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Rien n'est jamais acquis à l'homme Ni sa force
Ni sa faiblesse ni son coeur Et quand il croit
Ouvrir ses bras son ombre est celle d'une croix
Et quand il croit serrer son bonheur il le broie
Sa vie est un étrange et douloureux divorce
Il n'y a pas d'amour heureux

Sa vie Elle ressemble à ces soldats sans armes
Qu'on avait habillés pour un autre destin
À quoi peut leur servir de se lever matin
Eux qu'on retrouve au soir désoeuvrés incertains
Dites ces mots Ma vie Et retenez vos larmes
Il n'y a pas d'amour heureux

Mon bel amour mon cher amour ma déchirure
Je te porte dans moi comme un oiseau blessé
Et ceux-là sans savoir nous regardent passer
Répétant après moi les mots que j'ai tressés
Et qui pour tes grands yeux tout aussitôt moururent
Il n'y a pas d'amour heureux

Le temps d'apprendre à vivre il est déjà trop ****
Que pleurent dans la nuit nos coeurs à l'unisson
Ce qu'il faut de malheur pour la moindre chanson
Ce qu'il faut de regrets pour payer un frisson
Ce qu'il faut de sanglots pour un air de guitare
Il n'y a pas d'amour heureux.
AndSoOn Nov 2014
C’était encore un de ces mois incertains, indécis, entre l’hiver et le printemps. Comme s’ils avaient choisi de nous laisser dans ce froid fatiguant , tout en nous permettant de redécouvrir les couleurs de la nature, Mars, et peut-être Avril, étaient mes mois favoris. Par ma fenêtre, je voyais la nuit endormir en douceur le monde extérieur. C’était encore tôt. L’été s’approchait et la nuit se faisait de plus en plus tardive. Quelques fois, j’hésitais : étais-ce un supplice ou un bonheur ?  La nuit était pour moi un cocon où le froid, les cris et les colères n’étaient pas présents. Et soudain, le vent soufflait dans le jardin, forçant le bois de mes murs à résister, comme pour repousser cet air presque violent. Je souris encore en entendant le craquement du bois contre le vent. J’avais ce sentiment de paix. Peut-être était-ce moi qui redécouvrait les petits plaisirs de la vie ou tout simplement le bois qui me montrait son soutien et sa présence par un petit chuchotement comme un signe de vie. Dans ces moments, je m’enterrais dans mes duvets d’hiver que Maman allait bientôt remplacer par d’autres moins chauds. Que je détestais ces duvets si froids, si plats et si peu accueillants. Mais pendant le mois de mars, ou le mois d’avril, je pouvais encore me blottir dans les gros bras de ma couette. La solitude en devenait moins pesante. Il y avait moi, le bois, le vent, mon duvet.

Ce que je préférais c’était les orages. En plus du vent, les murs de ma chambre devaient combattre la pluie et le tonnerre. Ce concert de bruits naturels était un de mes meilleurs somnifères. Ma chambre était sous les toits. Elle l’est encore. Allongée sur mon lit, je me laissais bercer par la fatigue, perdant mon regard de plus en plus lourd dans les lattes du plafond. Le bruit de la pluie résonnait si délicieusement dans le cocon que je m’étais construit. La pluie sonne encore comme autrefois : un bruit de clavier ou de triangle. C’était un bruit exquis, rare et faible. Elle était là la beauté de ce son. Sa faiblesse le rendait indispensable. Les instruments à vent s’ajoutaient avec magie, suivis des percussions tremblantes créées par le tonnerre. Et l’orchestre devenait apaisant. Je pouvais sentir la pluie s’infiltrer entre les tuiles. Je l’entendais glisser comme au ralentit jusqu’à ce qu’une goutte imaginaire tombe sur mon visage.

Je n’arrivais jamais à complètement apprécier ces moments. J’avais tant envie qu’ils durent à jamais que je résistais au sommeil jusqu’à en souffrir. La fatigue avait cette force que la pluie et le vent ne possédaient pas. Elle pouvait me rendre si lourde et si crispée. En m’en souvenant, je la trouve en quelques points perverse. Elle est à la fois celle qui vous endort et celle qui vous maintient éveillé. Je ne pouvais que garder les yeux ouverts tellement l’envie d’écouter ces sons merveilleux m’obsédait. Mon corps se fatiguait à défaut de pouvoir se crisper. Et je devais abandonner, dans l’espoir que le beau temps ne s’attarde pas. Malgré cela, je pouvais encore rester là, à peine présente, perdue entre la léthargie de mon corps et la vivacité de mon esprit. Je pouvais imaginer avoir les yeux ouverts, les oreilles attentives. Enfin, la paix reprenait le dessus.
Inspired by Proust
L'ANGE DE POÉSIE.

