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Ma Jalouse, Mon Unique, Mon Ultime
Sais-tu ce que Lord Invader, Sam Manning
Cyril Monrose, Charlie Parker, Louis Armstrong
Jack Sneed et Ernest Rangling
Sans oublier Blue Glaze Mento Band et Phil Madison ?
Et je m'arrête là pour l'instant,
Sais-tu ce qu'ils ont en commun ?
Eh bien vois-tu, ce sont tous mes ombres.
Tu ne pourras jamais me comprendre
Si tu ne les comprends pas
Et si tu ne sais pas ce que représentent pour moi
La mangouste et le raccoon.
De même que pour te comprendre il faut avoir lu tout Dostoievski
Pour me comprendre il faut avoir écouté tout Sly Mongoose
Car peut être n'as-tu vu en moi qu'aria et boléro, symphonie et concerto
Alors je t'explique : pour comprendre, n'essaie pas de philosopher
Lève-toi et bouge tout simplement et tu toucheras l 'essence
C'est du folklore, c'est du reggae, c 'est du mento, c'est du calypso, c'est du jazz,
C'est instrumental ou c'est vocal
C'est moi, mes ascendances et descendances.
Sly Mongoose c'est mes Frères Karamasov
Smerdiakov, Aliocha, Ivan et Dmitri
C'est mon Idiot, mon prince Lev Mychkine
C'est mon Joueur, mon Alexei Ivanovitch

Mon Rêve d'un Homme Ridicule
Et Raskolnikov errant dans la nuit dans Crime et Châtiment.
Sly Mongoose c'est l'histoire d'une mangouste maline
Qui a baptisé la fille du pasteur
De son eau sainte
Et qui fuit la Jamaïque
Et part à l'étranger
Après son forfait.
C'est l'histoire d'une mangouste qui vole les poules les plus grasses de la cuisine
Et qui les met dans la poche de son veston
C'est l'histoire d'une mangouste qui entre dans la cuisine d'un prédicateur
Et qui repart avec une des poules les plus grasses
Et tous les chiens savent son nom.
il s'appelle Sly Mangoose
Il est malin, il est vicieux, le compère
C'est mon ombre, que veux-tu
Et parfois pour échapper aux prédateurs
Il prend l'apparence de l'ombre d'un raccoon.
Huit millisecondes
Huit infimes millisecondes
Voici tout ce que Muse
M'a laissé entrevoir
De sa vulve.
Etait-ce par inadvertance
Par bravade ou en toute innocence
Qu'elle m'a autorisé ce jour-là
A me rincer l 'oeil
A travers le trou de la serrure
De mon portable
Alors qu'elle finissait son bain
Et allait se sécher?
Huit millisecondes
De peep show
Qui ont effacé tous les nu non niet
Nee nein não no
Huit millisecondes
Que depuis j'essaie de visualiser à nouveau au ralenti.

En vain.
Rien n'y fait
Muse est de marbre de Carrare.
Inflexible. Intransigeante.
Décidément Muse n 'est pas exhibitionniste.

J 'ai pourtant tout fait pour l 'amadouer.
Je lui dis je veux j 'exige
je la supplie, je lui joue de ma cornemuse
je me mets à genoux, je boude
je lui promets l'enfer et le paradis
Je fais ma grosse voix
je suis saint Thomas
je ne crois que ce que je vois
J 'ai tout fait pour la convaincre.
C'est une chatte comme toutes les chattes, me dit-elle
et moi je lui réponds : non c'est une sainte chatte diablesse
Elle me parle de foi et me jure qu'on ne voit bien qu'avec le coeur.
et pas avec la queue.
Fort bien. J 'ai donc décidé
De regarder la chatte de Muse avec le coeur
Aveugle et scientifique
Au ralenti de mon télescope électronique .
Et savez-vous ce que j 'ai découvert ?
Je vous le donne en mille.
La vulve de ma muse est un vrai diaporama !
La vulve de ma muse est écomorphe !
En un mot pour faire court
La vulve de ma muse a 88 nuances de vulve !
Du mons ***** aux ***** minora
Des ***** majora au *******
des glandes de Bartholin à l 'introïtus
Ma muse c'est quatre-vingt-huit vulves en une !
Toutes de la même espèce rare de vulvae anolis
Mais aux niches, couleurs, mucus et formes fort différents
En fonction de leur environnement et de leurs prédateurs.

Quand je fais l 'iguane
et que je m'approche trop d'elle
La vulve de Muse se perche
Dans les hautes sphères de la canopée
elle est verte alors et se confond avec le feuillage
Tel un zandoli vert
bien malin qui pourrait la voir.

Lors des grosses canicules elle devient marron
elle a soif , se faufile dans le tronc des arbres
A la recherche de la fraîcheur
et s'alimente de la maigre pitance
Du latex des sapotilliers

Et quand elle fait sa sieste
Elle est blanche et noire à la fois
fantomatique et phosphorescente
et elle se pend aux branches
Et est si vulnérable
offerte à tous vents
qu'on peut la capturer
l 'identifier
la mesurer la peser la baguer
et la photographier sous toutes les coutures
avant de la relâcher dans le flot de ses rêves.

Huit millisecondes
C 'est peu pour satisfaire
Même avec les yeux du coeur
Le désir du ******
Mais c'est assez pour alimenter
Les constellations de l 'écriture
Et n 'est-ce pas cela en fait la raison d'être des Muses :
Alimenter , nourrir, susciter l 'envie...d'avoir envie ?
Tandis qu'au **** des nuées,
Qui semblent des paradis,
Dans le bleu sont remuées,
Je t'écoute, et tu me dis :

« Quelle idée as-tu de l'homme,
« De croire qu'il aide Dieu ?
« L'homme est-il donc l'économe
« De l'eau, de l'air et du feu ?

« Est-ce que, dans son armoire,
« Tu l'aurais vu de tes yeux
« Serrer les rouleaux de moire
« Que l'aube déploie aux cieux ?

« Est-ce lui qui gonfle et ride
« La vague, et lui dit : Assez !
« Est-ce lui qui tient la bride
« Des éléments hérissés ?

« Sait-il le secret de l'herbe ?
« Parle-t-il au nid vivant ?
« Met-il sa note superbe
« Dans le noir clairon du vent ?

« La marée âpre et sonore
« Craint-elle son éperon ?
« Connaît-il le météore ?
« Comprend-il le moucheron ?

« L'homme aider Dieu ! lui, ce songe,
« Ce spectre en fuite et tremblant !
« Est-ce grâce à son éponge
« Que le cygne reste blanc ?

« Le fait veut, l'homme acquiesce.
« Je ne vois pas que sa main
« Découpe à l'emporte-pièce
« Les pétales du jasmin.

« Donne-t-il l'odeur aux sauges,
« Parce qu'il sait faire un trou
« Pour mêler le grès des Vosges
« Au salpêtre du Pérou ?

« Règle-t-il l'onde et la brise,
« Parce qu'il disséquera
« De l'argile qu'il a prise
« Près de Rio-Madera ?

« Ôte Dieu ; puis imagine,
« Essaie, invente ; épaissis
« L'idéal subtil d'Égine
« Par les dogmes d'Éleusis ;

« Soude Orphée à Lamettrie ;
« Joins, pour ne pas être à court,
« L'école d'Alexandrie
« À l'école d'Edimbourg ;

« Va du conclave au concile,
« D'Anaximandre à Destutt ;
« Dans quelque cuve fossile
« Exprime tout l'institut ;

« Démaillote la momie ;
« Presse Œdipe et Montyon ;
« Mets en pleine académie
« Le sphinx à la question ;

« Fouille le doute et la grâce ;
« Amalgame en ton guano
« À la Sybaris d'Horace
« Les Chartreux de saint Bruno ;

« Combine Genève et Rome ;
« Fais mettre par ton fermier
« Toutes les vertus de l'homme
« Dans une fosse à fumier ;

« Travaille avec patience
« En puisant au monde entier ;
« Prends pour pilon la science
« Et l'abîme pour mortier ;

« Va, forge ! je te défie
« De faire de ton savoir
« Et de ta philosophie
« Sortir un grain de blé noir !

« Dieu, de sa droite, étreint, fauche,
« Sème, et tout est rajeuni ;
« L'homme n'est qu'une main gauche
« Tâtonnant dans l'infini.

« Aux heures mystérieuses,
« Quand l'eau se change en miroir,
« Rôdes-tu sous les yeuses,
« L'esprit plongé dans le soir ?

« Te dis-tu : - Qu'est-ce que l'homme ? -
« Sonde, ami, sa nullité ;
« Cherche, de quel chiffre, en somme,
« Il accroît l'éternité !

« L'homme est vain. Pourquoi, poète,
« Ne pas le voir tel qu'il est,
« Dans le sépulcre squelette,
« Et sur la terre valet !

« L'homme est nu, stérile, blême,
« Plus frêle qu'un passereau ;
« C'est le puits du néant même
« Qui s'ouvre dans ce zéro.

« Va, Dieu crée et développe
« Un lion très réussi,
« Un bélier, une antilope,
« Sans le concours de Poissy.

« Il fait l'aile de la mouche
« Du doigt dont il façonna
« L'immense taureau farouche
« De la Sierra Morena ;

« Et dans l'herbe et la rosée
« Sa génisse au fier sabot
« Règne, et n'est point éclipsée
« Par la vache Sarlabot.

« Oui, la graine dans l'espace
« Vole à travers le brouillard,
« Et de toi le vent se passe,
« Semoir Jacquet-Robillard !

