'état et celui de ma vie ;
Prends mon fils, sois son maître, et, **** de tout flatteur,
S'il se peut, va former son cœur.
Il dit, et le chien part avec le jeune prince.
D'abord à son pupille il persuade bien
Qu'il n'est point lionceau, qu'il n'est qu'un pauvre
Chien,
Son parent éloigné ; de province en province
Il le fait voyager, montrant à ses regards
Les abus du pouvoir, des peuples la misère,
Les lièvres, les lapins mangés par les renards,
Les moutons par les loups, les cerfs par la panthère,
Partout le faible terrassé,
Le bœuf travaillant sans salaire,
Et le singe récompensé.
Le jeune lionceau frémissait de colère :
Mon père, disait-il, de pareils attentats
Sont-ils connus du roi ? Comment pourraient-ils l'être ?
Disait le chien : les grands approchent seuls du maître,
Et les mangés ne parlent pas.
Ainsi, sans raisonner de vertu, de prudence,
Notre jeune lion devenait tous les jours
Vertueux et prudent ; car c'est l'expérience
Qui corrige, et non les discours.
À cette bonne école il acquit avec l'âge
Sagesse, esprit, force et raison.
Que lui fallait-il davantage ?
Il ignorait pourtant encor qu'il fût lion ;
Lorsqu'un jour qu'il parlait de sa reconnaissance
À son maître, à son bienfaiteur,
Un tigre furieux, d'une énorme grandeur,
Paraissant tout-à-coup, contre le chien s'avance.
Le lionceau plus prompt s'élance,
Il hérisse ses crins, il rugit de fureur,
Bat ses flancs de sa queue, et ses griffes sanglantes
Ont bientôt dispersé les entrailles fumantes
De son redoutable ennemi.
À peine il est vainqueur qu'il court à son ami :
Oh ! Quel bonheur pour moi d'avoir sauvé ta vie !
Mais quel est mon étonnement !
Sais-tu que l'amitié, dans cet heureux moment,
M'a donné d'un lion la force et la furie ?
Vous l'êtes, mon cher fils, oui, vous êtes mon roi,
Dit le chien tout baigné de larmes.
Le voilà donc venu, ce moment plein de charmes,
Où, vous rendant enfin tout ce que je vous dois,
Je peux vous dévoiler un important mystère !
Retournons à la cour, mes travaux sont finis.
Cher prince, malgré moi cependant je gémis,
Je pleure ; pardonnez : tout l'état trouve un père,
Et moi je vais perdre mon fils.
Depuis qu'Adam, ce cruel homme,
A perdu son fameux jardin,
Où sa femme, autour d'une pomme,
Gambadait sans vertugadin,
Je ne crois pas que sur la terre
Il soit un lieu d'arbres planté
Plus célébré, plus visité,
Mieux fait, plus joli, mieux hanté,
Mieux exercé dans l'art de plaire,
Plus examiné, plus vanté,
Plus décrit, plus lu, plus chanté,
Que l'ennuyeux parc de Versailles.
Ô dieux ! ô bergers ! ô rocailles !
Vieux Satyres, Termes grognons,
Vieux petits ifs en rangs d'oignons,
Ô bassins, quinconces, charmilles !
Boulingrins pleins de majesté,
Où les dimanches, tout l'été,
Bâillent tant d'honnêtes familles !
Fantômes d'empereurs romains,
Pâles nymphes inanimées
Qui tendez aux passants les mains,
Par des jets d'eau tout enrhumées !
Tourniquets d'aimables buissons,
Bosquets tondus où les fauvettes
Cherchent en pleurant leurs chansons,
Où les dieux font tant de façons
Pour vivre à sec dans leurs cuvettes !
Ô marronniers ! n'ayez pas peur ;
Que votre feuillage immobile,
Me sachant versificateur,
N'en demeure pas moins tranquille.
Non, j'en jure par Apollon
Et par tout le sacré vallon,
Par vous, Naïades ébréchées,
Sur trois cailloux si mal couchées,
Par vous, vieux maîtres de ballets,
Faunes dansant sur la verdure,
Par toi-même, auguste palais,
Qu'on n'habite plus qu'en peinture,
Par Neptune, sa fourche au poing,
Non, je ne vous décrirai point.
Je sais trop ce qui vous chagrine ;
De Phoebus je vois les effets :
Ce sont les vers qu'on vous a faits
Qui vous donnent si triste mine.
Tant de sonnets, de madrigaux,
Tant de ballades, de rondeaux,
Où l'on célébrait vos merveilles,
Vous ont assourdi les oreilles,
Et l'on voit bien que vous dormez
Pour avoir été trop rimés.

En ces lieux où l'ennui repose,
Par respect aussi j'ai dormi.
Ce n'était, je crois, qu'à demi :
Je rêvais à quelque autre chose.
Mais vous souvient-il, mon ami,
De ces marches de marbre rose,
En allant à la pièce d'eau
Du côté de l'Orangerie,
À gauche, en sortant du château ?
C'était par là, je le parie,
Que venait le roi sans pareil,
Le soir, au coucher du soleil,
Voir dans la forêt, en silence,
Le jour s'enfuir et se cacher
(Si toutefois en sa présence
Le soleil osait se coucher).
Que ces trois marches sont jolies !
Combien ce marbre est noble et doux !
Maudit soit du ciel, disions-nous,
Le pied qui les aurait salies !
N'est-il pas vrai ? Souvenez-vous.
- Avec quel charme est nuancée
Cette dalle à moitié cassée !
Voyez-vous ces veines d'azur,
Légères, fines et polies,
Courant, sous les roses pâlies,
Dans la blancheur d'un marbre pur ?
Tel, dans le sein robuste et dur
De la Diane chasseresse,
Devait courir un sang divin ;
Telle, et plus froide, est une main
Qui me menait naguère en laisse.
N'allez pas, du reste, oublier
Que ces marches dont j'ai mémoire
Ne sont pas dans cet escalier
Toujours désert et plein de gloire,
Où ce roi, qui n'attendait pas,
Attendit un jour, pas à pas,
Condé, lassé par la victoire.
Elles sont près d'un vase blanc,
Proprement fait et fort galant.
Est-il moderne ? est-il antique ?
D'autres que moi savent cela ;
Mais j'aime assez à le voir là,
Étant sûr qu'il n'est point gothique.
C'est un bon vase, un bon voisin ;
Je le crois volontiers cousin
De mes marches couleur de rose ;
Il les abrite avec fierté.
Ô mon Dieu ! dans si peu de chose
Que de grâce et que de beauté !

Dites-nous, marches gracieuses,
Les rois, les princes, les prélats,
Et les marquis à grands fracas,
Et les belles ambitieuses,
Dont vous avez compté les pas ;
Celles-là surtout, j'imagine,
En vous touchant ne pesaient pas.
Lorsque le velours ou l'hermine
Frôlaient vos contours délicats,
Laquelle était la plus légère ?
Est-ce la reine Montespan ?
Est-ce Hortense avec un roman,
Maintenon avec son bréviaire,
Ou Fontange avec son ruban ?
Beau marbre, as-tu vu la Vallière ?
De Parabère ou de Sabran
Laquelle savait mieux te plaire ?
Entre Sabran et Parabère
Le Régent même, après souper,
Chavirait jusqu'à s'y tromper.
As-tu vu le puissant Voltaire,
Ce grand frondeur des préjugés,
Avocat des gens mal jugés,
Du Christ ce terrible adversaire,
Bedeau du temple de Cythère,
Présentant à la Pompadour
Sa vieille eau bénite de cour ?
As-tu vu, comme à l'ermitage,
La rondelette Dubarry
Courir, en buvant du laitage,
Pieds nus, sur le gazon fleuri ?
Marches qui savez notre histoire,
Aux jours pompeux de votre gloire,
Quel heureux monde en ces bosquets !
Que de grands seigneurs, de laquais,
Que de duchesses, de caillettes,
De talons rouges, de paillettes,
Que de soupirs et de caquets,
Que de plumets et de calottes,
De falbalas et de culottes,
Que de poudre sous ces berceaux,
Que de gens, sans compter les sots !
Règne auguste de la perruque,
Le bourgeois qui te méconnaît
Mérite sur sa plate nuque
D'avoir un éternel bonnet.
Et toi, siècle à l'humeur badine,
Siècle tout couvert d'amidon,
Ceux qui méprisent ta farine
Sont en horreur à Cupidon !...
Est-ce ton avis, marbre rose ?
Malgré moi, pourtant, je suppose
Que le hasard qui t'a mis là
Ne t'avait pas fait pour cela.
Aux pays où le soleil brille,
Près d'un temple grec ou latin,
Les beaux pieds d'une jeune fille,
Sentant la bruyère et le thym,
En te frappant de leurs sandales,
Auraient mieux réjoui tes dalles
Qu'une pantoufle de satin.
Est-ce d'ailleurs pour cet usage
Que la nature avait formé
Ton bloc jadis vierge et sauvage
Que le génie eût animé ?
Lorsque la pioche et la truelle
T'ont scellé dans ce parc boueux,
En t'y plantant malgré les dieux,
Mansard insultait Praxitèle.
Oui, si tes flancs devaient s'ouvrir,
Il fallait en faire sortir
Quelque divinité nouvelle.
Quand sur toi leur scie a grincé,
Les tailleurs de pierre ont blessé
Quelque Vénus dormant encore,
Et la pourpre qui te colore
Te vient du sang qu'elle a versé.