Éveille-toi, ma sœur, je passe près de toi !
De mon sceptre divin tu vas subir la loi ;
Sur toi, du feu sacré tombent les étincelles,
Je caresse ton front de l'azur de mes ailes.
À tes doigts incertains, j'offre ma lyre d'or,
Que ton âme s'éveille et prenne son essor !...

Le printemps n'a qu'un jour, tout passe ou tout s'altère ;
Hâte-toi de cueillir les roses de la terre,
Et chantant les parfums dont s'enivrent tes sens,
Offre tes vers au ciel comme on offre l'encens !
Chante, ma jeune sœur, chante ta belle aurore,
Et révèle ton nom au monde qui l'ignore.

LA JEUNE FEMME.

Grâce !.. éloigne de moi ton souffle inspirateur !
Ne presse pas ainsi ta lyre sur mon cœur !
Dans mon humble foyer, laisse-moi le silence ;
La femme qui rougit a besoin d'ignorance.
Le laurier du poète exige trop d'effort...
J'aime le voile épais dont s'obscurcit mon sort.
Mes jours doivent glisser sur l'océan du monde,
Sans que leur cours léger laisse un sillon sur l'onde ;
Ma voix ne doit chanter que dans le sein des bois,
Sans que l'écho répète un seul son de ma voix.

L'ANGE DE POÉSIE.

Je t'appelle, ma sœur, la résistance est vaine.
Des fleurs de ma couronne, avec art je t'enchaîne :
Tu te débats en vain sous leurs flexibles nœuds.
D'un souffle dévorant j'agite tes cheveux,
Je caresse ton front de ma brûlante haleine !

Mon cœur bat sur ton cœur, ma main saisit la tienne ;
Je t'ouvre le saint temple où chantent les élus...
Le pacte est consommé, je ne te quitte plus !
Dans les vallons lointains suivant ta rêverie,
Je prêterai ma voix aux fleurs de la prairie ;
Elles murmureront : « Chante, chante la fleur
Qui ne vit qu'un seul jour pour vivre sans douleur. »
Tu m'entendras encor dans la brise incertaine
Qui dirige la barque en sa course lointaine ;
Son souffle redira : « Chante le ciel serein ;
Qu'il garde son azur, le salut du marin ! »
J'animerai l'oiseau caché sous le feuillage,
Et le flot écumant qui se brise au rivage ;
L'encens remplira l'air que tu respireras...
Et soumise à mes lois, ma sœur, tu chanteras !

LA JEUNE FEMME.

J'écouterai ta voix, ta divine harmonie,
Et tes rêves d'amour, de gloire et de génie ;
Mon âme frémira comme à l'aspect des cieux...
Des larmes de bonheur brilleront dans mes yeux.
Mais de ce saint délire, ignoré de la terre,
Laisse-moi dans mon cœur conserver le mystère ;

Sous tes longs voiles blancs, cache mon jeune front ;
C'est à toi seul, ami, que mon âme répond !
Et si, dans mon transport, m'échappe une parole,
Ne la redis qu'au Dieu qui comprend et console.
Le talent se soumet au monde, à ses décrets,
Mais un cœur attristé lui cache ses secrets ;

Qu'aurait-il à donner à la foule légère,
Qui veut qu'avec esprit on souffre pour lui plaire ?
Ma faible lyre a peur de l'éclat et du bruit,
Et comme Philomèle, elle chante la nuit.
Adieu donc ! laisse-moi ma douce rêverie,
Reprends ton vol léger vers ta belle patrie !

L'ange reste près d'elle, il sourit à ses pleurs,
Et resserre les nœuds de ses chaînes de fleurs ;
Arrachant une plume à son aile azurée,
Il la met dans la main qui s'était retirée.
En vain elle résiste, il triomphe... il sourit...
Laissant couler ses pleurs, la jeune femme écrit.
La lune est rouge au brumeux horizon ;

Dans un brouillard qui danse, la prairie

S'endort fumeuse, et la grenouille crie

Par les joncs verts où circule un frisson ;


Les fleurs des eaux referment leurs corolles ;

Des peupliers profilent aux lointains,

Droits et serrés, leur spectres incertains ;

Vers les buissons errent les lucioles ;


Les chats-huants s'éveillent, et sans bruit

Rament l'air noir avec leurs ailes lourdes,

Et le zénith s'emplit de lueurs sourdes.