« Ce laboureur, la tempête,
« N'a pas, dans les gouffres noirs,
« Besoin que Grignon lui prête
« Sa charrue à trois versoirs.

« Germinal, dans l'atmosphère,  
« Soufflant sur les prés fleuris,  
« Sait encor mieux son affaire  
« Qu'un maraîcher de Paris.

« Quand Dieu veut teindre de flamme
« Le scarabée ou la fleur,
« Je ne vois point qu'il réclame
« La lampe de l'émailleur.

« L'homme peut se croire prêtre,
« L'homme peut se dire roi,
« Je lui laisse son peut-être,
« Mais je doute, quant à moi,

« Que Dieu, qui met mon image
« Au lac où je prends mon bain,
« Fasse faire l'étamage
« Des étangs, à Saint-Gobain.

« Quand Dieu pose sur l'eau sombre
« L'arc-en-ciel comme un siphon,
« Quand au tourbillon plein d'ombre
« Il attelle le typhon,

« Quand il maintient d'âge en âge
« L'hiver, l'été, mai vermeil,
« Janvier triste, et l'engrenage
« De l'astre autour du soleil,

« Quand les zodiaques roulent,
« Amarrés solidement,
« Sans que jamais elles croulent,
« Aux poutres du firmament,

« Quand tournent, rentrent et sortent
« Ces effrayants cabestans
« Dont les extrémités portent
« Le ciel, les saisons, le temps ;

« Pour combiner ces rouages
« Précis comme l'absolu,
« Pour que l'urne des nuages
« Bascule au moment voulu,

« Pour que la planète passe,
« Tel jour, au point indiqué,
« Pour que la mer ne s'amasse
« Que jusqu'à l'ourlet du quai,

« Pour que jamais la comète
« Ne rencontre un univers,
« Pour que l'essaim sur l'Hymète
« Trouve en juin les lys ouverts,

« Pour que jamais, quand approche
« L'heure obscure où l'azur luit,
« Une étoile ne s'accroche
« À quelque angle de la nuit,

« Pour que jamais les effluves
« Les forces, le gaz, l'aimant,
« Ne manquent aux vastes cuves
« De l'éternel mouvement,

« Pour régler ce jeu sublime,
« Cet équilibre béni,
« Ces balancements d'abîme,
« Ces écluses d'infini,

« Pour que, courbée ou grandie,
« L'oeuvre marche sans un pli,
« Je crois peu qu'il étudie
« La machine de Marly ! »

Ton ironie est amère,
Mais elle se trompe, ami.
Dieu compte avec l'éphémère,
Et s'appuie à la fourmi.

Dieu n'a rien fait d'inutile.
La terre, hymne où rien n'est vain,
Chante, et l'homme est le dactyle
De l'hexamètre divin.

L'homme et Dieu sont parallèles :
Dieu créant, l'homme inventant.
Dieu donne à l'homme ses ailes.
L'éternité fait l'instant.

L'homme est son auxiliaire
Pour le bien et la vertu.
L'arbre est Dieu, l'homme est le lierre ;
Dieu de l'homme s'est vêtu.

Dieu s'en sert, donc il s'en aide.
L'astre apparaît dans l'éclair ;
Zeus est dans Archimède,
Et Jéhovah dans Képler.

Jusqu'à ce que l'homme meure,
Il va toujours en avant.
Sa pensée a pour demeure
L'immense idéal vivant.

Dans tout génie il s'incarne ;
Le monde est sous son orteil ;
Et s'il n'a qu'une lucarne,
Il y pose le soleil.

Aux terreurs inabordable,
Coupant tous les fatals noeuds,
L'homme marche formidable,
Tranquille et vertigineux.

De limon il se fait lave,
Et colosse d'embryon ;
Epictète était esclave,
Molière était histrion,

Ésope était saltimbanque,
Qu'importe ! - il n'est arrêté
Que lorsque le pied lui manque
Au bord de l'éternité.

L'homme n'est pas autre chose
Que le prête-nom de Dieu.
Quoi qu'il fasse, il sent la cause
Impénétrable, au milieu.

Phidias cisèle Athènes ;
Michel-Ange est surhumain ;
Cyrus, Rhamsès, capitaines,
Ont une flamme à la main ;

Euclide trouve le mètre,
Le rythme sort d'Amphion ;
Jésus-Christ vient tout soumettre,
Même le glaive, au rayon ;

Brutus fait la délivrance ;
Platon fait la liberté ;
Jeanne d'Arc sacre la France
Avec sa virginité ;

Dans le bloc des erreurs noires
Voltaire ses coins ;
Luther brise les mâchoires
De Rome entre ses deux poings ;

Dante ouvre l'ombre et l'anime ;
Colomb fend l'océan bleu... -
C'est Dieu sous un pseudonyme,
C'est Dieu masqué, mais c'est Dieu.

L'homme est le fanal du monde.
Ce puissant esprit banni
Jette une lueur profonde
Jusqu'au seuil de l'infini.

Cent carrefours se partagent
Ce chercheur sans point d'appui ;
Tous les problèmes étagent
Leurs sombres voûtes sur lui.

Il dissipe les ténèbres ;
Il montre dans le lointain
Les promontoires funèbres
De l'abîme et du destin.

Il fait voir les vagues marches
Du sépulcre, et sa clarté
Blanchit les premières arches
Du pont de l'éternité.

Sous l'effrayante caverne
Il rayonne, et l'horreur fuit.
Quelqu'un tient cette lanterne ;
Mais elle t'éclaire, ô nuit !

Le progrès est en litige
Entre l'homme et Jéhovah ;
La greffe ajoute à la tige ;
Dieu cacha, l'homme trouva.

De quelque nom qu'on la nomme,
La science au vaste voeu
Occupe le pied de l'homme
À faire les pas de Dieu.

La mer tient l'homme et l'isole,
Et l'égare **** du port ;
Par le doigt de la boussole
Il se fait montrer le nord.

Dans sa morne casemate,
Penn rend ce damné meilleur ;
Jenner dit : Va-t-en, stigmate !
Jackson dit : Va-t-en, douleur !

Dieu fait l'épi, nous la gerbe ;
Il est grand, l'homme est fécond ;
Dieu créa le premier verbe
Et Gutenberg le second.

La pesanteur, la distance,
Contre l'homme aux luttes prêt,
Prononcent une sentence ;
Montgolfier casse l'arrêt.

Tous les anciens maux tenaces,
Hurlant sous le ciel profond,
Ne sont plus que des menaces
De fantômes qui s'en vont.

Le tonnerre au bruit difforme
Gronde... - on raille sans péril
La marionnette énorme
Que Franklin tient par un fil.

Nemrod était une bête
Chassant aux hommes, parmi
La démence et la tempête
De l'ancien monde ennemi.

Dracon était un cerbère
Qui grince encor sous le ciel
Avec trois têtes : Tibère,
Caïphe et Machiavel.

Nemrod s'appelait la Force,
Dracon s'appelait la Loi ;
On les sentait sous l'écorce
Du vieux prêtre et du vieux roi.

Tous deux sont morts. Plus de haines !
Oh ! ce fut un puissant bruit
Quand se rompirent les chaînes
Qui liaient l'homme à la nuit !

L'homme est l'appareil austère
Du progrès mystérieux ;
Dieu fait par l'homme sur terre
Ce qu'il fait par l'ange aux cieux.

Dieu sur tous les êtres pose
Son reflet prodigieux,
Créant le bien par la chose,
Créant par l'homme le mieux.

La nature était terrible,
Sans pitié, presque sans jour ;
L'homme la vanne en son crible,
Et n'y laisse que l'amour.

Toutes sortes de lois sombres
Semblaient sortir du destin ;
Le mal heurtait aux décombres
Le pied de l'homme incertain.

Pendant qu'à travers l'espace
Elle roule en hésitant ;
Un flot de ténèbres passe
Sur la terre à chaque instant ;

Mais des foyers y flamboient,
Tout s'éclaircit, on le sent,
Et déjà les anges voient
Ce noir globe blanchissant.

Sous l'urne des jours sans nombre
Depuis qu'il suit son chemin,
La décroissance de l'ombre
Vient des yeux du genre humain.

L'autel n'ose plus proscrire ;
La misère est morte enfin ;
Pain à tous ! on voit sourire
Les sombres dents de la faim.

L'erreur tombe ; on l'évacue ;
Les dogmes sont muselés ;
La guerre est une vaincue ;
Joie aux fleurs et paix aux blés !

L'ignorance est terrassée ;
Ce monstre, à demi dormant,
Avait la nuit pour pensée
Et pour voix le bégaiement.

Oui, voici qu'enfin recule
L'affreux groupe des fléaux !
L'homme est l'invincible hercule,
Le balayeur du chaos.

Sa massue est la justice,
Sa colère est la bonté.
Le ciel s'appuie au solstice
Et l'homme à sa volonté.

Il veut. Tout cède et tout plie.
Il construit quand il détruit ;
Et sa science est remplie
Des lumières de la nuit.