Est-il donc vrai que toute chose
Puisse être ainsi foulée aux pieds,
Le rocher où l'aigle se pose,
Comme la feuille de la rose
Qui tombe et meurt dans nos sentiers ?
Est-ce que la commune mère,
Une fois son oeuvre accompli,
Au hasard livre la matière,
Comme la pensée à l'oubli ?
Est-ce que la tourmente amère
Jette la perle au lapidaire
Pour qu'il l'écrase sans façon ?
Est-ce que l'absurde vulgaire
Peut tout déshonorer sur terre
Au gré d'un cuistre ou d'un maçon ?
Fou
Que je sois un fou, qu'on le dise,
Je trouve ça tout naturel,
Ayant eu ma part de bêtise
Et commis plus d'une sottise,
Depuis que je suis... temporel.

Je suis un fou, quel avantage,
Madame ! un fou, songez-y bien,
Peut crier... se tromper d'étage,
Vous proposer... le mariage,
On ne lui dira jamais rien,

C'est un fou ; mais lui peut tout dire,
Lâcher parfois un terme vil,
Dans ce cas le mieux c'est d'en rire,
Se fâcher serait du délire,
À quoi cela servirait-il ?

C'est un fou. Si c'est un bonhomme
Laissant les gens à leurs métiers,
Peu contrariant, calme... en somme,
Distinguant un nez d'une pomme,
On lui pardonne volontiers.

Donc, je suis fou, je le révèle.
Nous l'avons, Madame, en dormant,
Comme dit l'autre, échappé belle ;
J'aime mieux être un sans cervelle
Que d'être un sage, assurément.

Songez donc ! si j'étais un sage,
Je fuirais les joyeux dîners ;
Je n'oserais voir ton corsage ;
J'aurais un triste et long visage
Et des lunettes sur le nez ;

Mais, je ne suis qu'un fou, je danse,
Je tambourine avec mes doigts
Sur la vitre de l'existence.
Qu'on excuse mon insistance,
C'est un fou qu'il faut que je sois !

C'est trop fort, me dit tout le monde,
Qu'est-ce que vous nous chantez là ?
Pourquoi donc, partout à la ronde,
À la brune comme à la blonde,
Parler de la sorte ? - Ah ! voilà !

Je vais même plus ****, personne
Ne pourra jamais me guérir,
Ni la sagesse qui sermonne,
Ni le bon Dieu, ni la Sorbonne,
Et c'est fou que je veux mourir.

C'est fou que je mourrai du reste,
Mais oui, Madame, j'en suis sûr,
Et d'abord... de ton moindre geste,
Fou... de ton passage céleste
Qui laisse un parfum de fruit mûr,

De ton allure alerte et franche,
Oui, fou d'amour, oui, fou d'amour,
Fou de ton sacré... coup de hanche,
Qui vous fiche au cœur la peur... blanche,
Mieux... qu'un roulement de tambour ;

Fou de ton petit pied qui vole
Et que je suivrais n'importe où,
Je veux dire... au Ciel ;... ma parole !
J'admire qu'on ne soit pas folle,
Je plains celui qui n'est pas fou.
Quenouille, de Pallas la compagne et l'amie,
Cher présent que je porte à ma chère Marie,
Afin de soulager l'ennui qu'elle a de moi,
Disant quelque chanson en filant dessur toi,
Faisant pirouetter, à son huys amusée,
Tout le jour son rouet et sa grosse fusée.

Quenouille, je te mène où je suis arrêté,
Je voudrais racheter par toi ma liberté.
Tu ne viendras és mains d'une mignonne oisive,
Qui ne fait qu'attifer sa perruque lascive.
Et qui perd tout son temps à mirer et farder
Sa face, à celle fin qu'en l'aille regarder ;
Mais bien entre les mains d'une dispote fille,
Qui dévide, qui coud, qui ménage et qui file
Avecque ses deux sœurs pour tromper ses ennuis,
L'hiver devant le feu, l'été devant son huis.

Aussi je ne voudrais que toi, Quenouille, faite
En notre Vendomois (eu le peuple regrette
Le jour qui passe en vain) allasses en Anjou
Pour demeurer oisive et te rouiller au clou.
Je te puis assurer que sa main délicate
Filera doucement quelque drap d'escarlate,
Qui si fin et si doux en sa laine sera,
Que pour un jour de fête un roi le vêtira.

Suis-moi donc, tu seras la plus que bienvenue,
Quenouille, des deux bouts et greslette et menue
Un peu grosse au milieu où la filasse tient,
Etreinte d'un ruban qui de Montoire vient,
Aime-laine, aime-fil, aime-estaim maisonière,
Longue, palladienne, enflée, chansonnière ;
Suis-moi, laisse Cousture, et allons à Bourgueil,
Où, Quenouille, on te doit recevoir d'un bon œil :
Car le petit présent qu'un loyal ami donne,
Passe des puissants rois le sceptre et la couronne.
Le Meurtre, d'une main violente, brise les liens
Les plus sacrés,
La Mort vient enlever le jeune homme florissant,
Et le Malheur s'approche comme un ennemi rusé
Au milieu des jours de fête.
Schiller.

I.

Modérons les transports d'une ivresse insensée ;
Le passage est bien court de la joie aux douleurs ;
La mort aime à poser sa main lourde et glacée
Sur des fronts couronnés de fleurs.
Demain, souillés de cendre, humbles, courbant nos têtes,
Le vain souvenir de nos fêtes
Sera pour nous presque un remords ;
Nos jeux seront suivis des pompes sépulcrales ;
Car chez nous, malheureux ! l'hymne des saturnales
Sert de prélude au chant des morts.

II.

Fuis les banquets, fais trêve à ton joyeux délire,
Paris, triste cité ! détourne tes regards
Vers le cirque où l'on voit aux accords de la lyre
S'unir les prestiges des arts.
Chœurs, interrompez-vous ; cessez, danses légères ;
Qu'on change en torches funéraires
Ces feux purs, ces brillants flambeaux ; -
Dans cette enceinte, auprès d'une couche sanglante,
J'entends un prêtre saint dont la voix chancelante
Dit la prière des tombeaux.

Sous ces lambris, frappés des éclats de la joie,
Près d'un lit où soupire un mourant étendu,
D'une famille auguste, au désespoir en proie,
Je vois le cortège éperdu.
C'est un père à genoux, c'est un frère en alarmes,
Une sœur qui n'a point de larmes
Pour calmer ses sombres douleurs ;
Car ses affreux revers ont, dès son plus jeune âge,
Dans ses yeux, enflammés d'un si mâle courage,
Tari la source de ses pleurs.