Blanche, Vénus émerge, et c'est la Nuit.
Que n'as-tu comme moi pris naissance au village !
Que n'as-tu pour tout bien un modeste troupeau !
Olivier ! les trésors d'un brillant héritage
Valent-ils le bonheur que t'offrit le hameau ?

Tu vas donc sans regret quitter ce simple asile !
Le calme pour le bruit, et les champs pour la cour !
Tes beaux jours, Olivier, couleront à la ville,
Et moi dans un hameau je vais mourir d'amour.

Si jamais au village un regret te ramène,
Si tes pas incertains s'égarent au vallon,
Tu verras nos deux noms gravés sur le vieux chêne,
Et le cœur qui t'aima couvert d'un froid gazon.

Comme la fleur des bois qui se dessèche et tombe,
Le soir d'un jour brûlant verra finir mon sort ;
Et notre bon pasteur écrira sur ma tombe :
« Olivier ! ne plains pas la douleur qui s'endort. »
À Victor Hugo.


I.

Dans les plis sinueux des vieilles capitales,
Où tout, même l'horreur, tourne aux enchantements,
Je guette, obéissant à mes humeurs fatales
Des êtres singuliers, décrépits et charmants.

Ces monstres disloqués furent jadis des femmes,
Éponine ou Laïs ! Monstres brisés, bossus
Ou tordus, aimons-les ! ce sont encor des âmes.
Sous des jupons troués et sous de froids tissus

Ils rampent, flagellés par les bises iniques,
Frémissant au fracas roulant des omnibus,
Et serrant sur leur flanc, ainsi que des reliques,
Un petit sac brodé de fleurs ou de rébus ;

Ils trottent, tout pareils à des marionnettes ;
Se traînent, comme font les animaux blessés,
Ou dansent, sans vouloir danser, pauvres sonnettes
Où se pend un Démon sans pitié ! Tout cassés

Qu'ils sont, ils ont des yeux perçants comme une vrille,
Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit ;
Ils ont les yeux divins de la petite fille
Qui s'étonne et qui rit à tout ce qui reluit.

- Avez-vous observé que maints cercueils de vieilles
Sont presque aussi petits que celui d'un enfant ?
La Mort savante met dans ces bières pareilles
Un symbole d'un goût bizarre et captivant,

Et lorsque j'entrevois un fantôme débile
Traversant de Paris le fourmillant tableau,
Il me semble toujours que cet être fragile
S'en va tout doucement vers un nouveau berceau ;

A moins que, méditant sur la géométrie,
Je ne cherche, à l'aspect de ces membres discords,
Combien de fois il faut que l'ouvrier varie
La forme de la boîte où l'on met tous ces corps.

- Ces yeux sont des puits faits d'un million de larmes,
Des creusets qu'un métal refroidi pailleta...
Ces yeux mystérieux ont d'invincibles charmes
Pour celui que l'austère Infortune allaita !

II.

De Frascati défunt Vestale enamourée ;
Prêtresse de Thalie, hélas ! dont le souffleur
Enterré sait le nom ; célèbre évaporée
Que Tivoli jadis ombragea dans sa fleur,

Toutes m'enivrent ; mais parmi ces êtres frêles
Il en est qui, faisant de la douleur un miel
Ont dit au Dévouement qui leur prêtait ses ailes :
Hippogriffe puissant, mène-moi jusqu'au ciel !

L'une, par sa patrie au malheur exercée,
L'autre, que son époux surchargea de douleurs,
L'autre, par son enfant Madone transpercée,
Toutes auraient pu faire un fleuve avec leurs pleurs !

III.

Ah ! que j'en ai suivi de ces petites vieilles !
Une, entre autres, à l'heure où le soleil tombant
Ensanglante le ciel de blessures vermeilles,
Pensive, s'asseyait à l'écart sur un banc,

Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre,
Dont les soldats parfois inondent nos jardins,
Et qui, dans ces soirs d'or où l'on se sent revivre,
Versent quelque héroïsme au coeur des citadins.