Il enchaîne les désastres,
Il tord la rébellion,
Il est sublime ; et les astres
Sont sur sa peau de lion.
Je te note, Maitreyi,
Comme je te l'ai promis
Non pas que je te compare à d'autres
Ni que j'évalue ta sismicité
Sur une échelle quelconque de Richter
Ou une valence particulière
À laquelle tu serais prédisposée .
Je te note, ma poétesse, ma philosophe,
Ma peintre, mon actrice, ma nourrice,
Non pas pour te donner une côte
Un numéro dans une course handicap
À la jouissance absolue
À la jouissance infinie
À la jouissance inaccessible.
Dans ma note il n'y a ni favori
Ni outsider ni tocard
Il n'y a pas de trente-huit contre un
Et je ne joue pas le champ sur ton nom
Et peu m'importent ton entraîneur, ton soigneur, ton jockey, ton lad
Peu m'importe le guru qui te drive
Je ne te note ni de zéro à vingt
Je ne te note ni de a à z
Et même si je sais fort bien
Que toute note dénote un à priori
Un parti pris
J'essaie d'être le moins partial possible
J'essaie d'être juste.
Et même quand on chante faux
On ne mérite jamais de zéro pointé
Car on a essayé, on a osé
On a performé.
On a perforé l'air de sa voix.
On a existé.
Je te note donc, ma pantheiste,
Tout en relativisant la portée de mon geste
Je te note les lèvres mineures et majeures,
Les jambes, les chevilles au ralenti
Comme par effraction symbolique
Je t'effleure de ma clé d'ut
Et je te parsème de dièses et de bémols
Subjectivement
Inconsciemment
Je soupèse tes noires et tes blanches
Je te caresse indistinctement tes do
Tes la, tes mi, tes sol, tes fa, tes ré
Qui bouillonnant de concert
Dans un indécryptable maelström
Et je décrète de ma toute-puissance Arbitrale et analytique
Que tu es muse atypique
De chocolat et de vanille
En sempiternelle excursion dans le plaisir
Et donc par définition histrionique
Éternellement insatisfaite
Et la note coquette que je te donne en dot
C'est le silence de la divine comédie
Que j'ai plaisir à déchiffrer
Dans la distance pudique de l'absence incurable
Des Ganges couleur avocat qui couinent muets
Entre trente-deuxième de soupir
Et bâton de pause.
Viens donc ma Muse
Et comme chaque dimanche matin
J'ouvre grand mes ailes
Viens danser avec les fauves
Et prends-moi sous l'aisselle
Plonge dans ma sueur matinale
Tu vois, tu sens le parfum
De la bête qui halète
Quand tu l'allaites de tes désirs secrets.
Cette bête qui dort en moi
Et qui te captive
Cette bête aux mille têtes et aux mille poils
Qui t'épient et que tu guettes
Par la fenêtre
Le parfum de cerf-lynx qui te hante
Une odeur oubliée qui t'obnubile
Une odeur de ton enfance
Comme une souffrance lancinante
Qui te trouble et t'exaspère
Une puanteur charnelle instinctive
Presque un fleuve liquide
Qui se répand comme une onde de rut
Et se faufile entres tes lèvres et narines
Sur les chemins pentus de l'extase.

Sens-moi épanche-toi
Hume-moi respire-moi
Renifle-moi
Essaie de deviner le nom de ce parfum :
Cocaïne de Lanvin ?
Fleurs du Mâle de Guerlain?
Encens Sauvage de Dior ?
Sang-dragon de Givenchy ?
Et si c'était simplement Cyprine de Muse
Que tu secrétais sous mes aisselles?
C'était la plus belle soirée de ma vie
J'aimerais m'en rappeler comme si c'était hier
C'était la plus horrible journée de ma vie
J'aimerais oublier comme si ce n'était hier:

Je suis dans une gare, le train n'arrive pas
Je me soumet la question, ce que j'aimerais m’éviter
J'attend ma belle et elle n'arrive pas
Je perds le temps que j’essaie de gagner

Je parle aux voyageurs antipathiques
Pour tuer le temps perdu
Coincé dans ce gâchis esthétique.
Avant que le temps ne me tue
Je quitte ce café pathétique,
Purgatoire pour excommuniés
Avant, je commande un autre verre, foutu tic,
Foutue expatriation, je veux t'oublier

Je me retrouve donc dans un carrefour sombre
Où se rencontrent les civilisations
Pas un arbre pour profiter de l’ombre
Il n’y a plus de lumière ni plus de son
On me noie
Au milieu d’une mer de gens qui n’ont pas vécus
Je suis assoiffé d’un ami
Au milieu du désert avec personne en vue
Dans ma propre ville je suis intru.
L’anonymat de l’exil,
On me connait bien à l’institut,
Je m’y reconnais dans chaque tuile,
Dans ses murs peints à l’huile
Je suis ici, et je suis là
Je m’imagine ailleurs mais c’est futile
Détachez-moi, je ne fuirais pas !

Je suis rescapé,
Je suis perdu !
Les heures m’ont échappées,
Le temps m’est perdu
Comment s’en sortir quand on est un débauché ?
Je suis mort, je suis pendu !
Comment repartir quand le train a déraillé ?
Quel guet-apen l’on m’a tendu !

On me somme de rentrer chez moi,
Le dernier train est passé, et je ne l’ai pas pris
Mes oeufs dans le même panier, et j’ai fais le mauvais choix
Je ne me reconnais plus, qu’est-ce qui m’as pris ?

J’essaie de me souvenir
Ce n’est certes pas la dernière fois
On m’a pris mes souvenirs
Comment me suis-je retrouvé là ?

Au retour d'une aventure (rêverie) que je regrette
Mes amis me dévisagent en traître
Je me défend en phrases toutes faites
Ah, si j’avais appris de mes ancêtres...

J’y retourne chaque matin,
Dans l’espoir de retrouver celui-ci (l’espoir)
Pas de libre arbitre pour un pantin
Chaque fois on m’affirme que je ne viens pas d’ici (chaque soir).

L’élégance d’une mort heureuse
Je ne pense plus au car de la malheureuse,
J’attend celui qui me portera **** de ces malheurs;
Jamais n'est-il à l’heure.
À Catulle Mendès


La petite marquise Osine est toute belle,

Elle pourrait aller grossir la ribambelle

Des folles de Watteau sous leur chapeau de fleurs

Et de soleil, mais comme on dit, elle aime ailleurs

Parisienne en tout, spirituelle et bonne

Et mauvaise à ne rien redouter de personne,

Avec cet air mi-faux qui fait que l'on vous croit,

C'est un ange fait pour le monde qu'elle voit,

Un ange blond, et même on dit qu'il a des ailes.


Vingt soupirants, brûlés du feu des meilleurs zèles

Avaient en vain quêté leur main à ses seize ans,

Quand le pauvre marquis, quittant ses paysans

Comme il avait quitté son escadron, vint faire

Escale au Jockey ; vous connaissez son affaire

Avec la grosse Emma de qui - l'eussions-nous cru ?

Le bon garçon était absolument féru,

Son désespoir après le départ de la grue,

Le duel avec Gontran, c'est vieux comme la rue ;

Bref il vit la petite un jour dans un salon,

S'en éprit tout d'un coup comme un fou ; même l'on

Dit qu'il en oublia si bien son infidèle

Qu'on le voyait le jour d'ensuite avec Adèle.

Temps et mœurs ! La petite (on sait tout aux Oiseaux)

Connaissait le roman du cher, et jusques aux

Moindres chapitres : elle en conçut de l'estime.

Aussi quand le marquis offrit sa légitime

Et sa main contre sa menotte, elle dit : Oui,

Avec un franc parler d'allégresse inouï.

Les parents, voyant sans horreur ce mariage

(Le marquis était riche et pouvait passer sage)

Signèrent au contrat avec laisser-aller.

Elle qui voyait là quelqu'un à consoler

Ouït la messe dans une ferveur profonde.


Elle le consola deux ans. Deux ans du monde !


Mais tout passe !

Si bien qu'un jour qu'elle attendait

Un autre et que cet autre atrocement tardait,

De dépit la voilà soudain qui s'agenouille

Devant l'image d'une Vierge à la quenouille

Qui se trouvait là, dans cette chambre en garni,

Demandant à Marie, en un trouble infini,

Pardon de son péché si grand, - si cher encore

Bien qu'elle croie au fond du cœur qu'elle l'abhorre.


Comme elle relevait son front d'entre ses mains

Elle vit Jésus-Christ avec les traits humains

Et les habits qu'il a dans les tableaux d'église.

Sévère, il regardait tristement la marquise.

La vision flottait blanche dans un jour bleu

Dont les ondes voilant l'apparence du lieu,

Semblaient envelopper d'une atmosphère élue

Osine qui tremblait d'extase irrésolue

Et qui balbutiait des exclamations.

Des accords assoupis de harpes de Sions

Célestes descendaient et montaient par la chambre

Et des parfums d'encens, de cinnamome et d'ambre

Fluaient, et le parquet retentissait des pas

Mystérieux de pieds que l'on ne voyait pas,

Tandis qu'autour c'était, en cadences soyeuses,

Un grand frémissement d'ailes mystérieuses

La marquise restait à genoux, attendant,

Toute admiration peureuse, cependant.


Et le Sauveur parla :

« Ma fille, le temps passe,

Et ce n'est pas toujours le moment de la grâce.

Profitez de cette heure, ou c'en est fait de vous. »


La vision cessa.

Oui certes, il est doux

Le roman d'un premier amant. L'âme s'essaie,

C'est un jeune coureur à la première haie.

C'est si mignard qu'on croit à peine que c'est mal.

Quelque chose d'étonnamment matutinal.

On sort du mariage habitueux. C'est comme

Qui dirait la lueur aurorale de l'homme

Et les baisers parmi cette fraîche clarté

Sonnent comme des cris d'alouette en été,

Ô le premier amant ! Souvenez-vous, mesdames !

Vagissant et timide élancement des âmes

Vers le fruit défendu qu'un soupir révéla...

Mais le second amant d'une femme, voilà !

On a tout su. La faute est bien délibérée

Et c'est bien un nouvel état que l'on se crée,

Un autre mariage à soi-même avoué.

Plus de retour possible au foyer bafoué.