Sur l'échafaud, aux cris d'un sénat sanguinaire,
Sa mère est morte en reine et son père en héros ;
Elle a vu dans les fers périr son jeune frère,
Et n'a pu trouver des bourreaux.
Et, quand des rois ligués la main brisa ses chaînes,
Longtemps, sur des rives lointaines,
Elle a fui nos bords désolés ;
Elle a revu la France, après tant de misères,
Pour apprendre, en rentrant au palais de ses pères,
Que ses maux n'étaient pas comblés.

Plus ****, c'est une épouse... Oh ! qui peindra ses craintes,
Sa force, ses doux soins, son amour assidu ?
Hélas ! et qui dira ses lamentables plaintes,
Quand tout espoir sera perdu ?
Quels étaient nos transports, ô vierge de Sicile,
Quand naguère à ta main docile
Berry joignit sa noble main !
Devais-tu donc, princesse, en touchant ce rivage,
Voir sitôt succéder le crêpe du veuvage
Au chaste voile de l'***** ?

Berry, quand nous vantions ta paisible conquête,
Nos chants ont réveillé le dragon endormi ;
L'Anarchie en grondant a relevé sa tête,
Et l'enfer même en a frémi.
Elle a rugi ; soudain, du milieu des ténèbres,
Clément poussa des cris funèbres,
Ravaillac agita ses fers ;
Et le monstre, étendant ses deux ailes livides,
Aux applaudissements des ombres régicides,
S'envola du fond des enfers.

Le démon, vers nos bords tournant son vol funeste,
Voulut, brisant ces lys qu'il flétrit tant de fois,
Epuiser d'un seul coup le déplorable reste
D'un sang trop fertile en bons rois.
Longtemps le sbire obscur qu'il arma pour son crime,
Rêveur, autour de la victime
Promena ses affreux loisirs ;
Enfin le ciel permet que son vœu s'accomplisse ;
Pleurons tous, car le meurtre a choisi pour complice
Le tumulte de nos plaisirs.

Le fer brille... un cri part : guerriers, volez aux armes !
C'en est fait ; la duchesse accourt en pâlissant ;
Son bras soutient Berry, qu'elle arrose de larmes,
Et qui l'inonde de son sang.
Dressez un lit funèbre : est-il quelque espérance ?...
Hélas ! un lugubre silence
A condamné son triste époux.
Assistez-le, madame, en ce moment horrible ;
Les soins cruels de l'art le rendront plus terrible,
Les vôtres le rendront plus doux.

Monarque en cheveux blancs, hâte-toi, le temps presse ;
Un Bourbon va rentrer au sein de ses aïeux ;
Viens, accours vers ce fils, l'espoir de ta vieillesse ;
Car ta main doit fermer ses yeux !
Il a béni sa fille, à son amour ravie ;
Puis, des vanités de sa vie
Il proclame un noble abandon ;
Vivant, il pardonna ses maux à la patrie ;
Et son dernier soupir, digne du Dieu qu'il prie,
Est encore un cri de pardon.

Mort sublime ! ô regrets ! vois sa grande âme et pleure,
Porte au ciel tes clameurs, ô peuple désolé !
Tu l'as trop peu connu ; c'est à sa dernière heure
Que le héros s'est révélé.
Pour consoler la veuve, apportez l'orpheline ;
Donnez sa fille à Caroline,
La nature encore a ses droits.
Mais, quand périt l'espoir d'une tige féconde,
Qui pourra consoler, dans se terreur profonde,
La France, veuve de ses rois ?

À l'horrible récit, quels cris expiatoires
Vont poussez nos guerriers, fameux par leur valeur !
L'Europe, qu'ébranlait le bruit de leurs victoires,
Va retentir de leur douleur.
Mais toi, que diras-tu, chère et noble Vendée ?
Si longtemps de sang inondée,
Tes regrets seront superflus ;
Et tu seras semblable à la mère accablée,
Qui s'assied sur sa couche et pleure inconsolée,
Parce que son enfant n'est plus !

Bientôt vers Saint-Denis, désertant nos murailles,
Au bruit sourd des clairons, peuple, prêtres, soldats,
Nous suivrons à pas lents le char des funérailles,
Entouré des chars des combats.
Hélas ! jadis souillé par des mains téméraires,
Saint-Denis, où dormaient ses pères,
A vu déjà bien des forfaits ;
Du moins, puisse, à l'abri des complots parricides,
Sous ces murs profanés, parmi ces tombes vides,
Sa cendre reposer en paix !

III.

D'Enghien s'étonnera, dans les célestes sphères,
De voir sitôt l'ami, cher à ses jeunes ans,
À qui le vieux Condé, prêt à quitter nos terres,
Léguait ses devoirs bienfaisants.
À l'aspect de Berry, leur dernière espérance,
Des rois que révère la France
Les ombres frémiront d'effroi ;
Deux héros gémiront sur leurs races éteintes,
Et le vainqueur d'Ivry viendra mêler ses plaintes
Aux pleurs du vainqueur de Rocroy.

Ainsi, Bourbon, au bruit du forfait sanguinaires,
On te vit vers d'Artois accourir désolé ;
Car tu savais les maux que laisse au cœur d'un père
Un fils avant l'âge immolé.
Mais bientôt, chancelant dans ta marche incertaine,
L'affreux souvenir de Vincennes
Vint s'offrir à tes sens glacés ;
Tu pâlis ; et d'Artois, dans la douleur commune,
Sembla presque oublier sa récente infortune,
Pour plaindre tes revers passés.

Et toi, veuve éplorée, au milieu de l'orage
Attends des jours plus doux, espère un sort meilleur ;
Prends ta sœur pour modèle, et puisse ton courage
Etre aussi grand que ton malheur !
Tu porteras comme elle une urne funéraire ;
Comme elle, au sein du sanctuaire,
Tu gémiras sur un cercueil ;
L'hydre des factions, qui, par des morts célèbres,
A marqué pour ta sœur tant d'époques funèbres,
Te fait aussi ton jour de deuil !

IV.

Pourtant, ô frêle appui de la tige royale,
Si Dieu par ton secours signale son pouvoir,
Tu peux sauver la France, et de l'hydre infernale
Tromper encor l'affreux espoir.
Ainsi, quand le Serpent, auteur de tous les crimes,
Vouait d'avance aux noirs abîmes
L'homme que son forfait perdit,
Le Seigneur abaissa sa farouche arrogance ;
Une femme apparut, qui, faible et sans défense,
Brisa du pied son front maudit.

Février 1820.
Quand j'entrai dans la vie, au sortir de l'enfance,

A cet âge innocent où l'homme sans défense,

Inquiet, sans appui, cherche un guide indulgent,

Et, demandant au ciel un ami qui l'entende.

Sent qu'il a si besoin d'une main qu'on lui tende

Et d'un regard encourageant ;


Toi seule, armant ta voix d'une affreuse ironie,

As fait sur un enfant peser ta tyrannie :

A tes rires amers que tu m'as immolé !

Par un plaisir cruel prolongeant ma souffrance,

Ta bouche comme un crime a puni l'ignorance

Et tes dédains m'ont accablé.


Sais-tu que se venger est bien doux ? Mon courage

A supporté l'affront et dévoré l'outrage :

Comme une ombre importune attachée à tes pas

J'ai su te fatiguer par ma fausse tendresse,

J'ai su tromper ton cœur, j'ai su feindre l'ivresse

D'un amour que je n'avais pas.


Te souviens-tu d'abord comme ta résistance

Par de cruels mépris éprouva ma constance.

Mais je pleurai, je crois, je parlai de mourir...

Et puis, on ne peut pas toujours être rebelle ;

A s'entendre sans fin répéter qu'on est belle,

Il faut pourtant bien s'attendrir.


Grâce au ciel ! ma victoire est enfin assurée ;

Au mépris d'un époux et de la foi jurée.

Enfin, tu t'es livrée à moi, tu m'appartiens !

J'ai senti dans ma main frémir ta main tremblante

Et mes baisers errants sur ta bouche brûlante

Se sont mêlés avec les tiens !


Et bien ! sache à présent, et que ton cœur se brise.

Sache que je te hais et que je te méprise,

Sache bien que jamais je ne voulus t'avoir

Que pour pouvoir un jour en face te maudire.