Celle-là, droite encor, fière et sentant la règle,
Humait avidement ce chant vif et guerrier ;
Son oeil parfois s'ouvrait comme l'oeil d'un vieil aigle ;
Son front de marbre avait l'air fait pour le laurier !

IV.

Telles vous cheminez, stoïques et sans plaintes,
A travers le chaos des vivantes cités,
Mères au coeur saignant, courtisanes ou saintes,
Dont autrefois les noms par tous étaient cités.

Vous qui fûtes la grâce ou qui fûtes la gloire,
Nul ne vous reconnaît ! un ivrogne incivil
Vous insulte en passant d'un amour dérisoire ;
Sur vos talons gambade un enfant lâche et vil.

Honteuses d'exister, ombres ratatinées,
Peureuses, le dos bas, vous côtoyez les murs ;
Et nul ne vous salue, étranges destinées !
Débris d'humanité pour l'éternité mûrs !

Mais moi, moi qui de **** tendrement vous surveille,
L'oeil inquiet, fixé sur vos pas incertains,
Tout comme si j'étais votre père, ô merveille !
Je goûte à votre insu des plaisirs clandestins :

Je vois s'épanouir vos passions novices ;
Sombres ou lumineux, je vis vos jours perdus ;
Mon coeur multiplié jouit de tous vos vices !
Mon âme resplendit de toutes vos vertus !

Ruines ! ma famille ! ô cerveaux congénères !
Je vous fais chaque soir un solennel adieu !
Où serez-vous demain, Èves octogénaires,
Sur qui pèse la griffe effroyable de Dieu ?
Mères, l'enfant qui joue à votre seuil joyeux,
Plus frêle que les fleurs, plus serein que les cieux,
Vous conseille l'amour, la pudeur, la sagesse.
L'enfant, c'est un feu pur dont la chaleur caresse ;
C'est de la gaîté sainte et du bonheur sacré,
C'est le nom paternel dans un rayon doré ;
Et vous n'avez besoin que de cette humble flamme
Pour voir distinctement dans l'ombre de votre âme.
Mères, l'enfant que l'on pleure et qui s'en est allé,
Si vous levez vos fronts vers le ciel constellé,
Verse à votre douleur une lumière auguste ;
Car l'innocent éclaire aussi bien que le juste !
Il montre, clarté douce, à vos yeux abattus,
Derrière notre orgueil, derrière nos vertus,
Derrière nos malheurs, Dieu profond et tranquille.
Que l'enfant vive ou dorme, il rayonne toujours !
Sur cette terre où rien ne va **** sans secours,
Où nos jours incertains sur tant d'abîmes pendent,
Comme un guide au milieu des brumes que répandent
Nos vices ténébreux et nos doutes moqueurs,
Vivant, l'enfant fait voir le devoir à vos coeurs ;
Mort, c'est la vérité qu'à votre âme il dévoile.
Ici, c'est un flambeau ; là-haut, c'est une étoile.

Mars 1840.
Enfant sur la terre on se traîne,
Les yeux et l'âme émerveillés,
Mais, plus ****, on regarde à peine
Cette terre qu'on foule aux pieds.

Je sens déjà que je l'oublie,
Et, parfois, songeur au front las,
Je m'en repens et me rallie
Aux enfants qui vivent plus bas.

Détachés du sein de la mère,
De leurs petits pieds incertains
Ils vont reconnaître la terre
Et pressent tout de leurs deux mains ;

Ils ont de graves tête-à-tête
Avec le chien de la maison ;
Ils voient courir la moindre bête
Dans les profondeurs du gazon ;

Ils écoutent l'herbe qui pousse,
Eux seuls respirent son parfum ;
Ils contemplent les brins de mousse
Et les grains de sable un par un ;

Par tous les calices baisée,
Leur bouche est au niveau des fleurs,
Et c'est souvent de la rosée
Qu'on essuie en séchant leurs pleurs.

J'ai vu la terre aussi me tendre
Ses bras, ses lèvres, autrefois !
Depuis que je la veux comprendre,
Plus jamais je ne l'aperçois.

Elle a pour moi plus de mystère,
Désormais, que de nouveauté ;
J'y sens mon cœur plus solitaire,
Quand j'y rencontre la beauté ;

Et, quand je daigne par caprice
Avec les enfants me baisser,
J'importune cette nourrice
Qui ne veut plus me caresser.

— The End —