Le mari, débonnaire ou non, fait bonne garde

Et dissimule mal. Déjà rit et bavarde

Le monde hostile et qui sévirait au besoin.

Ah, que l'aise de l'autre intrigue se fait **** !

Mais aussi cette fois comme on vit ; comme on aime,

Tout le cœur est éclos en une fleur suprême.

Ah, c'est bon ! Et l'on jette à ce feu tout remords,

On ne vit que pour lui, tous autres soins sont morts.

On est à lui, on n'est qu'à lui, c'est pour la vie,

Ce sera pour après la vie, et l'on défie

Les lois humaines et divines, car on est

Folle de corps et d'âme, et l'on ne reconnaît

Plus rien, et l'on ne sait plus rien, sinon qu'on l'aime !


Or cet amant était justement le deuxième

De la marquise, ce qui fait qu'un jour après,

- Ô sans malice et presque avec quelques regrets -

Elle le revoyait pour le revoir encore.

Quant au miracle, comme une odeur s'évapore,

Elle n'y pensa plus bientôt que vaguement.


Un matin, elle était dans son jardin charmant,

Un matin de printemps, un jardin de plaisance.

Les fleurs vraiment semblaient saluer sa présence,

Et frémissaient au vent léger, et s'inclinaient

Et les feuillages, verts tendrement, lui donnaient

L'aubade d'un timide et délicat ramage

Et les petits oiseaux, volant à son passage,

Pépiaient à plaisir dans l'air tout embaumé

Des feuilles, des bourgeons et des gommes de mai.

Elle pensait à lui ; sa vue errait, distraite,

À travers l'ombre jeune et la pompe discrète

D'un grand rosier bercé d'un mouvement câlin,

Quand elle vit Jésus en vêtements de lin

Qui marchait, écartant les branches de l'arbuste

Et la couvait d'un long regard triste. Et le Juste

Pleurait. Et tout en un instant s'évanouit.


Elle se recueillait.

Soudain un petit bruit

Se fit. On lui portait en secret une lettre,

Une lettre de lui, qui lui marquait peut-être

Un rendez-vous.


Elle ne put la déchirer.


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Marquis, pauvre marquis, qu'avez-vous à pleurer

Au chevet de ce lit de blanche mousseline ?

Elle est malade, bien malade.

« Sœur Aline,

A-t-elle un peu dormi ? »

- « Mal, monsieur le marquis. »

Et le marquis pleurait.

« Elle est ainsi depuis

Deux heures, somnolente et calme. Mais que dire

De la nuit ? Ah, monsieur le marquis, quel délire !

Elle vous appelait, vous demandait pardon

Sans cesse, encor, toujours, et tirait le cordon

De sa sonnette. »

Et le marquis frappait sa tête

De ses deux poings et, fou dans sa douleur muette

Marchait à grands pas sourds sur les tapis épais

(Dès qu'elle fut malade, elle n'eut pas de paix

Qu'elle n'eût avoué ses fautes au pauvre homme

Qui pardonna.) La sœur reprit pâle : « Elle eut comme

Un rêve, un rêve affreux. Elle voyait Jésus,

Terrible sur la nue et qui marchait dessus,

Un glaive dans la main droite, et de la main gauche

Qui ramait lentement comme une faux qui fauche,

Écartant sa prière, et passait furieux. »


. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .


Un prêtre, saluant les assistants des yeux,

Entre.

Elle dort.

Ô ses paupières violettes !

Ô ses petites mains qui tremblent maigrelettes !

Ô tout son corps perdu dans les draps étouffants !


Regardez, elle meurt de la mort des enfants.

Et le prêtre anxieux, se penche à son oreille.

Elle s'agite un peu, la voilà qui s'éveille,

Elle voudrait parler, la voilà qui s'endort

Plus pâle.

Et le marquis : « Est-ce déjà la mort ? »

Et le docteur lui prend les deux mains, et sort vite.


On l'enterrait hier matin. Pauvre petite !
Plus je t'observe
Plus je te contourne
Plus je te cisèle à distance
Dans le marbre de Carrara
Plus il m'apparaît
Sans équivoque
Que debout ou assise
Allongée ou dans un étrange lotus
De dos ou de profil
Nue ou endormie
Cartomancienne ou bohémienne
Tu es mon rêve fait femme
Le portrait craché de ma Muse.

Partout où le vent me porte
Je te vois flâner dans l'ombre de mes pas
Un jour tu es Madone et tu me souris
De ton piédestal de croix et de chapelets
De bougies et d'encens qui brûlent

L'instant d'après, cantatrice tu entonnes
En soprano lyrique les grands airs de l'opéra
Tu es fille de roi, tu es esclave
Tu es servante mais toujours amoureuse.

J'essaie de façonner dans la glaise
Une à une les courbes parfaites
Dont t'as doté la nature
Et je ne vois que chair généreuse et souple
Cuisses ouvertes et offertes
Nonchalantes et sensuelles
Je te vois forte et légère
Bien ancrée à la terre comme au ciel
Et même si je t'habille c'est nue que je te vois
Que je te détaille sous ton masque
Et que j'essaie de reproduire la lumière
Qui nimbe ton corps.
Et surtout je vois ton âme
Inlassablement charnelle :
Tes seins qui éclatent dans leur corset de soie
Tes yeux qui sourient des larmes de joie
Tes bras qui font des arabesques
Tes fesses pulpeuses et fraîches
Qui chevauchent les chevaux en transe
Ta bouche qui mordille la peau des nuages
Tes pieds de Gradiva qui s'enfoncent dans les sables mouvants
Et tes mains qui me font signe au ****
De chanter ta gloire éternelle.
Le creux de ta nuque qui m'encourage
Et m'invite à l'envol vers toi
Et cette vulve souveraine au delà des monts et des mers
Qui m'attire comme un aimant invisible
Vers ton royaume et me charrie dans le flot
De tes désirs les plus innommables.
Finalement jour après nuit je m'accroche
Aux fils de tes cheveux tressés
En une longue natte de poissons gigotants
Et de fruits odorants
Pour m'accueillir à ton balcon
Et je grimpe comme un funambule
Pour te rejoindre
Tu m'encourages de la parole de ton coeur
Et le vent souffle et il ne reste que peu d'espace
A parcourir pour vaincre la distance
Qui nous sépare et nous lie
Indissociablement l'un dans l'autre.
Lux
I.

Temps futurs ! vision sublime !
Les peuples sont hors de l'abîme.
Le désert morne est traversé.
Après les sables, la pelouse ;
Et la terre est comme une épouse,
Et l'homme est comme un fiancé !

Dès à présent l'œil qui s'élève
Voit distinctement ce beau rêve
Qui sera le réel un jour ;
Car Dieu dénouera toute chaîne,
Car le passé s'appelle haine
Et l'avenir se nomme amour !

Dès à présent dans nos misères
Germe l'***** des peuples frères ;
Volant sur nos sombres rameaux,
Comme un frelon que l'aube éveille,
Le progrès, ténébreuse abeille,
Fait du bonheur avec nos maux.

Oh ! voyez ! la nuit se dissipe.
Sur le monde qui s'émancipe,
Oubliant Césars et Capets,
Et sur les nations nubiles,
S'ouvrent dans l'azur, immobiles,
Les vastes ailes de la paix !

Ô libre France enfin surgie !
Ô robe blanche après l'orgie !
Ô triomphe après les douleurs !
Le travail bruit dans les forges,
Le ciel rit, et les rouges-gorges
Chantent dans l'aubépine en fleurs !

La rouille mord les hallebardes.
De vos canons, de vos bombardes
Il ne reste pas un morceau
Qui soit assez grand, capitaines,
Pour qu'on puisse prendre aux fontaines
De quoi faire boire un oiseau.

Les rancunes sont effacées ;
Tous les cœurs, toutes les pensées,
Qu'anime le même dessein,
Ne font plus qu'un faisceau superbe ;
Dieu prend pour lier cette gerbe
La vieille corde du tocsin.

Au fond des cieux un point scintille.
Regardez, il grandit, il brille,
Il approche, énorme et vermeil.
Ô République universelle,
Tu n'es encor que l'étincelle,
Demain tu seras le soleil !

II.

Fêtes dans les cités, fêtes dans les campagnes !
Les cieux n'ont plus d'enfers, les lois n'ont plus de bagnes.
Où donc est l'échafaud ? ce monstre a disparu.
Tout renaît. Le bonheur de chacun est accru
De la félicité des nations entières.
Plus de soldats l'épée au poing, plus de frontières,
Plus de fisc, plus de glaive ayant forme de croix.

L'Europe en rougissant dit : - Quoi ! j'avais des rois !
Et l'Amérique dit. - Quoi ! j'avais des esclaves !
Science, art, poésie, ont dissous les entraves
De tout le genre humain. Où sont les maux soufferts ?
Les libres pieds de l'homme ont oublié les fers.
Tout l'univers n'est plus qu'une famille unie.
Le saint labeur de tous se fond en harmonie
Et la société, qui d'hymnes retentit,
Accueille avec transport l'effort du plus petit
L'ouvrage du plus humble au fond de sa chaumière
Emeut l'immense peuple heureux dans la lumière
Toute l'humanité dans sa splendide ampleur
Sent le don que lui fait le moindre travailleur ;
Ainsi les verts sapins, vainqueurs des avalanches,
Les grands chênes, remplis de feuilles et de branches,
Les vieux cèdres touffus, plus durs que le granit,
Quand la fauvette en mai vient y faire son nid,
Tressaillent dans leur force et leur hauteur superbe,
Tout joyeux qu'un oiseau leur apporte un brin d'herbe.