Rire de tes tourments, à mon tour, et te dire

Tout ce que je souffre à te voir !


As-tu donc pu jamais, malheureuse insensée,

Croire que ton image occupait ma pensée ?

Connais-moi maintenant et comprends désormais

Quelle horreur me poussait, quelle rage m'enflamme,

Et ce qu'il m'a fallu de haine au fond de l'âme

Pour te dire que je t'aimais ?


J'ai donc bien réussi, je t'ai donc bien frappée ;

Par un adolescent ta vanité trompée

A pu croire aux serments que ma voix te jurait !

Malgré cet œil perçant, malgré ce long usage,

Tu n'as donc jamais rien trouvé sur mon visage

Qui trahît cet affreux secret ?


Je te lègue en fuyant, une honte éternelle.

Je veux que le remords, active sentinelle.

S'attache à sa victime, et veille à tes côtés,

Qu'il expie à la fois mes chagrins, mes injures

Et cette horrible gêne et ces mille parjures

Que la vengeance m'a coûtés.


C'est bien. Je suis content : j'ai passé mon envie ;

D'un souvenir amer j'empoisonne ta vie.

Va-t'en ! pour me fléchir ces cris sont superflus.

Va-t'en ! pleure à jamais ta honte et ta faiblesse

Et songe bien au moins que c'est moi qui te laisse

Et que c'est moi qui ne veux plus !
Dans la paix triste et profonde
Où me plongeait ce séjour,
J'ignorais qu'au bruit du monde
On peut oublier l'amour :
Quelle est donc cette voix importune et cruelle
Qui déjà me détrompe avec un ris moqueur ?
Comme une flèche aiguë elle siffle autour d'elle,
Et le trait qu'elle porte a déchiré mon cœur.

Au bord de ma tombe ignorée,
Ciel ! par cette langue acérée,
Faut-il qu'un nom trop cher puisse m'atteindre encor,
Pour m'apprendre ( nouvelle affreuse ! )
Que j'étais seule malheureuse,
Et qu'on m'oublie avant ma mort !

Du plus sincère amour quel châtiment terrible !
Je n'étais pas aimée ! ... ô confidence horrible !
Il a parlé longtemps. Mes yeux, gonflés de pleurs,
Se détournaient en vain de ses lèvres légères,
Dont le souffle éteignait mes erreurs les plus chères,
Et dont le rire affreux outrageait mes malheurs.
Lui n'a vu mon effroi ni ma pâleur extrême ;
L'indiscret n'a point d'âme, il ne devine rien ;
Du bruit de sa parole il s'étourdit lui-même,
Il s'écoute, il s'admire, il se répond : c'est bien !
**** de moi... Mais sa voix ! elle me frappe encore ;
Son timbre me poursuit, et partout il m'attend :
Sait-il que je me meurs ? Sait-il que je l'abhorre ?
Il révèle un secret, il parle, il est content.

Ah ! j'aurais dû crier : c'est moi... je l'aime... arrête !
Par ton Dieu, par ta mère et tes premiers amours,
Dis qu'il n'est point parjure ; oh ! dis-le ! je suis prête
À t'entendre, à tout croire, à t'écouter toujours.
Mais non, il n'a pas vu ma main, faible et glacée,
Rassembler mes cheveux pour voiler mon affront ;
Il n'a pas vu la mort, par lui-même tracée,
Sous le bandeau de fleurs qui tremblaient sur mon front.
Aveugle ! il n'a pas vu se fermer et s'éteindre
Mon œil longtemps fermé !
Quand j'ai dit : Se peut-il ! ... ma voix n'a pu l'atteindre ;
Il n'a donc pas aimé ?

Peut-être qu'en naissant il a perdu sa mère,
Qu'il n'a jamais connu le baiser d'une sœur,
Et qu'à ses premiers cris, une dure étrangère
N'a jamais d'une sourire accordé la douceur.

Fuis, dépositaire infidèle
Des secrets imprudents confiés à ta foi !
Va ! qui trompe une amante au moins a pitié d'elle :
Tu trahis un méchant, mais il l'est moins que toi.
Sa pudeur, ses remords prenaient soin de ma vie ;
Lui-même il frémira du mal que tu me fais :
Il laissait l'espérance à mon âme asservie,
Il se taisait enfin ; et moi... que je le hais !

Pour tromper tant d'amour qu'il s'imposa de peine !
Quelle humiliante pitié !
Mais toi, toi qui pour lui m'inspires tant de haine,
Ah ! prends-en la moitié !
Qu'elle attache à mes pleurs une longue puissance ;
Qu'elle effraie à ton nom l'imprudente innocence ;
Que ton cœur s'intimide à mes cris douloureux ;
Qu'il devienne sensible, et qu'il soit malheureux !
Oui, puisses-tu brûler, et languir, et déplaire
Au jeune et froid objet qui sauva t'enflammer ;
Ou plutôt... tremble au vœu qu'inventé ma colère ,
Puisses-tu longtemps vivre, et ne jamais aimer !
Un tout petit enfant s'en allait à l'école.
On avait dit : Allez !... il tâchait d'obéir ;
Mais son livre était lourd, il ne pouvait courir.
Il pleure et suit des yeux une abeille qui vole.

« Abeille, lui dit-il, voulez-vous me parler ?
Moi, je vais à l'école : il faut apprendre à lire ;
Mais le maître est tout noir, et je n'ose pas rire :
Voulez-vous rire, abeille, et m'apprendre à voler ? »

« Non, dit-elle ; j'arrive et je suis très pressée.
J'avais froid ; l'aquilon m'a longtemps oppressée :
Enfin, j'ai vu les fleurs, je redescends du ciel,
Et je vais commencer mon doux rayon de miel.
Voyez ! j'en ai déjà puisé dans quatre roses ;
Avant une heure encor nous en aurons d'écloses.
Vite, vite à la ruche ! on ne rit pas toujours :
C'est pour faire le miel qu'on nous rends les beaux jours. »

Elle fuit et se perd sur la route embaumée.
Le frais lilas sortait d'un vieux mur entr'ouvert ;
Il saluait l'aurore, et l'aurore charmée
Se montrait sans nuage et riait de l'hiver.

Une hirondelle passe : elle effleure la joue
Du petit nonchalant qui s'attriste et qui joue.
Et dans l'air suspendue, en redoublant sa voix,
Fait tressaillir l'écho qui dort au fond des bois.

« Oh ! bonjour ! dit l'enfant, qui se souvenait d'elle ;
Je t'ai vue à l'automne ; oh ! bonjour, hirondelle.
Viens ! tu portais bonheur à ma maison, et moi
Je voudrais du bonheur. Veux-tu m'en donner, toi ?
Jouons. » - « Je le voudrais, répond la voyageuse,
Car je respire à peine, et je me sens joyeuse.
Mais j'ai beaucoup d'amis qui doutent du printemps ;
Ils rêveraient ma mort si je tardais longtemps.
Non, je ne puis jouer. Pour finir leur souffrance,
J'emporte un brin de mousse en signe d'espérance.
Nous allons relever nos palais dégarnis :
L'herbe croît, c'est l'instant des amours et des nids.
J'ai tout vu. Maintenant, fidèle messagère,
Je vais chercher mes soeurs, là-bas, sur le chemin.
Ainsi que nous, enfant, la vie est passagère,
Il faut en profiler. Je me sauve... À demain ! »

L'enfant reste muet ; et, la tête baissée,
Rêve et compte ses pas, pour tromper son ennui,
Quand le livre importun, dont sa main est lassée,
Rompt ses fragiles noeuds, et tombe auprès de lui.

