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Fable V, Livre II.


Plus galant que sensé, Colin voulut jadis
Réunir dans son champ l'agréable à l'utile,
Et cultiver les fleurs au milieu des épis,
Rien n'était, à son gré, plus sage et plus facile.

Parmi les blés, dans la saison,
Il va donc semant à foison
Bluets, coquelicots, et mainte fleur pareille
Qu'on voit égayer nos guérets,
Quand Flore, en passant chez Cérès,
A laissé pencher sa corbeille.
Dans peu, se disait-il, que mon champ sera beau !
Avant l'ample récolte au moissonneur promise,
Que de bouquets pour Suzette, pour Lise,
Pour les fillettes du hameau !
Partant que de baisers ! oui, cadeau pour cadeau ;
Ou rien pour rien, c'est ma devise.

Le doux printemps paraît enfin :
Le bluet naît avec la rose.
En mai, le bonheur de Colin
Faisait envie à maint voisin ;
En août ce fut tout autre chose.
Tandis qu'il n'était pas d'endroits
Où la moisson ne fût certaine ;
Que les trésors de Beauce au **** doraient la plaine,
Et que le laboureur n'avait plus d'autre peine
Que celle de trouver ses greniers trop étroits ;
Trop **** désabusé de ses projets futiles,
D'un œil obscurci par les pleurs,
Colin, dans ses sillons stérilement fertiles,
Cherche en vain les épis étouffés sous les fleurs.

Vous qui dans ses travaux guidez la faible enfance,
Ceci vous regarde, je crois ;
Chez vous, on apprend à la fois
Le latin, la musique, et l'algèbre, et la danse.
C'est trop. Heureusement savons-nous, mes amis,
Que le Rollin du jour n'est pas de cet avis.
Enseigner moins, mais mieux, oui, tel est son système
Colin, vous dit-il sagement,
Ne cultivons que le froment,
Le bluet viendra de lui-même.
Clara Mustang Jul 2017
L’âme de chacun
Effervescente et angoissée
Elle vole au-dessus des nuées
Remplie de rêves abîmés  
Des rêves qui nous guident, des rêves qui nous aspirent
L’âme est jetée comme les dés, pour aboutir
Elle est constamment tourmentée par la notion du temps
Comment ? Combien ? Quand ?
Le temps est la champagne du vent
Les humains, dirigés par de futiles moments
Ou par la compulsion d’amasser de l’argent
Esclaves du temps
Esclaves d’une horloge
Conduits par leur désir
Qu’ils sèment au vent
Fable VIII, Livre V.


« Laridon, soit dit sans reproche,
C'est un sot métier que le tien, »
Disait un écureuil à certain citoyen
Qui de son espèce était chien
Et de son métier tournebroche.
« Pardon, petit ami, pardon ;
« Mais ce que tu dis là, répond le Laridon,
« On le dirait peut-être avec plus de justice,
« Du métier que le long du jour
« Tu fais enfermé dans ce tour.
« - Ce n'est pas un métier ; ce n'est qu'un exercice.
« - J'estime autant l'oisiveté.
« Cesse de tirer vanité
« De consommer ta force en efforts si futiles ;
« Et méprise un peu moins mon humble activité.
« Tous tes pas sont perdus ; tous les miens sont utiles. »
Gorba Jun 2020
Notre être, à l’incipit, apparaît minuscule
Puis se développe notre histoire jusqu’à son crépuscule
Une existence imaginée comme un cycle par quelques têtus
Constituée d’un début, d’une suite d’intrigues, et d’une fin, avant de nous voir repus

La partie la plus longue est communément appelée la vie
Selon le contexte certaines dérangent et d’autres donnent envie
Certaines sont accompagnées de louanges et d’autres de mépris
D’échecs qui démangent, et de réussites anodines qu’on oublie

Est-il raisonnable de se comparer et de se sentir misérable ?
Alors qu’en creusant un peu on trouverait facilement quelque chose de louable
Quelque chose que l’on a accompli pour aider une personne
Peu importe la teneur de l’effort, l’essentiel est que l’on donne
De sa personne, de son temps, de son pécule
Apportant ainsi un instant de joie, un sourire, en somme rien de ridicule
A quelqu’un dans le besoin, en détresse, ou se sentant inutile
Tel une montre suisse à laquelle il manquerait une pile
En oubliant que nous faisons tous partie d’un seul et même écosystème
Que la mort du phytoplancton* entraînerait l’extinction de la race humaine
Dans une époque où il semblerait que la réussite se mesure à la hauteur de ce qui est ou peut être consommé,
J’estime que nous sommes tous importants et avons tous une valeur
Inestimable, tout en étant palpable et faisant preuve de splendeur
Et qui ne se restreint pas seulement à quelques possessions futiles et prochainement démodées
Pauvreté et richesse se retrouvent souvent en cohabitation
Quelques âmes en peine et perdues rêvent de jouir un jour de la possibilité de posséder un avion
Alors qu’il est possible de voler et de voyager rien qu’avec de l’imagination
Que courir, c’est voler entre deux foulées, voler par intermittence
Que penser c’est voyager et contempler des pensées, sans avoir besoin de prendre des vacances
Il est possible de créer et d’exister via la culture d’une passion
Permettant la naissance d’un bien commun
Un bien immatériel ou non, portant un amour inconsidéré en son sein
Non par hasard mais par dessein.

« Au milieu des choses », on se retrouve parachuté
Dans un monde, une société qu’il est pénible de changer
Mais l’histoire française nous a montré
Qu’en nous y mettant tous ensemble rien ne pourra nous résister.
I

Une Idée, une Forme, un Être
Parti de l'azur et tombé
Dans un Styx bourbeux et plombé
Où nul oeil du Ciel ne pénètre ;

Un Ange, imprudent voyageur
Qu'a tenté l'amour du difforme,
Au fond d'un cauchemar énorme
Se débattant comme un nageur,

Et luttant, angoisses funèbres !
Contre un gigantesque remous
Qui va chantant comme les fous
Et pirouettant dans les ténèbres ;

Un malheureux ensorcelé
Dans ses tâtonnements futiles,
Pour fuir d'un lieu plein de reptiles,
Cherchant la lumière et la clé ;

Un damné descendant sans lampe,
Au bord d'un gouffre dont l'odeur
Trahit l'humide profondeur,
D'éternels escaliers sans rampe,

Où veillent des monstres visqueux
Dont les larges yeux de phosphore
Font une nuit plus noire encore
Et ne rendent visibles qu'eux ;

Un navire pris dans le pôle,
Comme en un piège de cristal,
Cherchant par quel détroit fatal
Il est tombé dans cette geôle ;

- Emblèmes nets, tableau parfait
D'une fortune irrémédiable,
Qui donne à penser que le Diable
Fait toujours bien tout ce qu'il fait !

II

Tête-à-tête sombre et limpide
Qu'un coeur devenu son miroir !
Puits de Vérité, clair et noir,
Où tremble une étoile livide,

Un phare ironique, infernal,
Flambeau des grâces sataniques,
Soulagement et gloire uniques
- La conscience dans le Mal !

— The End —