Radieux avenir ! essor universel !
Epanouissement de l'homme sous le ciel !

III.

Ô proscrits, hommes de l'épreuve,
Mes compagnons vaillants et doux,
Bien des fois, assis près du fleuve,
J'ai chanté ce chant parmi vous ;

Bien des fois, quand vous m'entendîtes,
Plusieurs m'ont dit : « Perds ton espoir.
Nous serions des races maudites,
Le ciel ne serait pas plus noir !

« Que veut dire cette inclémence ?
Quoi ! le juste a le châtiment !
La vertu s'étonne et commence
À regarder Dieu fixement.

« Dieu se dérobe et nous échappe.
Quoi donc ! l'iniquité prévaut !
Le crime, voyant où Dieu frappe,
Rit d'un rire impie et dévot.

« Nous ne comprenons pas ses voies.
Comment ce Dieu des nations
Fera-t-il sortir tant de joies
De tant de désolations ?

« Ses desseins nous semblent contraires
À l'espoir qui luit dans tes yeux... »
- Mais qui donc, ô proscrits, mes frères,
Comprend le grand mystérieux ?

Qui donc a traversé l'espace,
La terre, l'eau, l'air et le feu,
Et l'étendue où l'esprit passe ?
Qui donc peut dire : « J'ai vu Dieu !

« J'ai vu Jéhova ! je le nomme !
Tout à l'heure il me réchauffait.
Je sais comment il a fait l'homme,
Comment il fait tout ce qu'il fait !

« J'ai vu cette main inconnue
Qui lâche en s'ouvrant l'âpre hiver,
Et les tonnerres dans la nue,
Et les tempêtes sur la mer,

« Tendre et ployer la nuit livide ;
Mettre une âme dans l'embryon ;
Appuyer dans l'ombre du vide
Le pôle du septentrion ;

« Amener l'heure où tout arrive ;
Faire au banquet du roi fêté
Entrer la mort, ce noir convive
Qui vient sans qu'on l'ait invité ;

« Créer l'araignée et sa toile,
Peindre la fleur, mûrir le fruit,
Et, sans perdre une seule étoile,
Mener tous les astres la nuit ;

« Arrêter la vague à la rive ;
Parfumer de roses l'été ;
Verser le temps comme une eau vive
Des urnes de l'éternité ;

« D'un souffle, avec ses feux sans nombre,
Faire, dans toute sa hauteur,
Frissonner le firmament sombre
Comme la tente d'un pasteur ;

« Attacher les globes aux sphères
Par mille invisibles liens...
Toutes ces choses sont très claires.
Je sais comment il fait ! j'en viens ! »

Qui peut dire cela ? personne.
Nuit sur nos cœurs ! nuit sur nos yeux !
L'homme est un vain clairon qui sonne.
Dieu seul parle aux axes des cieux.

IV.

Ne doutons pas ! croyons ! La fin, c'est le mystère.
Attendons. Des Nérons comme de la panthère
Dieu sait briser la dent.
Dieu nous essaie, amis. Ayons foi, soyons cannes,
Et marchons. Ô désert ! s'il fait croître des palmes,
C'est dans ton sable ardent !

Parce qu'il ne fait pas son œuvre tout de suite,
Qu'il livre Rome au prêtre et Jésus au jésuite,
Et les bons au méchant,
Nous désespérerions ! de lui ! du juste immense !
Non ! non ! lui seul connaît le nom de la -semence
Qui germe dans son champ.

Ne possède-t-il pas toute la certitude ?
Dieu ne remplit-il pas ce monde, notre étude,
Du nadir au zénith ?
Notre sagesse auprès de la sienne est démence.
Et n'est-ce pas à lui que la clarté commence,
Et que l'ombre finit ?

Ne voit-il pas ramper les hydres sur leurs ventres ?
Ne regarde-t-il pas jusqu'au fond de leurs antres
Atlas et Pélion ?
Ne connaît-il pas l'heure où la cigogne émigre ?
Sait-il pas ton entrée et ta sortie, ô tigre,
Et ton antre, ô lion ?

Hirondelle, réponds, aigle à l'aile sonore,
Parle, avez-vous des nids que l'Eternel ignore ?
Ô cerf, quand l'as-tu fui ?
Renard, ne vois-tu pas ses yeux dans la broussaille ?
Loup, quand tu sens la nuit une herbe qui tressaille,
Ne dis-tu pas : c'est lui !

Puisqu'il sait tout cela, puisqu'il peut toute chose,
Que ses doigts font jaillir les effets de la cause
Comme un noyau d'un fruit,
Puisqu'il peut mettre un ver dans les pommes de l'arbre,
Et faire disperser les colonnes de marbre
Par le vent de la nuit ;

Puisqu'il bat l'océan pareil au bœuf qui beugle,
Puisqu'il est le voyant et que l'homme est l'aveugle,
Puisqu'il est le milieu,
Puisque son bras nous porte, et puisqu'à soir passage
La comète frissonne ainsi qu'en une cage
Tremble une étoupe en feu ;

Puisque l'obscure nuit le connaît, puisque l'ombre
Le voit, quand il lui plaît, sauver la nef qui sombre,
Comment douterions-nous,
Nous qui, fermes et purs, fiers dans nos agonies,
Sommes debout devant toutes les tyrannies,
Pour lui seul à genoux !

D'ailleurs, pensons. Nos jours sont des jours d'amertume,
Mais quand nous étendons les bras dans cette brume,
Nous sentons une main ;
Quand nous marchons, courbés, dans l'ombre du martyre,
Nous entendons quelqu'un derrière nous nous dire :
C'est ici le chemin.

Ô proscrits, l'avenir est aux peuples ! Paix, gloire,
Liberté, reviendront sur des chars de victoire
Aux foudroyants essieux ;
Ce crime qui triomphe est fumée et mensonge,
Voilà ce que je puis affirmer, moi qui songe
L'œil fixé sur les cieux !

Les césars sont plus fiers que les vagues marines,
Mais Dieu dit : « Je mettrai ma boucle en leurs narines,
Et dans leur bouche un mors,
Et je les traînerai, qu'on cède ou bien qu'on lutte,
Eux et leurs histrions et leurs joueurs de flûte,
Dans l'ombre où sont les morts. »

Dieu dit ; et le granit que foulait leur semelle
S'écroule, et les voilà disparus pêle-mêle
Dans leurs prospérités !
Aquilon ! aquilon ! qui viens battre nos portes,
Oh ! dis-nous, si c'est toi, souffle, qui les emportes,
Où les as-tu jetés ?

V.

Bannis ! bannis ! bannis ! c'est là la destinée.
Ce qu'apporté le flux sera dans la journée
Repris par le reflux.
Les jours mauvais fuiront sans qu'on sache leur nombre,
Et les peuples joyeux et se penchant sur l'ombre
Diront : Cela n'est plus !

Les temps heureux luiront, non pour la seule France,
Mais pour tous. On verra dans cette délivrance,
Funeste au seul passé,
Toute l'humanité chanter, de fleurs couverte,
Comme un maître qui rentre en sa maison déserte
Dont on l'avait chassé.

Les tyrans s'éteindront comme des météores.
Et, comme s'il naissait de la nuit deux aurores
Dans le même ciel bleu,
Nous vous verrous sortir de ce gouffre où nous sommes,
Mêlant vos deux rayons, fraternité des hommes,
Paternité de Dieu !

Oui, je vous le déclare, oui, je vous le répète,
Car le clairon redit ce que dit la trompette,
Tout sera paix et jour !
Liberté ! plus de serf et plus de prolétaire !
Ô sourire d'en haut ! ô du ciel pour la terre
Majestueux amour !

L'arbre saint du Progrès, autrefois chimérique,
Croîtra, couvrant l'Europe et couvrant l'Amérique,
Sur le passé détruit,
Et, laissant l'éther pur luire à travers ses branches,
Le jour, apparaîtra plein de colombes blanches,
Plein d'étoiles, la nuit.

Et nous qui serons morts, morts dans l'exil peut-être,
Martyrs saignants, pendant que les hommes, sans maître,
Vivront, plus fiers, plus beaux,
Sous ce grand arbre, amour des cieux qu'il avoisine,
Nous nous réveillerons pour baiser sa racine
Au fond de nos tombeaux !