Un dogue l'observait du seuil de sa demeure.
Stentor, gardien sévère et prudent à la fois,
De peur de l'effrayer retient sa grosse voix.
Hélas ! peut-on crier contre un enfant qui pleure ?
« Bon dogue, voulez-vous que je m'approche un peu,
Dit l'écolier plaintif ? Je n'aime pas mon livre ;
Voyez ! ma main est rouge, il en est cause. Au jeu
Rien ne fatigue, on rit ; et moi je voudrais vivre
Sans aller à l'école, où l'on tremble toujours ;
Je m'en plains tous les soirs, et j'y vais tous les jours ;
J'en suis très mécontent. Je n'aime aucune affaire.
Le sort des chiens me plaît, car ils n'ont rien à faire. »

« Écolier ! voyez-vous ce laboureur aux champs ?
Eh bien ! ce laboureur, dit Stentor, c'est mon maître.
Il est très vigilant ; je le suis plus, peut-être.
Il dort la nuit, et moi j'écarte les méchants.
J'éveille aussi ce boeuf qui, d'un pied lent, mais ferme,
Va creuser les sillons quand je garde la ferme.
Pour vous même on travaille ; et, grâce à vos brebis,
Votre mère, en chantant, vous file des habits.
Par le travail tout plaît, tout s'unit, tout s'arrange. »

« Allez donc à l'école ; allez, mon petit ange !
Les chiens ne lisent pas, mais la chaîne est pour eux :
L'ignorance toujours mène à la servitude.
L'homme est fin, l'homme est sage, il nous défend l'étude,
« Enfant, vous serez homme, et vous serez heureux ;
Les chiens vous serviront. » L'enfant l'écouta dire,
Et même il le baisa.
Son livre était moins lourd.
En quittant le bon dogue, il pense, il marche, il court.
L'espoir d'être homme un jour lui ramène un sourire.
À l'école, un peu ****, il arrive gaîment,
Et dans le mois des fruits il lisait couramment.
(Sur sa comédie du trompeur puni.)

Ton Cléonte, par son trépas,
Jette un puissant appas
À la supercherie
Vu l'éclat infini
Qu'il reçoit de ta plume après sa tromperie,
Chacun voudra tromper pour être ainsi puni ;
Et quoi qu'il en perde la vie,
On portera toujours envie
À l'heure qui suit son mauvais sort,
Puisqu'il ne vivrait plus s'il n'était ainsi mort.
Un fils avait tué son père.
Ce crime affreux n'arrive guère
Chez les tigres, les ours ; mais l'homme le commet.
Ce parricide eut l'art de cacher son forfait,
Nul ne le soupçonna : farouche et solitaire,
Il fuyait les humains, il vivait dans les bois,
Espérant échapper aux remords comme aux lois.
Certain jour on le vit détruire à coups de pierre
Un malheureux nid de moineaux.
Eh ! Que vous ont fait ces oiseaux ?
Lui demande un passant : pourquoi tant de colère ?
Ce qu'ils m'ont fait ? Répond le criminel :
Ces oisillons menteurs, que confonde le ciel,
Me reprochent d'avoir assassiné mon père.
Le passant le regarde ; il se trouble, il pâlit,
Sur son front son crime se lit :
Conduit devant le juge, il l'avoue et l'expie.
Ô des vertus dernière amie,
Toi qu'on voudrait en vain éviter ou tromper,
Conscience terrible, on ne peut t'échapper !
cindy Apr 2018
Destin et Instinct, ils ne peuvent se tromper  
Dans le gouffre de mes doutes j’ose espérer  
En ta présence retrouver l’espoir perdu  
En entourant la silhouette de ton corps
L’habitude fait que je l’ai tant parcouru
Condamne donc mes actes, ton regard m’honore

Les murmures des volontés inavouées,
Les passions insatiables à peine exprimées
Des gestes d’amour retenus à l’unisson
Confortés par notre peur des répercussions
Cédons le pas à l’immoral, et nous voilà
Dans la tumulte, le vent nous emportera

Si tu m’annonces qu’Euros et Zéphyr s’embrassent
Sache que d’un oeil envieux ils nous observent
Lorsque de mes bras, sans réserve je t’enlace
Une preuve que dans mon coeur je te préserve
Toi, la lumière qui obscurcit mes tourments
Au milieu d’une tempête de sentiments
Un ami me parlait et me regardait vivre :
Alors, c'était mourir... mon jeune âge était ivre
De l'orage enfermé dont la foudre est au coeur ;
Et cet ami riait, car il était moqueur.

Il n'avait pas d'aimer la funeste science.
Son seul orage à lui, c'était l'impatience.
Léger comme l'oiseau qui siffle avant d'aimer,
Disant : « Tout feu s'éteint, puisqu'il peut s'allumer ; »
Plein de chants, plein d'audace et d'orgueil sans alarme,
Il eût mis tout un jour à comprendre une larme.
De nos printemps égaux lui seul portait les fleurs ;
J'étais déjà l'aînée, hélas ! Par bien des pleurs.

Décorant sa pitié d'une grâce insolente,
Il disputait, joyeux, avec ma voix tremblante.
À ses doutes railleurs, je répondais trop bas...
Prouve-t-on que l'on souffre à qui ne souffre pas ?

Soudain, presque en colère, il m'appela méchante
De tromper la saison où l'on joue, où l'on chante :
« Venez, sortez, courez où sonne le plaisir !
Pourquoi restez-vous là navrant votre loisir ?
Pourquoi défier vos immobiles peines ?
Venez, la vie est belle, et ses coupes sont pleines ! ...
Non ? Vous voulez pleurer ? Soit ! J'ai fait mon devoir :
Adieu ! - quand vous rirez, je reviendrai vous voir. »

Et je le vis s'enfuir comme l'oiseau s'envole ;
Et je pleurai longtemps au bruit de sa parole.
Mais quoi ? La fête en lui chantait si haut alors
Qu'il n'entendait que ceux qui dansent au dehors.

Tout change. Un an s'écoule, il revient... qu'il est pâle !
Sur son front quelle flamme a soufflé tant de hâle ?
Comme il accourt tremblant ! Comme il serre ma main !
Comme ses yeux sont noirs ! Quel démon en chemin
L'a saisi ? - c'est qu'il aime ! Il a trouvé son âme.
Il ne me dira plus : « Que c'est lâche ! Une femme. »
Triste, il m'a demandé : « C'est donc là votre enfer ?
Et je riais... grand dieu ! Vous avez bien souffert ! »
Qu'a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
Oh ! je le vois toujours ! j'y voudrais être encor !
Au milieu des parfums j'y dormais sans défense,
Et le soleil sur lui versait des rayons d'or.
Peut-être qu'à cette heure il colore les roses,
Et que son doux reflet tremble dans le ruisseau.
Viens couler à mes pieds, clair ruisseau qui l'arroses ;
Sous tes flots transparents, montre-moi le berceau ;
Viens, j'attends ta fraîcheur, j'appelle ton murmure ;
J'écoute, réponds-moi !
Sur tes bords, où les fleurs se fanent sans culture,
Les fleurs ont besoin d'eau, mon cœur sèche sans toi.
Viens, viens me rappeler, dans ta course limpide,
Mes jeux, mes premiers jeux, si chers, si décevants,
Des compagnes d'Hélène un souvenir rapide,
Et leurs rires lointains, faibles jouets des vents.
Si tu veux caresser mon oreille attentive,
N'as-tu pas quelquefois, en poursuivant ton cours,
Lorsqu'elles vont s'asseoir et causer sur ta rive,
N'as-tu pas entendu mon nom dans leurs discours ?

Sur les roses peut-être une abeille s'élance :
Je voudrais être abeille et mourir dans les fleurs,
Ou le petit oiseau dont le nid s'y balance :
Il chante, elle est heureuse, et j'ai connu les pleurs.
Je ne pleurais jamais sous sa voûte embaumée ;
Une jeune Espérance y dansait sur mes pas :
Elle venait du ciel, dont l'enfance est aimée ;
Je dansais avec elle ; oh ! je ne pleurais pas !
Elle m'avait donné son prisme, don fragile !
J'ai regardé la vie à travers ses couleurs.
Que la vie était belle ! et, dans son vol agile,
Que ma jeune Espérance y répandait de fleurs !
Qu'il était beau l'ombrage où j'entendais les muses
Me révéler tout bas leurs promesses confuses ;
Où j'osais leur répondre, et de ma faible voix,
Bégayer le serment de suivre un jour leurs lois !
D'un souvenir si doux l'erreur évanouie
Laisse au fond de mon âme un long étonnement.
C'est une belle aurore à peine épanouie
Qui meurt dans un nuage ; et je dis tristement :
Qu'a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
Oh ! j'en parle toujours ! j'y voudrais être encor !
Au milieu des parfums j'y dormais sans défense,
Et le soleil sur lui versait des rayons d'or.

