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Jeter ma gourme
Voilà ce que je voudrais faire
Et surtout la jeter avec toi
Et commettre ainsi mes premières frasques
Ou plutôt les secondes
Car j'ai oublié les premières.

Jeter sa gourme
Ce n'est pas se gourmer
Ce n'est pas un duel
C'est faire exploser sa pureté séminale
Et vouloir semer sa semence
Aux quatre vents
Mais moi ma semence telle une pivoine sauvage
Vole légère et virginale pour se blottir en toi
Te pénétrer, te fertiliser, ma méduse pélagique, à l'ombrelle bleue et rose,
Jusqu'aux derniers interstices
Accepte ma gourme, translucide et molle
Je ne la jette pas
Je te l'offre, cette efflorescence,
Je te la destine
Je te l'adresse dans tes eaux.
Je suis dans ma seconde jeunesse
Et je te prie de croire que cette gourme
Est un précipité pimenté de cheval, d'hippocampe et d'hippopotame
Même si elle n 'a rien d'un mastodonte.

Et non seulement je veux qu'elle te fertilise
Mais je veux que tu la goûtes
Et la savoure comme un bon bourgogne
Ou beaujolais nouveau
Je veux que tu t'en badigeonnes
Le corps et l'âme
Je veux que tu t'en maquilles
Les lèvres et les paupières
Et que ce fluide soit ta crème de beauté permanente.

Je veux que dans chaque café du petit matin
Une deux ou trois gouttelettes de cette gourme vienne sucrer ta journée
Et l'égayer de délicieuses bandaisons intimes
Et invisibles mais réelles
Lèche, prends, c'est de la tendresse liquide
De la chaleur liquide
De l'amour liquide
C'est ma cyprine à moi
Et comme je suis bavard et volubile
Je m'en sers pour t'écrire
En hiéroglyphes dont seule toi peut lire
Les encres sympathiques
Et je te dis :
Ma gourme t'aime maintenant
Ma douce, torride et brûlante Pelagia noctulica.

— The End —