Jersey, du 16 au 20 décembre 1853.
Le vaisseau fantôme brûle de toutes parts
Et j'essaie de trouver une issue de secours
Une écoutille
Un hublot
Un sabord
De tribord ou babord
Par où je pourrais fuir de ma geôliere
Tel un boulet de chair à canon
Des flammes qui me pourlèchent.
C'est Sycorax, mon adorable sorcière,
Qui a sonné le branle-bas de combat
Et qui souffle ses braises chaudes et tièdes
A travers ses eaux déployées comme des barreaux de voiles
Me voilà fait prisonnier
Tous les sabords sont calfeutrés
Goudronnés, parfaitement étanches
Au diable ces mantelets
J'étouffe, je me noie, je me débats
Âprement
Entre ligne d'horizon
Ligne de flottaison
Ligne d'eau
Tout se confond
Dans le feu à volonté
Qu'a décrété Sycorax.
Contraint de renoncer à la chevalerie,
Don Quichotte voulut, pour se dédommager,
Mener une plus douce vie,
Et choisit l'état de berger.
Le voilà donc qui prend panetière et houlette,
Le petit chapeau rond garni d'un ruban vert
Sous le menton faisant rosette.
Jugez de la grâce et de l'air
De ce nouveau Tircis ! Sur sa rauque musette
Il s'essaie à charmer l'écho de ces cantons,
Achète au boucher deux moutons,
Prend un roquet galeux, et, dans cet équipage,
Par l'hiver le plus froid qu'on eût vu de longtemps,
Dispersant son troupeau sur les rives du Tage,
Au milieu de la neige il chante le printemps.
Point de mal jusques là : chacun à sa manière
Est libre d'avoir du plaisir.
Mais il vint à passer une grosse vachère ;
Et le pasteur, pressé d'un amoureux désir,
Court et tombe à ses pieds : ô belle Timarette,
Dit-il, toi que l'on voit parmi tes jeunes sœurs
Comme le lis parmi les fleurs,
Cher et cruel objet de ma flamme secrète,
Abandonne un moment le soin de tes agneaux ;
Viens voir un nid de tourtereaux
Que j'ai découvert sur ce chêne.
Je veux te les donner : hélas ! C'est tout mon bien.
Ils sont blancs : leur couleur, Timarette, est la tienne ;
Mais, par malheur pour moi, leur cœur n'est pas le tien.
À ce discours, la Timarette,
Dont le vrai nom était Fanchon,
Ouvre une large bouche, et, d'un œil fixe et bête,
Contemple le vieux Céladon,
Quand un valet de ferme, amoureux de la belle,
Paraissant tout-à-coup, tombe à coups de bâton
Sur le berger tendre et fidèle,
Et vous l'étend sur le gazon.
Don Quichotte criait : arrête,
Pasteur ignorant et brutal ;
Ne sais-tu pas nos lois ? Le cœur de Timarette
Doit devenir le prix d'un combat pastoral :
Chante, et ne frappe pas. Vainement il l'implore ;
L'autre frappait toujours, et frapperait encore,
Si l'on n'était venu secourir le berger
Et l'arracher à sa furie.
Ainsi guérir d'une folie,
Bien souvent ce n'est qu'en changer.
Sous les draps de ta pyramide

On a vue en 3D sur la mangrove

Rhomboïde

De rhizomes entrelacés

À perte de vue.

Et j'essaie le sabre aux lèvres

Grâce à mon géo-radar

De me frayer un chemin dans le feu inextricable

Vers ta chambre nuptiale

D'eau enchevêtrée d'éclairs et de lave en fusion.

Sous les draps de ta pyramide

J'emprunte ta face Nord

À travers une oubliette à l'abri des regards

Des crabes et des salamandres

J'emprunte la descenderie

Et au bout du couloir

Me voici à l'antichambre

Et un sphynx exige de moi un mot de passe

Pour accéder au nec plus ultra de tes entrailles.

Et je dis : soldat du feu !

Et ce que je croyais être un simple feu de broussailles

De mangle rouge momifié

Se révèle un feu de jungle folle

Où sauterelles et criquets grésillent

Sous les flammes humides de ta chrysalide.

Et j'ouvre ma pompe et j'arrose

De mon eau de rose ton sanctuaire

De fleur de grenade inviolée

Et je comble ta faim

D'un bon mortier fait de venin de sable et de sève d'argile

Montante et descendante

Que tu dégustes en te pourléchant les lèvres.

Pour ne pas en perdre une miette.
Hugo Feb 2020
L'eau, c'est un beau milieu ; pas vrai ?
La piscine est un bel endroit pour tenter de faire le vide quand les pensées dans nos têtes nous bousculent.
Lorsque tu y entres, oh tu as quelques doux frissons qui te traversent.
Puis, ton beau corps s'habitue à la fraîche température de l'eau
Tu te mets sur le dos, tu as peur de couler mais tu restes à la surface, tout paraît si calme mais c'est une guerre menée par les forces.
Oh Newton, il essaie de te faire couler dans le fond de cette piscine.
Oh Archimède, il se bat avec Newton en essayant de te faire remonter vers le haut.
Les deux se combattent sans s'arrêter et puis aucun ne gagne, tu flottes.
some sentences in French
VII.

Une nuit, - c'est toujours la nuit dans le tombeau, -
Il s'éveilla. Luisant comme un hideux flambeau,
D'étranges visions emplissaient sa paupière ;
Des rires éclataient sous son plafond de pierre ;
Livide, il se dressa ; la vision grandit ;
Ô terreur ! une voix qu'il reconnut, lui dit :

- Réveille-toi. Moscou, Waterloo, Sainte-Hélène,
L'exil, les rois geôliers, l'Angleterre hautaine
Sur ton lit accoudée à ton dernier moment,
Sire, cela n'est rien. Voici le châtiment :

La voix alors devint âpre, amère, stridente,
Comme le noir sarcasme et l'ironie ardente ;
C'était le rire amer mordant un demi-dieu.
- Sire ! on t'a retiré de ton Panthéon bleu !
Sire ! on t'a descendu de ta haute colonne !
Regarde. Des brigands, dont l'essaim tourbillonne,
D'affreux bohémiens, des vainqueurs de charnier
Te tiennent dans leurs mains et t'ont fait prisonnier.
À ton orteil d'airain leur patte infâme touche.
Ils t'ont pris. Tu mourus, comme un astre se couche,
Napoléon le Grand, empereur ; tu renais
Bonaparte, écuyer du cirque Beauharnais.
Te voilà dans leurs rangs, on t'a, l'on te harnache.
Ils t'appellent tout haut grand homme, entre eux, ganache.
Ils traînent, sur Paris qui les voit s'étaler,
Des sabres qu'au besoin ils sauraient avaler.
Aux passants attroupés devant leur habitacle,
Ils disent, entends-les : - Empire à grand spectacle !
Le pape est engagé dans la troupe ; c'est bien,
Nous avons mieux ; le czar en est mais ce n'est rien,
Le czar n'est qu'un sergent, le pape n'est qu'un bonze
Nous avons avec nous le bonhomme de bronze !
Nous sommes les neveux du grand Napoléon ! -
Et Fould, Magnan, Rouher, Parieu caméléon,
Font rage. Ils vont montrant un sénat d'automates.
Ils ont pris de la paille au fond des casemates
Pour empailler ton aigle, ô vainqueur d'Iéna !
Il est là, mort, gisant, lui qui si haut plana,
Et du champ de bataille il tombe au champ de foire.
Sire, de ton vieux trône ils recousent la moire.
Ayant dévalisé la France au coin d'un bois,
Ils ont à leurs haillons du sang, comme tu vois,
Et dans son bénitier Sibour lave leur linge.
Toi, lion, tu les suis ; leur maître, c'est le singe.
Ton nom leur sert de lit, Napoléon premier.
On voit sur Austerlitz un peu de leur fumier.
Ta gloire est un gros vin dont leur honte se grise.
Cartouche essaie et met ta redingote grise
On quête des liards dans le petit chapeau
Pour tapis sur la table ils ont mis ton drapeau.
À cette table immonde où le grec devient riche,
Avec le paysan on boit, on joue, on triche ;
Tu te mêles, compère, à ce tripot hardi,
Et ta main qui tenait l'étendard de Lodi,
Cette main qui portait la foudre, ô Bonaparte,
Aide à piper les dés et fait sauter la carte.
Ils te forcent à boire avec eux, et Carlier
Pousse amicalement d'un coude familier
Votre majesté, sire, et Piétri dans son antre
Vous tutoie, et Maupas vous tape sur le ventre.
Faussaires, meurtriers, escrocs, forbans, voleurs,
Ils savent qu'ils auront, comme toi, des malheurs
Leur soif en attendant vide la coupe pleine
À ta santé ; Poissy trinque avec Sainte-Hélène.

Regarde ! bals, sabbats, fêtes matin et soir.
La foule au bruit qu'ils font se culbute pour voir ;
Debout sur le tréteau qu'assiège une cohue
Qui rit, bâille, applaudit, tempête, siffle, hue,
Entouré de pasquins agitant leur grelot,
- Commencer par Homère et finir par Callot !
Épopée ! épopée ! oh ! quel dernier chapitre ! -
Entre Troplong paillasse et Chaix-d'Est-Ange pitre,
Devant cette baraque, abject et vil bazar
Où Mandrin mal lavé se déguise en César,
Riant, l'affreux bandit, dans sa moustache épaisse,
Toi, spectre impérial, tu bats la grosse caisse ! -

L'horrible vision s'éteignit. L'empereur,
Désespéré, poussa dans l'ombre un cri d'horreur,
Baissant les yeux, dressant ses mains épouvantées.
Les Victoires de marbre à la porte sculptées,
Fantômes blancs debout hors du sépulcre obscur,
Se faisaient du doigt signe, et, s'appuyant au mur,
Écoutaient le titan pleurer dans les ténèbres.
Et lui, cria : « Démon aux visions funèbres,
Toi qui me suis partout, que jamais je ne vois,
Qui donc es-tu ? - Je suis ton crime », dit la voix.
La tombe alors s'emplit d'une lumière étrange
Semblable à la clarté de Dieu quand il se venge
Pareils aux mots que vit resplendir Balthazar,
Deux mots dans l'ombre écrits flamboyaient sur César ;
Bonaparte, tremblant comme un enfant sans mère,
Leva sa face pâle et lut : - DIX-HUIT BRUMAIRE !