Mais au fond du tableau, cherchant des yeux sa proie,
J'ai vu... je vois encor s'avancer le Malheur.
Il errait comme une ombre, il attristait ma joie
Sous les traits d'un vieux oiseleur ;
Et le vieux oiseleur, patiemment avide,
Aux pièges, avant l'aube, attendait les oiseaux ;
Et le soir il comptait, avec un ris perfide,
Ses petits prisonniers tremblants sous les réseaux.
Est-il toujours bien cruel, bien barbare,
Bien sourd à la prière ? et, dans sa main avare,
Plutôt que de l'ouvrir,
Presse-t-il sa victime à la faire mourir ?
Ah ! Du moins, comme alors, puisse une jeune fille
Courir, en frappant l'air d'une tendre clameur,
Renvoyer dans les cieux la chantante famille,
Et tromper le méchant qui faisait le dormeur !
Dieu ! quand on le trompait, quelle était sa colère !
Il fallait fuir : des pleurs ne lui suffisaient pas ;
Ou, d'une pitié feinte exigeant le salaire,
Il pardonnait tout haut, il maudissait tout bas.
Au pied d'un vieux rempart, une antique chaumière
Lui servait de réduit ;
Il allait s'y cacher tout seul et sans lumière,
Comme l'oiseau de nuit.
Un soir, en traversant l'église abandonnée,
Sa voix nomma la Mort. Que sa voix me fit peur !
Je m'envolai tremblante au seuil où j'étais née,
Et j'entendis l'écho rire avec le trompeur.
« Dis, qu'est-ce que la Mort ? » demandai-je à ma mère.
« - C'est un vieux oiseleur qui menace toujours.
Tout tombe dans ses rets, ma fille, et les beaux jours
S'éteignent sous ses doigts comme un souffle éphémère. »

Je demeurai pensive et triste sur son sein.
Depuis, j'allai m'asseoir aux tombes délaissées :
Leur tranquille silence éveillait mes pensées ;
Y cueillir une fleur me semblait un larcin.
L'aquilon m'effrayait de ses soupirs funèbres.
La voix, toujours la voix, m'annonçait le Malheur ;
Et quand je l'entendais passer dans les ténèbres,
Je disais : « C'est la Mort, ou le vieux oiseleur. »

Mais tout change : l'autan fait place aux vents propices,
La nuit fait place au jour ;
La verdure, au printemps, couvre les précipices,
Et l'hirondelle heureuse y chante son retour :
Je revis le berceau, le soleil et les roses ;
Ruisseau, tu m'appelais, je m'élançai vers toi :
Je t'appelle à mon tour, clair ruisseau qui l'arroses ;
J'écoute, réponds-moi !
Qu'a-t-on fait du bocage où rêva mon enfance ?
Oh ! je le vois toujours ! j'y voudrais être encor !
Au milieu des parfums j'y dormais sans défense,
Et le soleil sur lui versait des rayons d'or !
Que je prenne un moment de repos ? Impossible.
Koran, Zend-Avesta, livres sibyllins, Bible,
Talmud, Toldos Jeschut, Védas, lois de Manou,
Brahmes sanglants, santons fléchissant le genou,
Les contes, les romans, les terreurs, les croyances,
Les superstitions fouillant les consciences,
Puis-je ne pas sentir ces creusements profonds ?
J'en ai ma part. Veaux d'or, sphinx, chimères, griffons,
Les princes des démons et les princes des prêtres,
Synodes, sanhédrins, vils muphtis, scribes traîtres,
Ceux qui des empereurs bénissaient les soldats,
Ceux que payait Tibère et qui payaient Judas,
Ceux qui tendraient encore à Socrate le verre,
Ceux qui redonneraient à Jésus le calvaire,
Tous ces sadducéens, tous ces pharisiens,
Ces anges, que Satan reconnaît pour les siens,
Tout cela, c'est partout. C'est la puissance obscure.

Plaie énorme que fait une abjecte piqûre !

Ce contre-sens : Dieu vrai, les dogmes faux ; cuisson
Du mensonge qui s'est glissé dans la raison !
Démangeaison saignante, incurable, éternelle,
Que sent l'homme en son âme et l'oiseau sous son aile !

Oh ! L'infâme travail ! Ici Mahomet ; là
Cette tête, Wesley, sur ce corps, Loyola ;
Cisneros et Calvin, dont on sent les brûlures.
Ô faux révélateurs ! Ô jongleurs ! Vos allures
Sont louches, et vos pas sont tortueux ; l'effroi,
Et non l'amour, tel est le fond de votre loi ;
Vous faites grimacer l'éternelle figure ;
Vous naissez du sépulcre, et l'on sent que l'augure
Et le devin son pleins de l'ombre du tombeau,
Et que tous ces rêveurs, compagnons du corbeau,
Tous ces fakirs d'Ombos, de Stamboul et de Rome,
N'ont pu faire tomber tant de fables sur l'homme
Qu'en secouant les plis sinistres des linceuls.
Dieu n'étant aperçu que par les astres seuls,
Les penseurs, sachant bien qu'il est là sous ses voiles,
Ont toujours conseillé d'en croire les étoiles ;
Dieu, c'est un lieu fermé dont l'aurore a la clé,
Et la religion, c'est le ciel contemplé.

Mais vous ne voulez pas, prêtres, de cette église.
Vous voulez que la terre en votre livre lise
Tous vos songes, moloch, Vénus, Ève, Astarté,
Au lieu de lire au front des cieux la vérité.
De là la foi changée en crédulité ; l'âme
Éclipsant la raison dans une sombre flamme ;
De là tant d'êtres noirs serpentant dans la nuit.

L'imposture, par qui le vrai temple est détruit,
Est un colosse fait d'un amas de pygmées ;
Les sauterelles sont d'effrayantes armées ;
Ô mages grecs, romains, payens, indous, hébreux,
Le genre humain, couvert de rongeurs ténébreux,
Sent s'élargir sur lui vos hordes invisibles ;
Vous lui faites rêver tous les enfers possibles ;
Le peuple infortuné voit dans son cauchemar
Surgir Torquemada quand disparaît Omar.
Nul répit. Vous aimez les ténèbres utiles,
Et vous y rôdez, vils et vainqueurs, ô reptiles !
Sur toute cette terre, en tous lieux, dans les bois,
Dans le lit nuptial, dans l'alcôve des rois,
Dans les champs, sous l'autel sacré, dans la cellule,
Ce qui se traîne, couve, éclôt, va, vient, pullule,
C'est vous. Vous voulez tout, vous savez tout ; damner,
Bénir, prendre, jurer, tromper, servir, régner,
Briller même ; ramper n'empêche pas de luire.
Chuchotement hideux ! Je vous entends bruire.
Vous mangez votre proie énorme avec bonheur,
Et vous vous appelez entre vous monseigneur.
L'acarus au ciron doit donner de l'altesse.
Quelles que soient votre ombre et votre petitesse,
Je devine, malgré vos soins pour vous cacher,
Que vous êtes sur nous, et je vous sens marcher
Comme on sent remuer les mineurs dans la mine,
Et je ne puis dormir, tant je hais la vermine !
Vous êtes ce qui hait, ce qui mord, ce qui ment.
Vous êtes l'implacable et noir fourmillement.
Vous êtes ce prodige affreux, l'insaisissable.
Qu'on suppose vivants tous les vils grains de sable,
Ce sera vous. Rien, tout. Zéro, des millions.
L'horreur. Moins que des vers et plus que des lions.
L'insecte formidable. Ô monstrueux contraste !
Pas de nains plus chétifs, pas de pouvoir plus vaste.
L'univers est à vous, puisque vous l'emplissez.
Vous possédez les jours futurs, les jours passés,
Le temps, l'éternité, le sommeil, l'insomnie.
Vous êtes l'innombrable, et, dans l'ombre infinie,
Fétides, sur nos peaux mêlant vos petits pas,
Vous vous multipliez ; et je ne comprends pas
Dans quel but Dieu livra les empires, le monde,
Les âmes, les enfants dressant leur tête blonde,
Les temples, les foyers, les vierges, les époux,
L'homme, à l'épouvantable immensité des poux.