Jersey, du 25 au 30 novembre 1852.
Vanessa Johnston Dec 2020
Promène-moi au long du fleuve
Inonde-moi à la rive
La reliure du livre,
Mainte fois épanoui comme
L'envergure d'une danseuse,
Déchirée par la pluie

Interpelle mon nom
Sur tes lèvres noyés,
et que je ne manque le chaos qui
m'attendait d'ailleurs, hier soir

Hommage d'un papillon,
Choyé par la lueur clignotante,
Un mensonge, une trahison atroce
Que quiconque n'essaie de dévorer ma démise

Je ne suis que vent, tempête, ouragan
Une bête ensorcelée,
Éternelle à la douleur

Puisse que tenace de jeunesse,
Et crise de nulle part,
Nous entrelace les mains dans la terre
Faites que je me retrouve six pieds sous la mer

Perdre sa langue,
Que sois chose plus pire
Que perdre sa voix,
Et ne plus pouvoir dormir

Toute qu'une brume
Triomphant l'aube, et
La chair de mon sang
Aussi fatal que le sifflement,
Le sifflement du vent
Tu me dis, mon Âme :
"Apprends à me connaître
Aime-moi
Tu verras
Avec moi, mon Ombre,
Tu vivras des choses jamais imaginées "
Alors je m'imagine, j'essaie
Je me mets direct au septième ciel
et je saute à la marelle
Pour rejoindre ton rivage Amour.
Je te vois animale et j'imagine ton règne
J 'imagine tes cris de Muse
Le lundi, tu es chienne, tu me miaules, tu me gazouilles et tu me bêles
Le mardi, cochonne, tu me glousses, tu me glapis et tu me piaules
Le mercredi, louve, tu me siffles, tu me beugles et tu me râles
Le jeudi, vipère, tu m'aboies, tu me hennis et tu me grondes
Le vendredi, tigresse, tu me barètes, tu me trompettes et tu me stridules,
Le samedi, chatte, tu me couines, tu me roucoules et tu me brailles
Et le dimanche, méduse, tu me chantes, sans bruit, dans le silence
Le cantique de nos retrouvailles animales.
Cassian Sep 27
Parfois, j'ai tellement peur.
J'essaie de me cacher dans ma chambre.
Recroquevillée sur moi-même, les yeux fermés.
J'essaie de me cacher de mes peurs et de ma douleur.
Le monstre ne se cache pas dans mon placard.
Il n'est pas sous mon lit.
Il est à l'intérieur de mon cerveau, caché au plus profond.
Il est le fruit de mon imagination.
Il me laisse terrifié.
La cause de tous mes cauchemars.
Un monstre qui semble bien réel.
Je perds peu à peu le fil de ma réalité.
J'ai du mal à réfléchir.
Je vais me débarrasser de mes peurs.
Avec l'eau de l'évier.

(Sometimes I get so scared.
I try to hide in my room.
Curled up, eyes closed.
I try to hide from my fears and my pain.
The monster isn't hiding in my closet.
It's not under my bed.
It's inside my brain, hidden deep inside.
He's a figment of my imagination.
It leaves me terrified.
The cause of all my nightmares.
A monster that seems very real.
I'm gradually losing touch with reality.
It's hard to think.
I'm going to get rid of my fears.
With water from the sink.)
hello poetry meet my fav languages today lol
Dans la féminité brûlante et vélaire
Des talons hauts des dimanches
De mon ingénue libertine apicale
J'essaie entre les tons montants et descendants de Carmina
De circonscrire les hauts et les bas
De l'empreinte palatale
Qui sépare la plume de l'os.
Je deviens fou phonétiquement.
Mon corps exulte entre soprano et alto.
Je ne comprends pas les mots
Mais je saisis la différence de parfum
Entre labiodentales et bilabiales
Quand en mina dans le texte de Carmina
Elle m'allaite de ses voyelles crues et consonnes de feu sourdes et sonores :

"Ce qui fait circoncire le cheval
Se trouve dans le ventre du cheval"

Je convoque alors mon sélénium et mon chrome
Lentement accumulé
D'occlusives, de fricatives, de nasales,
De continues et de vibrantes.
Je convoque la phonétique nue et la phonologie brutale
Et même le va et vient de la psychogénéalogie
Sans oublier le fantasme de Jeanne Moreau et l'onirisme d'Angélique Kidjo
Mais seuls peuvent comprendre
Dans le lait caillé
Les pouliches nées le dimanche
Les jeunes poulains nés eux-mêmes le dimanche
Et je suis né caïman un jeudi
Et je m'interroge :
" Ce qui fait circoncire le caïman
Se trouve dans le ventre du caïman ?"
NGANGO HONORÉ Nov 2021
Dieu une profondeur, une pureté, un amour vrai, limpide
On peut s'épanouir pleinement avec lui
Se lâcher dans sa Présence
Se donner sans retenu.
Il est fidèle.
Il surveille nos arrières.
Il est digne de confiance.
Faisons-le pas de l'échéance.

Le doute est normal.
On vous parle des mérites de quelqu'un que vous ne connaissez pas.
Ça pourrait bien être des fables, je vous l'accorde.
La meilleure fiction jamais inventée, tellement proche de la réalité.
Et si c'était la réalité ?
Accordez-nous le bénéfice du doute à nous Chrétiens, à ceux qui vous parlent de leur amour pour Jésus.
Arrêté de râler et de vous trouver des raisons.
On mérite  son amour , tous autant que nous sommes , Sa rédemption nous sied peu importe ce qu'on a fait ou ce qu'on n'a pas fait .

Essayez, Acceptez de risquer ce qu'il y a à risquer. 
Lancez-vous sincèrement, même pour un jour dans la voie de Dieu. 
Emprunter avec nous le chemin resserré,  la porte étroite. Et si ça ne vaut pas la peine, Si Dieu ne vous soutient pas sur cette voie, si vous ne trouvez pas la paix qu'on essaie de vous décrire, reprenez votre train-là ou vous l'avez laissé et vous pourrez nous dire avec raison, qu'on vit un conte de fée. 
Si ce n'est pas votre cas , sachez que c'est a tort que vous râler et que vous vociférer quand on vous parle de ce JÉSUS .
🙏🏽🙏🏽🙏🏽
Ma muse est un esprit inclassable,
Grouillant et bigarré, une matrone
Sans trône et sans couronne,
Provocante et tumultueuse
Hors académie
Hors norme
Haute en couleur
Sempiternellement décalée
Elle danse sa rumba folle
Et distille ses petites gâteries
Contre vents et marées
A contre-courant
Des us et des coutumes .
Et quand je dis "Moteur !"
Ma Dame ne joue pas, elle ne feint pas
Elle ne pose pas :
Mon étoile s'endort en tremblant
Lumineuse et transparente,
Et j 'essaie de la peindre telle quelle,
Imparfaite et mortelle en aquarelle
Je joue avec la quantité de l 'eau et les pigments
Mais l 'esprit fantasque de ma muse
Fait souffler le chaud et le froid.
Et pour me figurer sur ma palette
Toute sa verve satirique et pamphlétaire
J 'ai beau essayer le bleu Winsor et le rouge indien
Alterner le sienne naturel et brûlé,
L'auréoline avec un peu de garance rose,
Le bleu de cobalt avec un brun Van Dyck,
Le rouge cadmium, l 'auréoline et le vert Winsor,
L 'auréoline, le bleu de cobalt et le rouge indien,
L 'auréoline, le cramoisi d'alizarine et le vert émeraude,
Aucun de ces mélanges de base orange ne m'inonde de la transe
De la couleur chair de son esprit brut,
Métamorphose ambulante
Libre et éruptive, enragée,
Diverse et multiple, engagée
Aux limites de la bienséance et de la bien-pensance.
Et à défaut de portrait politiquement correct
Je me délecte de sa cape bleu-majorelle
Grinçante et jubilatoire
Cousue de joie, morgue et amour.
Chair est la couleur de l 'esprit brut de ma muse apatride
Quand elle dort, elle est aux anges
Et les rêves funambules forment sa cour et entonnent
En jouissant doucement leur ballet équestre.
On dit que je suis fort malade,
Ami ; j'ai déjà l'oeil terni ;
Je sens la sinistre accolade
Du squelette de l'infini.

Sitôt levé, je me recouche ;
Et je suis comme si j'avais
De la terre au fond de la bouche ;
Je trouve le souffle mauvais.

Comme une voile entrant au havre,
Je frissonne ; mes pas sont lents,
J'ai froid ; la forme du cadavre,
Morne, apparaît sous mes draps blancs.

Mes mains sont en vain réchauffées ;
Ma chair comme la neige fond ;
Je sens sur mon front des bouffées
De quelque chose de profond.

Est-ce le vent de l'ombre obscure ?
Ce vent qui sur Jésus passa !
Est-ce le grand Rien d'Épicure,
Ou le grand Tout de Spinosa ?

Les médecins s'en vont moroses ;
On parle bas autour de moi,
Et tout penche, et même les choses
Ont l'attitude de l'effroi.

Perdu ! voilà ce qu'on murmure.
Tout mon corps vacille, et je sens
Se déclouer la sombre armure
De ma raison et de mes sens.

Je vois l'immense instant suprême
Dans les ténèbres arriver.
L'astre pâle au fond du ciel blême
Dessine son vague lever.

L'heure réelle, ou décevante,
Dresse son front mystérieux.
Ne crois pas que je m'épouvante ;
J'ai toujours été curieux.

Mon âme se change en prunelle ;
Ma raison sonde Dieu voilé ;
Je tâte la porte éternelle,
Et j'essaie à la nuit ma clé.

C'est Dieu que le fossoyeur creuse ;
Mourir, c'est l'heure de savoir ;
Je dis à la mort : Vieille ouvreuse,
Je viens voir le spectacle noir.
Louve Sep 2019
I.

Je vis la nuit et rêve le jour
Et parfois je te parle quand mes idées deviennent floues
Les effluves de vin dansent et
Les étoiles n’entendent parler que de toi.
Obstinée, dans ma lancée,
Je leur chante ton sourire.
Ô D.eu, combien de fois les ais-je entendues me dire de partir ?