Le 26 juillet 1874.
« Quand je cause avec toi paisiblement,

Ce m'est vraiment charmant, tu causes si paisiblement !


Quand je dispute et te fais des reproches,

Tu disputes, c'est drôle, et me fais aussi des reproches.


S'il m'arrive, hélas ! d'un peu te tromper,

misère ! tu cours la ville afin de me tromper.


Et si je suis depuis des temps fidèle,

Tu me restes, durant juste tous ces temps-là, fidèle.


Suis-je heureux, tu te montres plus heureuse

Encore, et je suis plus heureux, d'enfin ! te voir heureuse.


Pleuré-je, tu pleures à mon côté.

Suis-je pressant, tu viens bien gentiment de mon côté.


Quand je me pâme, lors tu te pâmes.

Et je me pâme plus de sentir qu'aussi tu te pâmes.


Ah ! dis quand je mourrai, mourras-tu, toi ? »

Elle : « Comme je t'aimais mieux, je mourrai plus que toi. »


... Et je me réveillai de ce colloque

Hélas ! C'était un rêve (un rêve ou bien quoi ?) ce colloque.
Certes, une telle mort, ignorée ou connue,
N'importe pas au siècle, et rien n'en diminue ;
On n'en parle pas même et l'on passe à côté.
Mais lorsque, grandissant sous le ciel attristé,
L'aveugle suicide étend son aile sombre,
Et prend à chaque instant plus d'âmes sous son ombre ;
Quand il éteint partout, hors des desseins de Dieu,
Des fronts pleins de lumière et des cœurs pleins de feu ;
Quand Robert, qui voilait, peintre au pinceau de flamme,
Sous un regard serein l'orage de son âme,
Rejette le calice avant la fin du jour
Dès qu'il en a vidé ce qu'il contient d'amour ;
Quand Castlereagh, ce taon qui piqua Bonaparte,
Cet anglais mélangé de Carthage et de Sparte,
Se plonge au cœur l'acier et meurt désabusé,
Assouvi de pouvoir, de ruses épuisé ;
Quand Rabbe de poison inonde ses blessures ;
Comme un cerf poursuivi d'aboyantes morsures,
Lorsque Gros haletant se jette, faible et vieux,
Au fleuve, pour tromper sa meute d'envieux ;
Quand de la mère au fils et du père à la fille
Partout ce vent de mort ébranche la famille ;
Lorsqu'on voit le vieillard se hâter au tombeau
Après avoir longtemps trouvé le soleil beau,
Et l'épouse quittant le foyer domestique,
Et l'écolier lisant dans quelque livre antique,
Et tous ces beaux enfants, hélas ! trop tôt mûris,
Qui ne connaissaient pas les hommes, qu'à Paris
Souvent un songe d'or jusques au ciel enlève,
Et qui se sont tués quand du haut de leur rêve
De gloire, de vertu, d'amour, de liberté,
Ils sont tombés le front sur la société !
Alors le croyant prie et le penseur médite !
Hélas ! l'humanité va peut-être trop vite.
Où tend ce siècle ? où court le troupeau des esprits ?
Rien n'est encor trouvé, rien n'est encor compris,
Car beaucoup ici-bas sentent que l'espoir tombe,
Et se brisent la tête à l'angle de la tombe
Comme vous briseriez le soir sur le pavé
Un œuf où rien ne germe et qu'on n'a pas couvé !
Mal d'un siècle en travail où tout se décompose !
Quel en est le remède et quelle en est la cause ?
Serait-ce que la foi derrière la raison
Décroît comme un soleil qui baisse à l'horizon ?
Que Dieu n'est plus compté dans ce que l'homme fonde ?
Et qu'enfin il se fait une nuit trop profonde
Dans ces recoins du cœur, du monde inaperçus,
Que peut seule éclairer votre lampe, ô Jésus !
Est-il temps, matelots mouillés par la tempête,
De rebâtir l'autel et de courber la tête ?
Devons-nous regretter ces jours anciens et forts
Où les vivants croyaient ce qu'avaient cru les morts,
Jours de piété grave et de force féconde,
Lorsque la Bible ouverte éblouissait le monde !

Amas sombre et mouvant de méditations !
Problèmes périlleux ! obscures questions
Qui font que, par moments s'arrêtant immobile,
Le poète pensif erre encor dans la ville
À l'heure où sur ses pas on ne rencontre plus
Que le passant tardif aux yeux irrésolus
Et la ronde de nuit, comme un rêve apparue,
Qui va tâtant dans l'ombre à tous les coins de rue !

Le 4 septembre 1835.
Tu ne dois pas chercher le pouvoir, tu dois faire
Ton œuvre ailleurs ; tu dois, esprit d'une autre sphère,
Devant l'occasion reculer chastement.
De la pensée en deuil doux et sévère amant,
Compris ou dédaigné des hommes, tu dois être
Pâtre pour les garder et pour les bénir prêtre.
Lorsque les citoyens, par la misère aigris,
Fils de la même France et du même Paris,
S'égorgent ; quand, sinistre, et soudain apparue,
La morne barricade au coin de chaque rue
Monte et ***** la mort de partout à la fois,
Tu dois y courir seul et désarmé ; tu dois
Dans cette guerre impie, abominable, infâme,
Présenter ta poitrine et répandre ton âme,
Parler, prier, sauver les faibles et les forts,
Sourire à la mitraille et pleurer sur les morts ;
Puis remonter tranquille à ta place isolée,
Et là, défendre, au sein de l'ardente assemblée,
Et ceux qu'on veut proscrire et ceux qu'on croit juger,
Renverser l'échafaud, servir et protéger
L'ordre et la paix, qu'ébranle un parti téméraire,
Nos soldats trop aisés à tromper, et ton frère,
Le pauvre homme du peuple aux cabanons jeté,
Et les lois, et la triste et fière liberté ;
Consoler dans ces jours d'anxiété funeste,
L'art divin qui frissonne et pleure, et pour le reste
Attendre le moment suprême et décisif.

Ton rôle est d'avertir et de rester pensif.

Le 27 novembre 1848.
Image de la mort, effroi du tendre amour,
Sommeil, emporte au **** ce songe épouvantable !
La mort est dans l'adieu d'un ami véritable :
Ah ! ne m'avertis pas que l'on se quitte un jour !

Dans ton vol escorté de fantômes livides,
Va rendre, s'il se peut, la mémoire aux ingrats ;
Passe comme un miroir devant ces cœurs arides,
Et sous leurs traits hideux va leur tendre les bras !

Que l'avare, étendu dans son étroite couche,
Rêve une fausse clef près d'atteindre son or ;
Qu'il crie, et que sa voix meurt au fond de sa bouche,
Et qu'un bras invisible entr'ouvre son trésor !

Qu'il entende compter ses richesses cachées ;
Que la lampe expirante y jette sa lueur ;
Paralyse ses mains sur lui-même attachées,
Et qu'il tremble, inondé d'une froide sueur !

Va tromper des tyrans les pâles sentinelles,
Fais circuler la crainte autour de leurs rideaux ;
Dissipe les grandeurs qu'ils croyaient éternelles,
Et de pavots sanglants épaissis leurs bandeaux !

Force de ce palais l'enceinte inaccessible ;
Ose annoncer la mort au cœur d'un mauvais roi ;
Ordonne à ce cœur insensible
D'être au moins sensible à l'effroi !

Montre-lui la vengeance implacable, dans l'ombre,
Sous les traits d'un esclave armé de tous ses fers ;
Montre-lui le poignard au feu mourant et sombre
Des yeux qu'il fit pleurer : c'est le feu des enfers.

Que le beffroi s'ébranle, et tinte à son oreille
La fureur populaire et son nom abhorré ;
Que sa porte d'airain en tombant le réveille
Et qu'il ne puisse fuir par la peur égaré !