Mes souvenir se reflètent sur la Seine dormante
Impressionnante mais bienveillante
Il m’est même arrivée de l’entendre me répondre
Alors que mon esprit voguait sur les hauteurs
Lune, quand tu n’es pas là les étoiles chantent

II.

Lassées de m’entendre chanter,
Les étoiles sont parties
Elles m’ont laissées avec toi,
Ton souvenir dansant autour de moi,
Pendant que j’essaie de trouver mon chemin
Mais je me retourne
Vers des routes brûlantes
Mais tu me détournes
Inconsciemment
Quand je pense à l'extrême je plonge mes yeux dans l'extrême horizon de mes propres extrémités inférieures comme supérieures et j'essaie de matérialiser par des bouées les champs sémantiques des extrêmes. L'orient extrême, l'occident extrême, l'extrême couchant alias extrême ponant et l'extrême levant.

Me voici donc bien installé sur l'estran, cowboy anachronique en selle sur une vague appelée Jolly Jumper, la moitié de mes extrémités enfoncée sous mon poids dans le sable, entouré de trous de crabes et de pélicans plongeurs qui me dévisagent au **** sur cette Grande Anse du Far West Indies. Je ne vois guère que leurs traces fugitives, pattes et becs qui ricanent dans le sable mouillé . Je suis aux frontières de l' extrême. Les extrêmes sont à la mode. LES EXTRÊMES SONT TENDANCE. Le mot extrême qui s'utilisait jadis en antéposition dans ses constructions lexicales comme dans les formulations comme l'Extrême-Orient, extrême-droite, extrême-gauche, extrême-onction, s'utilise désormais en postposition comme pour en adoucir les traits, nous la retirer de l'horizon lointain, du Far West pour la rendre plus visible dans le centre extrême ou l'extrême insoumission que d'aucuns appellent de leurs vœux comme dernière extrémité pour sauver les démocraties de l'extrême-onction programmée.

Mais revenons aux sens premiers d'extrême. A travers deux proverbes :

"Aux maux extrêmes les extrêmes remèdes."

"Les extrêmes se touchent."

Extrême, dixit le Cntrl, tiré du latin extremus, superlatif de exter, en dehors. Signifiant le plus à l'extérieur, le dernier, le pire, l'extrême.

Oh je sais, tout n'est affaire que de proportion puisque, nous disent par ailleurs les arithméticiens, le produit des extrêmes est égal aux produits des moyens.

Les frontières de l'extrême reculent sans arrêt. Il y a une surenchère permanente. Plus le sport est extrême plus il attire la jeunesse, Plus le discours est extrême plus il attire le chaland.

Je suis né moi-même dans l'extrême, puisque né à EXTRA-MUROS. EN DEHORS DES MURS, EN DEHORS DU BOURG. DEWO. L'extrême extase de l'en-dehors...
Maître de boucan
Je construis mon ajoupa à flanc de montagne.
Il n 'y a cette nuit ni vent ni pluie
Dans ce pays en suspension
Entre bois, montagnes et précipices.

J'ai franchi avec toi sept rivières à gué
Escaladé les parois abruptes
Tandis que les diables faisaient grand bruit
Sortaient en miaulant et piaillant de leurs repaires
Pour aller voleter au-dessus de la mer.

Malgré leur chant d'effroi je ne désarmais pas, au contraire
C'était pour leur chair noire, douce et exquise
Que j'étais là en plein Carème
Dans cette montagne aux Diables.
Ni grives ni perroquets ni perdriques ni perdrix
Ne m'auraient fait dévier de ma chasse
Sans chiens et sans bâtons
A ce mets délicieux que sont les diablotins.

Je me voyais déjà les déloger de leurs terriers dans les falaises
Et les manger de broche en bouche
Selon les règles boucanières d'antan
Ou dans une feuille de cachibou ou de balisier
Quand tu m'as soufflé en me mordillant l'oreille
Ton envie urgente de pastrama fumé aux sarments de vigne.
Tes désirs sont des ordres
Mais comment trouver en pleine montagne aux Diables
A trois heures et quelques du matin un mouton sauvage,
Un agneau de pré-salé,
Un bélier broutant dans les vignes
Qui accepte de gaîté de coeur d'être sacrifié en holocauste
En pleine période de jeûne ?

Je me mis à prier le Révérend Père et la Vieille Dame
A qui je promis l'abstinence perpétuelle
De ces diablotins et autres cottous
Au goût de poisson
Pourvu qu'ils me fassent tomber du ciel
La divine pitance de tes ovins délicieux .

J'ai commencé à ramasser les herbes et les brindilles
Les branches de cannes sèches et les écorces de coco,
Les branches sèches de manguiers et de citronniers
Le chiendent, le *****-contra pour parfumer.
Et le silex et l'amadou pour mettre le feu.
Un peu d'alizé pour la fumée.
Et de la patience pour que le feu prenne.

Mais en lieu et place des moutons
Il se mit à pleuvoir sur notre bivouac
Une volée de cent un de ces volatiles blancs et noirs
Daciens comme Dalmatiens
Frais, séchés puis marinés aux rayons de lune
Tous volontaires et consentant à la dégustation magique
Du pastrama fumé de diablotins

Goûte-moi donc à ce vin de madère
De derrière les ******
Sans lequel je ne pars jamais en excursion
Et pardonne-moi pour le mouton
Si tu veux demain je te ferai un pastrama d'oies traditionnel
Voire un pastrama de voyelles
Marinées dans le miel, le thym, le sel
Le romarin, le laurier, le poivre et le piment
Le sel, l'ail et l'huile d'olive
La menthe, l 'oignon et le vin rouge à volonté
Ce que tu voudras, tant que tu voudras...

Mais goûte-moi ce matin avant que le jour ne se lève
Ce pastrama de diablotin fumé
Essaie et dis-moi !

Tout est affaire de goût et d'accoutumance !

Savourons ensemble le panorama et le pastrama
Savourons l'altitude de ces diablotins rôtis à la broche
Et fumés aux sarments de chiendent et *****-contra
Savourons la manne et l 'abstinence
De cette nuit étale de printemps-hiver
Au sommet de la Souphrière
Avant que conformément à ma parole
Je n'entre dans les Ordres.
Prends garde à Marchangy. La prose poétique
Est une ornière où geint le vieux Pégase étique.
Tout autant que le vers, certes, la prose a droit
À la juste cadence, au rhythme divin ; soit ;
Pourvu que, sans singer le mètre, la cadence
S'y cache et que le rhythme austère s'y condense.
La prose en vain essaie un essor assommant.
Le vers s'envole au ciel tout naturellement ;
Il monte ; il est le vers ; je ne sais quoi de frêle
Et d'éternel, qui chante et plane et bat de l'aile ;
Il se mêle, farouche et l'éclair dans les yeux,
À toutes ces lueurs du ciel mystérieux
Que l'aube frissonnante emporte dans ses voiles.
Quand même on la ferait danser jusqu'aux étoiles,
La prose, c'est toujours le sermo pedestris.
Tu crois être Ariel et tu n'es que Vestris.

Le 24 juillet 1859.
Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s'il marche à gauche ou bien à droite.
- C'est plaisir d'y passer, lorsque Mai sur ses bords,
Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors ;
L'aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d'azur,
Et le *** bouton d'or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots,
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos ;
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles,
À rendre riche en miel tout un peuple d'abeilles.
Sous la haie embaumée un mince filet d'eau
Jase et fait frissonner le verdoyant rideau
Du cresson. - Ce sentier, tel qu'il est, moi je l'aime
Plus que tous les sentiers où se trouvent de même
Une source, une haie et des fleurs ; car c'est lui,
Qui, lorsque au ciel laiteux la lune pâle a lui,
À la brèche du mur, rendez-vous solitaire
Où l'amour s'embellit des charmes du mystère,
Sous les grands châtaigniers aux bercements plaintifs,
Sans les tromper jamais, conduit mes pas furtifs.
Mon île vierge,
Mon Aura,
Ma soeur de martyre,
J'ai nuitamment interrogé les astres,
Les constellations qui gouvernent
Ton port de tête.

J'ai tenté de débroussailler les lignes et les points
Où se cristallisent les pistes
Où se terrent tes gîtes et tes raisons d'être.
Ni microscope ni télescope ni longue vue
Ni jumelles n'ont permis que je cerne
Au détour d'un arbre renversé
Dans la chair de la nuit
Le sentier astral qui mène à ta comète .

Je te croyais Cassiopée
Au-dessus des Equateurs
C'est Lynx et Pollux que tu m'es apparue
Au-dessus de la Mer Noire
Et quand, photographe à l 'affût,
J'ai cru toucher le pelage de Pollux
C'est Lynx qui a hurlé du haut des crêtes
Et fait le gros dos dans le crépuscule.

Il ne m'est resté comme proie sur la pellicule
Que le regard magique de ton oeil de lynx
Où miroitaient les flots perçants de la Mer Noire.

J'ai pensé alors que ce n'est pas le ciel qui te gouverne
Mais la mer, inlassablement
Et dans chaque port de cette Mer Noire
Je cherche encore ton auréole martyre qui cabote.

Parfois je vois ton île vierge poindre,
Souveraine,
Comme une bouteille à la mer
Au détour d'un sourire-poème
Qui flaire tel un cerf-volant multicolore
Le vent d'Est du Tout-Monde.

Et j'essaie de décrypter à distance les indices
Qui mènent inexorablement à ta tanière karmique.

— The End —