Mais laisse à l'amour pur des songes sans alarmes ;
Laisse au temps à dissoudre un nœud si doux, si fort !
Malheureux, quand l'amour daigne enchanter nos larmes,
On ne veut plus croire à la mort !
Je faisais ces Sonnets en l'Antre Piéride,
Quand on vit les Français sous les armes suer,
Quand on vit tout le peuple en fureur se ruer,
Quand Bellonne sanglante allait devant pour guide ;

Quand au lieu de la loi, le vice, l'homicide,
L'impudence, le meurtre, et se savoir muer
En Glauque (1) et en Protée, et l'Etat remuer,
Etaient titres d'honneur, nouvelle Thébaïde.

Pour tromper les soucis d'un temps si vicieux,
J'écrivais en ces vers ma complainte inutile.
Mars aussi bien qu'Amour de larmes est joyeux.

L'autre guerre est cruelle, et la mienne est gentille ;
La mienne finirait par un combat de deux,
Et l'autre ne pourrait par un camp de cent mille.


1. Glauque : Glaucus le Pontique (Pêcheur devenu dieu marin.)
VI.

Comme une aumône, enfant, donne donc ta prière
À ton père, à ta mère, aux pères de ton père ;
Donne au riche à qui Dieu refuse le bonheur,
Donne au pauvre, à la veuve, au crime, au vice immonde.
Fais en priant le tour des misères du monde ;
Donne à tous ! donne aux morts ! - Enfin donne au Seigneur !

" Quoi ! murmure ta voix qui veut parler et n'ose.
Au Seigneur, au Très-Haut manque-t-il quelque chose ?
Il est le saint des saints, il est le roi des rois !
Il se fait des soleils un cortège suprême !
Il fait baisser la voix à l'océan lui-même !
Il est seul ! Il est tout ! à jamais ! à la fois !

" Enfant, quand tout le jour vous avez en famille,
Tes deux frères et toi, joué sous la charmille,
Le soir vous êtes las, vos membres sont pliés,
Il vous faut un lait pur et quelques noix frugales,
Et, baisant tour à tour vos têtes inégales,
Votre mère à genoux lave vos faibles pieds.

Eh bien ! il est quelqu'un dans ce monde où nous sommes
Qui tout le jour aussi marche parmi les hommes,
Servant et consolant, à toute heure, en tout lieu,
Un bon pasteur qui suite sa brebis égarée,
Un pèlerin qui va de contrée en contrée.
Ce passant, ce pasteur, ce pèlerin, c'est Dieu !

Le soir il est bien las ! il faut, pour qu'il sourie,
Une âme qui le serve, un enfant qui le prie,
Un peu d'amour ! Ô toi, qui ne sais pas tromper,
Porte-lui ton coeur plein d'innocence et d'extase,
Tremblante et l'oeil baissé, comme un précieux vase
Dont on craint de laisser une goutte échapper !

Porte-lui ta prière ! et quand, à quelque flamme
Qui d'une chaleur douce emplira ta jeune âme,
Tu verras qu'il est proche, alors, ô mon bonheur,
Ô mon enfant ! sans craindre affront ni raillerie,
Verse, comme autrefois Marthe, soeur de Marie,
Verse tout ton parfum sur les pieds du Seigneur !

Mai 1830.
Un jour Ali passait : les têtes les plus hautes
Se courbaient au niveau des pieds de ses arnautes ;
Tout le peuple disait : Allah !
Un derviche soudain, cassé par l'âge aride,
Fendit la foule, prit son cheval par la bride,
Et voici comme il lui parla :

« Ali-Tépéléni, lumière des lumières,
Qui sièges au divan sur les marches premières,
Dont le grand nom toujours grandit,
Ecoute-moi, vizir de ces guerriers sans nombre,
Ombre du padischah qui de Dieu même est l'ombre,
Tu n'es qu'un chien et qu'un maudit !

« Un flambeau du sépulcre à ton insu t'éclaire.
Comme un vase trop plein tu répands ta colère
Sur tout un peuple frémissant ;
Tu brilles sur leurs fronts comme une faulx dans l'herbe
Et tu fait un ciment à ton palais superbe
De leur os broyés dans leur sang.

« Mais ton jour vient. Il faut, dans Janina qui tombe,
Que sous tes pas enfin croule et s'ouvre la tombe ;
Dieu te garde un carcan de fer
Sous l'arbre du segjin chargé d'âmes impies
Qui sur ses rameaux noirs frissonnent accroupies,
Dans la nuit du septième enfer !

« Ton âme fuira nue ; au livre de tes crimes
Un démon te lira les noms de tes victimes ;
Tu les verras autour de toi,
Ces spectres, teints du sang qui n'est plus dans leurs veines,
Se presser, plus nombreux que les paroles vaines
Que balbutiera ton effroi !

« Ceci t'arrivera, sans que ta forteresse
Ou ta flotte te puisse aider dans ta détesse
De sa rame ou de son canon ;
Quand même Ali-Pacha, comme le juif immonde,
Pour tromper l'ange noir qui l'attend hors du monde,
En mourant changerait de nom ! »

Ali sous sa pelisse avait un cimeterre,
Un tromblon tout chargé, s'ouvrant comme un cratère,
Trois longs pistolets, un poignard ;
Il écouta le prêtre et lui laissa tout dire,
Pencha son front rêveur, puis avec un sourire
Donna sa pelisse au vieillard.

Le 8 novembre 1828.
Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s'il marche à gauche ou bien à droite.
- C'est plaisir d'y passer, lorsque Mai sur ses bords,
Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors ;
L'aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d'azur,
Et le *** bouton d'or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots,
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos ;
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles,
À rendre riche en miel tout un peuple d'abeilles.
Sous la haie embaumée un mince filet d'eau
Jase et fait frissonner le verdoyant rideau
Du cresson. - Ce sentier, tel qu'il est, moi je l'aime
Plus que tous les sentiers où se trouvent de même
Une source, une haie et des fleurs ; car c'est lui,
Qui, lorsque au ciel laiteux la lune pâle a lui,
À la brèche du mur, rendez-vous solitaire
Où l'amour s'embellit des charmes du mystère,
Sous les grands châtaigniers aux bercements plaintifs,
Sans les tromper jamais, conduit mes pas furtifs.
NGANGO HONORÉ Nov 2021
Pour élevé nos différences et nos particularités au même point
Pour ne pas définir les castes ou les parias et les classes nobles
Pour ne pas séparer le genre humain sur des bases erronées qui n'existait pas au commencement
Elle existe pour toutes ses raisons.

Pourtant ce pas ce qui est
On l'utilise pour donner un os à croquer aux médias.
Pour tromper l'opinion publique
Pour paraître.

Ce n'est pas ce qui est.
La vérité se sait.
Elle se connaît.
Elle se perçoit.

Les populations sont laissées pour compte.
Dans leur dure réalité
Ils font face aux crocs du malsain et leur voix n'a pas une grande portée.


Si elle m'a confié un secret,
C'est que : si elle n'a pas son dû, les punitions seront au tournant lamda.
Ici se Termine ma série,  ou pour le moment
Ah oui, la question d'argent !

Celle de te voir pleine d'aise

Dans une robe qui te plaise,

Sans trop de ruse ou d'entregent :


Celle d'adorer ton caprice

Et d'aider s'il pleut des louis,

Aux jeux où tu t'épanouis,

Toute de vice et de malice.


D'être là, dans ce Waterloo,

La vie à Paris, de réserve,

Vieille garde que rien n'énerve

Et qui fait bien dans le tableau ;


De me priver de toute joie

En faveur de toi, dusses-tu

Tromper encore ce moi têtu

Qui m'obstine à rester ta proie !


Me l'ont-ils assez reprochée !

Ceux qui ne te comprennent pas,

Grande maîtresse que d'en bas

J'adore, sur mon cœur penchée,


Amis de Job aux conseils vils,

Ne s'étant jamais senti battre

Un cœur amoureux comme quatre

À travers misère et périls !


Ils n'auront jamais la fortune

Ni l'honneur de mourir d'amour

Et de verser tout leur sang pour

L'amour seul de toi, blonde ou brune !

— The End —